Le lundi 29 juillet 2024 dans la salle de l’hémicycle du Palais du Peuple, les conseillers nationaux du Conseil National de la Transition (CNT) ont présenté l’avant-proposition de la nouvelle constitution.
Après cette présentation, plusieurs leaders politiques ont donné leurs avis par rapport à cette nouvelle Constitution que les guinéens attendent depuis plus d’une année.
C’est le cas du président du parti de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), Barry Hamidou, également président du parti citoyen pour la défense de l’intérêt collectif (PCDIC).
Interrogé par notre reporter, il a rappelé les efforts qu’ils ont fourni au côté du CNRD pour un retour à l’ordre constitutionnel. Selon lui : « Depuis le 5 septembre 2021, nous avons été de ces leaders-là qui se sont approchés du CNRD pour continuer à travers les propositions concrètes pour aider ce pays à aller vers le retour à l’ordre constitutionnel. Courant 2023, on a mis une alliance en place l’ANC, dont j’ai eu l’honneur de présider, pour continuer toujours à nous battre à travers la table de dialogue pour continuer à marquer notre présence, mais aussi à contribuer à travers nos propositions concrètes pour faciliter le processus de démocratisation de notre pays à travers le retour à l’ordre constitutionnel ».
Il a par ailleurs, fait remarquer que les conseillers nationaux qui représentent le peuple par rapport à la proposition des lois annoncent l’instauration de la candidature indépendante au niveau des élections nationales. Mais pour lui : « Aujourd’hui, ils veulent nous envoyer la mise en place de la candidature indépendante au niveau des élections nationales qui seront sanctionnées par les signatures à travers les parrainages, chose que, je déplore. Il y a aussi un autre élément important qu’il faut notifier, lorsqu’on dit, qu’on vous propose une constitution qui ne sera susceptible d’avoir une modification qu’après 30 ans, c’est tout à fait anti juridique, de mon point de vue. Le troisième élément très important que les gens n’ont pas pu revoir, il y a aucune disposition de cette proposition de projet de constitution qui parle qu’en cas de vacance de pouvoir quel est l’organe ou celui qui doit prendre la relève en cas de vacance de pouvoir. Je pense que ces éléments sont très importants à mes yeux » a-t-il ajouté.
Plus loin, le président de l’ANC ajoute ceci : « Par rapport au parrainage dont je m’oppose catégoriquement et formellement, parce que ça ne sert à rien de se battre à travers les entités politiques dont nous subissons aujourd’hui le contrôle du MATD pour savoir, tel parti fonctionne normalement ou pas. On vous demande de produire les justifications de toutes vos activités. Donc, nous sommes dans ça, et à côté, qu’on permette à quelqu’un qui viendrait de nulle part, pour venir sous prétexte d’avoir été parrainé par quelqu’un, je ne sais par qui, pour acter sa candidature pour prétendre diriger ce pays. Le risque serait gravissime et énorme” a-t-il déploré.
En appuyant son argument, il a dit que : “Dans les années passées, il y a eu un tel cas en Colombie, où un Narco trafiquant s’est érigé en acteur politique pour se faire élire à l’Assemblée Nationale, et cela a causé d’énormes conséquences dans l’histoire de ce pays. Pour éviter un tel évènement malheureux, nous estimons que, pour les élections nationales, les législatives et présidentielle, cela doit être fait exclusivement aux acteurs politiques. Tous ceux-là qui voudraient candidater par rapport à ça, que ces personnes se portent le droit, parce que la loi guinéenne autorise les guinéens à se constituer en parti politique pour travailler à se faire connaître à travers le pays pour acter leur candidature. Nous leur invitons de venir à travers les structures politiques pour faire leur acte de candidature, cela est extrêmement important. Sinon demain, on risque d’avoir un terroriste ou un narcotrafiquant député ou Président de la République. Je ne le souhaite pas, c’est pourquoi, il faut éviter cela” a-t-il souligné.
Pour lui, le nombre et la durée du mandat du Président, la modification de cette constitution qui conduirait à un éventuel glissement vers un autre mandat, doivent être les intangibilités qu’ils doivent fermer à tout point de vue, à tout lieu, à n’importe lequel qui serait élu Président ne pourrait faire modifier ces dispositions.
Selon lui : « Lorsque ces dispositions sont fermées qu’on appelle en terme juridique l’intangibilité constitutionnelle, ce qui concerne une révision sur le code du travail, n’importe quelle disposition de la constitution qui n’incombe pas. Nous ne voyons pas de problème par rapport à ça, parce que ce sont les hommes qui établissent les lois, et au fur et à mesure que la vie évolue et nous sentons qu’il y a imperfection de ce qu’on a fait hier, nous sommes appelés à revenir pour perfectionner pour aller de l’avant. Je pense que cette durée de 30 ans n’aura pas sa raison d’être au niveau de cette constitution pour une éventuelle révision ».
Et que, la constitution américaine qui date de près de deux siècles a connu 25 amendements. « Mais elle n’a jamais été modifiée par rapport aux intangibilités. Si nous voulons une constitution qui nous ressemble et qui nous rassemble, nous devons travailler en nous rassurant à proposer quelque chose solide avec les attentes des populations guinéennes pour nous permettre de reconnaître ou de faire reconnaître les contenus de la nouvelle constitution aux préoccupations de la population ».
En ce qui concerne, le cas du Sénat, Hamidou Barry a donné son point de vue en disant que : « Certes, ailleurs, le Sénat et les députés sont élus au même moment, mais ici, c’est un Sénat qui est nommé par le Président de la République. Nous attendons de voir la loi organique qui établira l’organisation et le fonctionnement du Sénat, pour savoir quel angle ou quelle critique nous allons faire par rapport à l’organisation et le fonctionnement de cette structure ».
Pour finir, le président de l’ANC a lancé un message pressant au président du CNT, Dr Dansa Kourouma. « Je lui demande de travailler à inclure les griefs, même s’il n’est pas d’accord avec ce que nous disons. Nous ne le disons pas pour lui plaire, mais qu’il sache que nous sommes là pour défendre l’intérêt général. Nous allons leur dire pour que demain, l’histoire retienne qu’on était là et qu’on s’est battu pour que les choses aillent au bon sens. Les candidatures indépendantes ne sont pas les bienvenues au niveau de la classe politique guinéenne, dans sa plus grande globalité », conclut-il.
Abou Camara pour www.lavoixdupeuple.info