La politique ne se fait pas avec le cœur, mais la raison. Tout comme, c’est le terrain qui commande et ce sont les électeurs qui sont Roi.
Depuis qu’il s’est lancé en politique, Cellou s’est imposé comme l’élu des Guinéens, a fait de l’UFDG, avant lui, une coquille vide, la première force politique du pays. Aussi bien en Guinée qu’à l’étranger, personne ne le conteste. Même si, on le prive de la Présidence de la République qui lui est chaque fois dérobée par le hold-up électoral qu’il encaisse stoïquement, plus préoccupé par le sort de son pays que de son triomphe personnel et égoïste. La Guinée s’est ainsi retrouvée partagée entre lui qui a le pays légitime et les usurpateurs, se contentant du pays légal.
Sur la scène politique aussi, malgré ses performances historiques, nettement au-dessus des autres, on voudrait lui dénier sa place acquise de haute lutte, en voulant le reléguer toutes les fois à jouer les seconds rôles, derrière des menus fretins, des leaders prétentieux de partis qui n’existent que sur le papier.
De même qu’il accepte l’injustice et la violence de la spoliation de ses victoires pour épargner à la Guinée d’être à feu et à sang, il se résigne à subir les desiderata infondés et foutaises répétées de ses pairs de l’opposition afin de donner l’image d’une classe politique responsable et d’une opposition capable de parler d’une même voix, face à l’essentiel.
Cellou s’est toujours effacé au profit des autres n’ayant pas d’égo prononcé ni ambition d’affirmation personnelle comme ses adversaires et rivaux. L’UFDG aussi a toujours été dans l’esprit de céder pour les autres afin d’unir et rassembler.
En retour, Cellou est contesté dans sa légitimité et son parti est réduit à un parti comme un autre. Si lui, n’a pas de complexe de supériorité, les autres, eux, vivent dans le déni. Il n’a pas besoin d’un titre, d’une fonction pour établir qu’il est le premier leader politique du pays, l’UFDG, non plus, n’a pas besoin d’être dans une coalition ou de la bienveillance d’un quelconque leader pour convaincre de sa suprématie qui, à chaque élection, est confirmée.
Aujourd’hui, Cellou et l’UFDG sont considérés en Guinée où il y a lui et les autres comme la seule alternative d’alternance. Pour la communauté internationale aussi, c’est l’interlocuteur légitime et incontournable de l’échiquier politique guinéen. Il n’a donc plus rien à prouver et ne gagne rien à être le porte-parole des coalitions d’opposition, si ce n’est comme il l’a toujours fait, servir les autres et mener un combat difficile pour le salut de tous, y compris de ses ennemis irréductibles, aveuglés par leurs passions, agacés par son hégémonie politique et électorale jamais démentie.
Attention à ne pas donner raison à ceux qui pensent que le handicap de Cellou a toujours été de croire en chacun et de faire avec tout le monde. Plutôt que de rechercher l’unité forcée avec ses pairs, l’heure est venue pour lui, d’assumer son destin singulier.
Et, si c’était le chemin de la victoire annoncée et sans cesse reportée et maintes fois volée à lui ?
Habib Marouane Camara, éditorialiste, lerevelerateur224.com