Ils sont au total 19 membres dont deux femmes de la Cour de Répression des Infractions Economiques et Financières (CRIEF) à être installés ce jeudi 21 janvier 2022 dans leurs fonctions. Au cours de cette cérémonie d’installation, qui a eu lieu dans l’enceinte du bâtiment qui abritait le ministère des affaires étrangères et des Guinéens de l’étranger à Kaloum. Elle a été présidée par le Premier ministre, Chef du gouvernement, Mohamed Béavogui.
Dans son discours de circonstance, le président de la CRIEF créée le 02 décembre 2021, Noël Kolomou est revenu sur l’objectif de la création de cette entité chargée de la répression des crimes économiques en Guinée envers tout citoyen qui exerce une portion du pouvoir du peuple ou gère des biens publics. Il donne des explications : « Si ce devoir incombe donc naturellement à tout gestionnaire, il convient de préciser que cette Cour ne sera nullement une tribune de règlements de compte politique. Elle sera toutefois, et c’est sa vocation première, juste, impartiale et un puissant moyen de moralisation de la gestion des finances publiques. On se souviendra, que dans un passé encore récent, des voix autorisées en des occasions parfois solennelles, ont indiqué en termes chiffrés les conséquences catastrophiques du fléau de la corruption sur le niveau de vie de notre population » a-t-il rappelé.
Pour sa part, le procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et financières, Aly Touré il s’agira entre autres : « celui de sanctionner tous les bandits à col blancs qui ont spolié les biens de l’Etat, et d’autres part décourager toute personne pouvant être éventuellement candidate à la commission de ces genres d’infractions », a-t-il averti.
Mais de quelles infractions la CRIEF devrait statuer ? Aly Touré répond : « La soustraction et les détournements commis par les agents publics lorsque la valeur de la chose soustraite ou détournée est supérieure ou égale à 1 milliard GNF, la corruption des agents publics nationaux, étrangers et internationaux, l’exécution et le contrôle des marchés publics, la corruption dans le secteur privé, le détournement des prêts souscrits ou garantis par l’Etat, les infractions relatives à la Direction, l’Administration et le contrôle des établissements publics administratifs et des entreprises publiques ou semi-publiques, les délits des fonctionnaires qui ont transgressé leur incompatibilité, les vols, extorsion, abus de confiance ou escroquerie lorsque la valeur de ces infractions ou des choses faisant l’objet de ces infractions est supérieure ou égale à un milliard de GNF. Les infractions au contrôle de change, le blanchiment de capitaux et des infractions assimilées, les infractions définies par l’acte uniforme OHADA relatives aux sociétés commerciales et aux groupements d’intérêt économique, l’abus de fonction, le trafic d’influence, l’enrichissement illicite, le délit d’initié et enfin les infractions aux règlements sur les maisons des jeunes » a-t-il énuméré.
Avant de terminer son allocution, il a juré de mener à bien ce travail ‘’difficile’’ dans un pays ou la corruption et les détournements de deniers publics ont pris une ampleur extraordinaire : « Je m’engage solennellement à user de toute ma force, de toute mon intelligence et de toute mon énergie pour l’accomplissement de cette noble et exaltante mission que nous entendons mener sans état d’âme. Puisse Dieu m’en donner la santé nécessaire ».
C’est l’inspecteur général des services judiciaires, Yaya Kairaba Kaba qui les a installé dans leurs nouvelles fonctions en présence du premier ministre, il leur demande de mettre fin à l’impunité dans ce pays : « vous voilà investi d’une mission à la fois redoutable et exaltante fondée sur l’espoir désormais placé en vous par le peuple de Guinée, les nouvelles autorités du pays. Cet espoir est c’est tout d’abord celui de mettre fin à l’impunité face aux prédateurs des derniers publics. Cet espoir est aussi celui de sécuriser et veiller à l’application honnête et rigoureuse des règles et procédures financières dans notre pays… ».
Ibrahima Diallo