Le Collectif des ONG pour la défense des droits des communautés (COD-DC), à travers l’ONG A.C.O.R.D (Association des Coopérations et de Recherche pour le Développement), organisé un atelier, le lundi 17 mai 2021, dans un espace hôtelier de Conakry. Cette rencontre a connu une cinquantaine de participants venus de différents secteurs (agriculture, pêche, société civile etc.). Objectif, faire la synthèse des recommandations des pré-forums régionaux en vue de valider les points essentiels qui seront portés par les organisations professionnelles agricoles à travers une note synthèse. Un document qui sera remis par la suite au gouvernement guinéen dans le cadre d’une gestion responsable du foncier.
Selon le coordinateur dudit collectif, Amadou Bah, la Guinée a connu ces dernières années une instabilité sociopolitique due à des frustrations, provoquant souvent des conflits liés à la gestion des terres d’une part et la pression foncière accentuée par les projets de développement d’autre part. Cette question qui est devenue une véritable préoccupation des populations et des autorités doivent amener l’Etat à entreprendre des réformes dans le secteur. C’est dans ce contexte que le Collectif des ONG pour la défense des droits des communautés (COD-DC), à travers l’ONG A.C.O.R.D (Association des Coopérations et de Recherche pour le Développement), organise des activités préparatoires en faveur des acteurs de la société civile composée des coutumiers, propriétaires fonciers, organisations professionnelles, association des femmes, etc.
Pour lui, il y a suffisamment de choses à revoir dans la politique foncière guinéenne pour que le pays se dote d’un cadre juridique réglementaire et institutionnel assez performant, assez adapté aux pratiques sociales et qui soit compatible avec l’évolution de notre société
Donc pour monsieur Bah Amadou : « Ce forum est une activité qui couronne une série d’ateliers en prélude à l’organisation des consultations nationales sur le foncier. Nous avons tenu à inviter les acteurs qui interviennent dans le secteur agricole et qui utilisent le foncier pour partager avec eux les préoccupations des uns et des autres en ce qui concerne la gouvernance foncière. Aujourd’hui, nous sommes en train de boucler ces consultations et préparer un mémorandum qui va être porté en tant qu’outil de plaidoyer au niveau du gouvernement pour faire en sorte que les prochaines réformes foncières prennent en compte un certain nombre de principes, notamment celui de la prise en compte des droits coutumiers légitimes en République de Guinée », a-t-il ajouté.
De son côté, le Directeur pays de l’ONG ACORD-Guinée, monsieur Macky Bah, les présentes échanges de Conakry s’inscrivent dans un processus qui a démarré depuis 2018 à travers des initiatives locales menées au niveau de la Forêt et de la Haute Guinée dans le cadre de la prévention et de la gestion des conflits liés au domaine foncier.
Il a saisi l’occasion pour rappeler le rôle qu’a joué leur organisation dans le processus de cette reforme responsable foncière qui aura un impact très positif pour le pays en général et en particulier les couches vulnérables : « Après plusieurs rencontres, nous avons fait un constat qui révèle que les concertations n’ont pas été faites en amont, avant que nous on intervienne, par les départements techniques. Il y a un manque d’information total au niveau des collectivités et c’est là où on s’est dit qu’il faut organiser des mini foras au niveau des régions. A l’issue de cela, l’ONG ACORD-GUINEE a fait la collecte ou la récapitulation de toutes ces recommandations pour organiser ce forum d’aujourd’hui qui regroupe 50 personnes dont 40 venus des régions, soit 10 par région. L’objectif c’est de mener encore une réflexion beaucoup plus approfondie et voir, avec la réforme que l’Etat est en train d’engager, qu’est-ce que nous, en tant qu’acteurs, nous pourront contribuer dans cette réforme. Et, notre ONG assure le rôle de coordination, de facilitation et de mobilisation de tous les acteurs autour de cette initiative », a-t-il indiqué.
En plus des acteurs locaux, la rencontre a enregistré la présence des étrangers notamment monsieur Boukary Guindo, un consultant malien travaillant sur l’influence des politiques publiques agricoles pour une meilleure sécurisation foncière en milieu rural dans ce pays frère et ami de la Guinée.
Interrogé par les journalistes sur les raisons de sa venue en Guinée à l’occasion de cet atelier, il dit être présent à Conakry pour partager son expertise et son expérience dans le domaine foncier mais également les exemples de son pays avec ses frères Guinéens. Cela, en vue de permettre à ceux-ci d’acquérir des expériences et nos échecs qui sont des leçons apprises afin de pouvoir mieux faire avancer la Guinée. « Je suis là dans le cadre de la dynamique des réformes foncières qui doivent se tenir en Guinée. Donc, il sera question pour moi de partager avec les acteurs de la société civile agricole en charge de la proposition des différents textes en la matière des expériences du Mali afin d’éviter les fausses pistes. La Guinée et le Mali n’ont pas que des communautés culturelles et sociales en commun, ils ont des communautés de terre et une riche culture en matière de gestion foncière. Donc, l’expérience du Mali pourrait aider les acteurs en charge de ce dossier au niveau de la Guinée », a-t-il conclu.
Oumar M’Böh