La civilisation technicienne est porteuse de valeurs qui la fondent. Elle est génératrice de structures sociopolitiques, de réactions psychiques, de comportements individuels ou collectifs qui en sont les supports. Dès lors, c’est à prendre ou à laisser. Elle ne se prête pas à l’acceptation sous réserve.
La Démocratie qu’on vient de nous proposer, éclate à plusieurs interprétations légitimant à la fois le désordre multi partisan et l’aventure du parti unique. En cherchant à dévoiler les nouvelles facettes du destin de notre peuple, de l’âme humaine que je me propose à travers ces quelques lignes de regarder” la Guinée en face “.
Pourquoi avons-nous échoué dans la Révolution?
La Démocratie que nous vivions actuellement en République de Guinée nous réussira t –elle ? La réponse à ces questions épineuses constituera l’ossature de notre démarche qui se veut logique et transparente.
L’ère des indépendances caractérisée par le monopartisme c’était la période de la révolution, c’est- à- dire du changement. Nous ne pensons pas qu’il ait quelqu’un qui soit contre un “changement”. Cette révolution en Guinée a échoué par le fait que le Président d’alors, Feu Ahmed Sékou Touré avait usé d’un népotisme qui avait trahi ses idéaux, ses proches parents et quelques militants de son parti qu’il avait nommés étaient des obstacles à sa politique par ce que ces derniers utilisaient le pouvoir à des fins personnels (règlement de compte qui aboutit à l’élimination des élites du moment, l’enrichissement, la stigmatisation,…) et n’appliquaient pas la politique mise en place soit par manque d’instruction, soit par le laxisme.
Le président Ahmed Sékou Touré n’a réussi par ce que son pouvoir centralisé constituait une restriction des libertés individuelles, collectives et des droits les plus élémentaires (liberté d’expression, circulation…) cette attitude a ralenti pour ne pas dire stopper l’élan des intellectuels qui ne disposaient désormais plus de prédispositions à réfléchir.
Cependant, il était traité de sanguinaire, de dictateur. Ces comportements n’étaient-ils pas dus à l’agissement de certains cadres qui avaient pour souci majeur de déstabiliser le régime d’alors et de paralyser par inertie les efforts les plus généraux de l’impérialisme ? Le livre du professeur Sidiki Kobelé keita (y a t-il eu complot en Guinée ?), est un témoin éloquent. Il est vrai que Sékou Touré a été un grand édificateur. Un génie qui savait mettre les structures dirigées vers le développement endogène.
Conscient que l’indépendance économique est le garant de l’indépendance politique, il a créé des brigades agricoles et implanté des unités industrielles à travers des plans de développement triennal, quinquennal et septennal (BAP, BMP, FAPA,…) ; il n’a pas épargné les structures culturelles (les ballets nationaux orchestres nationaux, l’ensemble instrumental, les Amazones, le sport -Hafia FC…) qui constituent notre fierté d’aujourd’hui.
Tout africain reconnaît qu’il a été un grand unificateur et un panafricaniste. Il reste le père de l’indépendance guinéenne. Le bilan de la révolution a certes été négatif, mais quand sera-t-il avec la démocratie multipartite que nous vivons maintenant ? Le peuple guinéen dans l’ère des révolutions abusait des discours lénifiants et imposteurs, peut-il attendre de sa liberté formellement retrouvée avec la démocratie multipartite ? Le président Lansana Conté, au lendemain du 03 Avril 1984, a très vite nourri l’ambition de voir la Guinée se développer.
Issu d’un régime militaire, il s’est prononcé bien avant que ce vent de démocratie ne souffle en Afrique pour une décentralisation du pouvoir et l’installation des institutions démocratiques. Il a contrairement à son prédécesseur, ouvert le pays aux bailleurs étrangers, responsabiliser ses cadres et opter pour un libéralisme économique qui a vite échoué en pensant que la privatisation est une panacée. Ce qui à conduit le pays à la fermeture de ses unités industrielles. Ça plutôt permis à la mise en place d’une certaine bourgeoisie nationale essentiellement composée des cadres de l’administration publique. il s’est beaucoup investit dans le maintien de la paix dans la sous-région (CEDEAO, ECOMOG, UA,…)
Mais ne dirons pas un jour en Guinée. “A bas la démocratie” comme on l’a fait pour la révolution avec l’allure qu’elle y a prise ? Nous pouvons présager cela en analysant l’attitude de certains cadres et des différents acteurs politiques, syndicaux et certains acteurs de la société civile. Le laxisme, l’impunité, l’ethnocentrisme, le régionalisme bref, le manque de patriotisme auquel se livrent certains cadres guinéens risquent fort malheureusement d’anéantir l’effort et la volonté de décollage de notre pays car, comme le disait René Lenoir “il n’y a pas de bonne gestion publique sans de bons ouvriers pour la mettre en œuvre “.
Le Président quelque soit son abnégation, son ambition, quelque soit le changement d’hommes par d’autres, ne réussira pas sa politique si les cadres qui ont pour charge de faire tourner la machine ne s’acquittent pas honorablement de cette tâche. C’est pourquoi avec l’avènement de la 3ème République sous la direction du professeur Alpha Condé, qui se différencie de ses prédécesseurs par sa vision de faire la Guinée un pays émergent et retourner le pays dans le concert des nations à travers son slogan “Guinée Is back”. Rien de tout cela ne sera possible si on ne fait pas un front sacré d’unité.
L’ambition qu’il nourrit, c’est de transformer nos potentialités agricoles, minières, énergétiques, humaines pour faire de la Guinée, un pays qui avance. Mais, n’oublions pas que le problème guinéen a une solution guinéenne. Pour se développer, il faut avoir la volonté de se développer.
Il faut donc, que les cadres fassent preuve de rigueur dans le travail et dans la gestion. Mais, nous voudrions savoir, pourquoi les guinéens ont honte de parler de leur passé.
Ibrahima ‘’Docta’’ Yattara analyste politique, Directeur Communal de l’Education de Kaloum (DCE)