La Guinée Conakry est en train de perdre de nombreux avantages dans plusieurs secteurs. Cela à cause de non application des textes de lois votées par l’Assemblée nationale et promulguées par le Président de la République. Ces manquements ont été révélés récemment par des responsables de certains de secteurs d’activités. C’était à l’occasion des consultations nationales initiées par le Comité National du Rassemblement et pour le Développement (CNRD), à sa tête le Colonel Mamadi Doumbouya, Président de la République, Chef de l’Etat. Des rencontres qui se sont déroulées à l’Hémicycle du Palais du Peuple à Conakry. Parmi ces secteurs, figurent en bonne place ceux d’assurance, de réassurance, des grandes compagnies, mais aussi des usines. Il a été dit que si les autorités d’alors avaient appliqué les textes de lois, le pays pourrait engranger assez de fonds. Des fonds qui allaient être orientés dans les secteurs de l’Éducation, de la Santé, de l’Agriculture etc.
C’est pour cette raison que le secrétaire général de l’Association Professionnelle des Courtiers d’Assurance et de Réassurance en Guinée, Ahmed Sékou Condé a demandé aux nouvelles autorités, d’inverser cette tendance en procédant dans les meilleurs délais : « à la mise en application intégrale et effective du code des assurances en vigueur en République de Guinée notamment la Loi L034 2016/AN portant code des assurances en République de Guinée; l’annulation systématique de toutes les dérogations illégales accordées à certaines sociétés évoluant en Guinée. Car, l’application correcte de cette disposition dans le secteur d’assurance transport pourrait produire plus de Trois Cent Milliards de Francs Guinéens (300 000 000 000 GNF) par an. Un montant qui est payé à l’international par ce que cette disposition n’est pas appliquée dans notre pays. Nous sollicitons également la mise en place du Conseil National des Assurances, c’est prévu par la loi. C’est un organe qui doit faire l’arbitrage entre les institutions d’assurance, les assurés et les compagnies d’assurance pour régler et surveiller systématiquement toutes les opérations. L’industrie du secteur des assurances en République de Guinée produit plus de cinq mille milliards de francs guinéens si et seulement si la Loi L034 2016/AN portant code des assurances en République de Guinée est appliquée dans toute sa rigueur » a-t-il recommandé.
Pour sa part, le Directeur Général de LANALA ASSURANCE Bernard Gomou est revenu sur les différents modes opératoires utilisés par certains dans le cadre de la corruption et du blanchiment d’argent. Il a également donné quelques pistes de solutions pour freiner ces fléaux.
Il s’explique : « nous parlons de la Corruption en République de Guinée aujourd’hui. Il faut reconnaître que la plupart de cette corruption échappe aux circuits bancaires parce que quand vous avez de l’argent à la banque, il y a un contrôle et des questions relatives à la provenance de ces fonds au niveau des banques. Donc, je peux dire que tout argent qui est détourné se retrouve au marché parallèle et il y a la fuite des capitaux à ce niveau. Car, quelqu’un peut déposer une mallette d’argent au marché parallèle ici en Guinée et se retrouver hors du pays pour récupérer cette mallette d’argent sans aucun frais et sans taxes c’est ça la réalité », a-t-il souligné.
C’est pourquoi, ajoute-t-il : « dans certains pays de la sous région certaines constructions appartiennent à des Guinéens. Cela est dû à cette facilité de transfert d’argent vers ces pays, cette facilité de monnayer le franc guinéen à une monnaie étrangère pour pouvoir effectuer le transfert. Même ici en Guinée, il ya des immeubles et des villas qui poussent un peu partout et qui ne sont pas assurés. Nous avons mené des démarches auprès du Ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat leur demandant de nous fournir tout permis de construction à partir de R+2 afin que le ou les propriétaires puissent aller s’assurer auprès d’un assureur, mais nous n’avons pas eu gain de cause. Pour éviter le liquide dans le marché, nous sollicitons à ce que toutes les transactions au niveau des Usines de tôles, de ciments, du fer se fassent par des banques pour une réduction de la corruption » a-t-il suggéré.
Parlant d’un autre manque à gagner de la Guinée contrairement à certains pays, Bernard Gomou dira que : « Toutes les grandes sociétés minières évoluant en République de Guinée ont leurs assureurs à l’extérieur. Pourtant si l’assurance est locale, l’Etat reçoit 12% de tous les contrats d’assurance qui sont reversés dans ses comptes. La raison évoquée par ces grandes compagnies est de dire que les sociétés d’assurances locales n’ont pas les compétences requises pour le faire. Donc, elles ne peuvent pas assurer ces grandes compagnies. C’est faux, a-t-il démenti. Et Bernard Gomou est formel : « Nous avons des compétences pour assurer tous les investissements qui se font en Guinée. Et avoir une société d’assurance locale sur des gros investissements venant de l’extérieur est un moyen de lutte contre la corruption et la fuite des capitaux », a-t-il conclu.
Oumar M’Böh