Procès de l’agression mortelle de Mamoudou Barry à Canteleu : l’ombre d’un crime raciste

Mamoudou Barry, un universitaire en droit guinéen, a été tué à Canteleu (Seine-Maritime) le 19 juillet 2019, soir de la finale de la coupe d'Afrique des nations. Le suspect, Damien Aktas, doit être jugé par la cour criminelle de Rouen pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner » du 14 au 16 septembre.

Sa mort est-elle d’abord une attaque raciste ? Trois ans après le décès de l’universitaire guinéen Mamoudou Barry, l’agresseur est jugé à partir de ce 14 septembre, jusqu’au 16, par la cour criminelle de Rouen (Seine-Maritime) pour « coups mortels ». Il s’agit d’une juridiction d’exception créée en 2019, composée de cinq magistrats professionnels, et non d’un jury populaire.

Le 19 juillet 2019, la Coupe d’Afrique des nations oppose le Sénégal à l’Algérie. Ce même soir, Mamoudou Barry, un enseignant en droit à l’université de Rouen, âgé de 31 ans, rentre chez lui avec son épouse, Fatoumata Barry, qu’il est venu chercher à un arrêt de bus à Canteleu. C’est alors qu’un jeune franco-turc, supporter de l’équipe algérienne, Damien Aktas, les alpague. Mamoudou Barry tente de le calmer mais l’homme lui assène plusieurs coups violents sur la tête. Au cinquième coup, il ne se relève pas. Plongé dans un coma artificiel et transporté au CHU de Rouen, Mamoudou Barry décède le lendemain.

Damien Aktas, 30 ans, est interpellé trois jours après les faits, dans un hôtel de Sotteville-lès-Rouen, grâce au témoignage de Fatoumata Barry et aux images de la vidéosurveillance. Les policiers apprennent alors que l’homme est déjà connu pour des faits de violences, en particulier sur sa compagne et que son casier judiciaire compte trois condamnations.

RESPONSABILITÉ PÉNALE

À l’issue sa garde à vue, au cours de laquelle il a reconnu les faits, Damien Aktas a été placé en unité psychiatrique. Diagnostiqué schizophrène, il se serait trouvé en rupture de traitement ce soir-là et vivait sous curatelle renforcée. Les magistrats instructeurs ont donc cherché à savoir s’il était en pleine possession de ses moyens quand il s’en est pris à Mamoudou Barry. Après plusieurs expertises psychiatriques, la juge de Rouen a estimé le 2 mai dernier que sa responsabilité pénale pouvait être engagée. Une grande « avancée », pour son frère Mamadou Barry. « On n’était pas sûr d’obtenir le jugement, c’était pas gagné. Aujourd’hui, on est réconforté, de savoir qu’il va y avoir un procès, c’est un soulagement mais maintenant on attend de voir comment ça va être jugé », avait-il déclaré à France Bleu Normandie.

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Damien Aktas ne sera cependant pas jugé pour « meurtre » mais pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Sa peine pourrait être alourdie à 20 ans si le caractère raciste de l’acte est finalement retenu par le jury. Fatoumata Barry a toujours raconté que Damien Aktas avait proféré des injures racistes contre son mari, comme « sale noir » ou « vous les Noirs, vous êtes des fils de pute, on va vous niquer vos races ». « Pour moi, les autorités françaises et la justice devraient faire quelque chose. On est au XXIe siècle, c’est inacceptable. C’est une honte pour un être humain de se croire supérieur à son prochain. Tout ce que je peux dire : levons-nous toutes et tous contre cela. Le racisme doit s’arrêter », avait-elle affirmé à France 3 en juillet 2021. Chaque année depuis le drame, ils sont plusieurs dizaines à manifester à Rouen afin de rendre hommage à Mamoudou Barry.
Source: www.marianne.net

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