Les membres du cadre de concertation multi-acteurs de Mamou sur le foncier ont échangé ce mardi 29 janvier 2020, sur les questions liées à la gouvernance foncière. Objectif, est de trouver des initiatives sur lesquelles sera construite une recherche action en termes de capitalisation de bonnes pratiques auprès des organisations paysannes.
La rencontre a eu lieu dans la salle de conférence de l’Hôtel de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry. Elle a connu la présence des membres de la plate forme multi-acteurs de Mamou et des experts venus du Mali et du Sénégal qui ont partagé leurs expériences sur cette question.
Selon le Directeur pays de l’Association de Coopération et de Recherche pour le Développement (ACORD) en Guinée, Macki Bah : « La Guinée comme de nombreux autres pays de la région de l’Afrique de l’Ouest est confrontée à des problèmes multiples dans le cadre de la gouvernance foncière. Le problème de gestion du foncier en Guinée, particulièrement en milieu rural est complexe du fait de la tenure foncière traditionnelle pratiquée par les différentes communautés rurales. La terre au niveau rural est une ressource naturelle convoitée par l’ensemble des acteurs locaux et les divers investisseurs nationaux et internationaux », a-t-il rappelé.
Macki Bah a saisi l’occasion pour donner quelques résultats enregistrés par le projet dont pilote son organisation ACORD depuis son lancement en 2018 en Guinée avant d’évoqué leurs attentes : « nous avons organisé des ateliers qui ont regroupé 80 participants venus de toutes les localités au niveau national et des départements techniques concernés ainsi que le secteur privé pour discuter sur le niveau d’évolution questions foncières au niveau national. Nous cherchons une refonte foncière en Guinée, parce que le code foncier domanial mérite d’être évalué et revus pour prendre en compte cette dimension de sécurisation foncière qui a été occultée dès au départ », a-t-il justifié.
L’organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), en partenariat avec les autorités guinéennes et avec la facilitation d’ACORD Guinée, propose d’accompagner les acteurs guinéens pour le renforcement de leurs capacités sur les directives volontiers. C’est dans ce cadre que la FAO a dépêché en Guinée, le professeur Ibrahima Diallo qui est expert foncier. Pour lui : « ce projet appelé gouvernance foncière pour une prospérité partagée vise a protégé le fleuve Sénégal qui est aujourd’hui menacé compte tenu de plusieurs agressions. Raison pour laquelle pour assurer la sécurité alimentaire, nous accompagnons les Etats et plus particulièrement l’OMVS pour qu’il ait une politique foncière accessible plus transparente pour que la terre soit disponible au bénéfice des populations locales ».
Au cours de cette rencontre, certains participants ont exprimé les difficultés rencontrées sur le terrain par rapport aux modes d’accès aux terres agricoles. C’est le cas de Madame Barry Aminata Sada productrice agricole à l’Union des groupements agricoles de Soumbalako : « la gouvernance foncière est une question qui nous préoccupe, parce que l’accès à la terre aujourd’hui est devenu très difficile. La terre s’obtient par location et non par don et pour accéder il faut avoir beaucoup d’argent. Même par rapport à cette location, les conventions ne sont plus respectées avec les coutumiers. Au sortir de cette réunion, nous allons vulgariser ces nouvelles connaissances à l’intérieur pour qu’il ait une prise de conscience des populations ; mais en attendant nous demandons au gouvernement de vulgariser les textes liés à ce domaine », a-t-elle souligné.
La Préfecture de Faranah a été citée comme un modèle dans le domaine d’octroi de terres. Le chef section préfectoral des ressources foncières rurales de la direction de cette préfecture, Ansoumane Oularé parle de leurs secrets : « D’abord, c’est de respecter les coutumes, les mœurs et la dignité humaine. Ensuite, être impartiale dans les conflits domaniaux quant on est médiateur », a-t-il tranché.
Il appartient aux acteurs du Bassin du fleuve Sénégal Guinéens, Maliens, Sénégalais et Mauritaniens de construire juridiquement leur espace dans un climat apaisé.
Oumar M’Böh pour lavoixdupeuple.info
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