Les 17 et 18 mars dernier ils étaient une trentaine cinq participants dont 30 femmes, à prendre part à l’atelier de renforcement des capacités des femmes rurales de Guinée. La rencontre a eu lieu dans la préfecture de Coyah (Grand Conakry) à l’hôtel « maison blanche ». C’est une initiative régionale de la COPAGEN et qui est organisée par ACORD et la CNOPG en collaboration avec Inter-pares mondialiser l’égalité et Affaires mondiales Canada. IL s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du projet ‘’Egalité des genres par l’agroécologie menée par les femmes en Afrique de l’Ouest (EGALE-AO)’’ et vise à contribuer à l’amélioration de l’égalité des genres dans les zones rurales pauvres des pays ouest-africains, au moyen de l’agroécologie.
Au terme de ces deux jours d’intenses travaux, les participants et participantes se sont réjouis de la qualité du thème choisi qui est le ‘’plaidoyer’’ mais aussi de la formatrice Madame Mariamé Ouatara, consultante /formatrice en plaidoyer venue du Burkina Faso. Venus des différentes régions de la Guinée, ces bénéficiaires se sont exprimés à tour de rôle et se sont engagés à démultiplier les enseignements reçus à leurs collègues afin d’être plus efficaces sur le terrain pour atteindre leurs objectifs.
Lisez leurs différents témoignages !!!
Ibrahima Kalil Condé, président du cadre de concertation sur le foncier de la Haute Guinée a exprimé ses sentiments et se dit prêt être capable de défendre toute une région : « assister à cet atelier est pour moi un grand plaisir parce que je suis le président du cadre de concertation de ma région et si moi je participe aujourd’hui à un atelier qui avait pour thématique plaidoyer sur le foncier. Ça ne fait que renforcer non seulement ma capacité à bien défendre toute une région mais aussi à former, initier et à faire les activités de plaidoyer comme ça se doit. Ce que je recommande à la population paysanne c’est de s’émanciper, de se réveiller et de prendre en mains leur destin et mettre en valeur ce que nous avons appris ici » a-t-il souhaité.
Selon Aminata Sada Diallo, productrice agricole résidente à dans la préfecture de Mamou, cet atelier a permis de comprendre les techniques et méthodes de plaidoyer : « j’ai appris beaucoup de choses. Premièrement, les techniques de plaidoyer et puis les méthodes de suivi et évaluation et autres choses. Une fois à Mamou, c’est mon devoir de faire la restitution auprès des paysans qui sont à côté de moi pour leur faire comprendre ce qui s’est passé durant cet atelier. Je suis outillé sur les techniques et méthodes de plaidoyer pour affronter les propriétaires terriens » assure-t-elle.
Quant à Daouda Camara du CNOPG, il est revenu sur le constat amère des femmes en matière d’accès à la terre en Guinée et particulièrement dans la préfecture de Dubréka : « Nous avons participé à cette formation sur le plaidoyer autour d’une thématique qui a une importance capitale, c’est à dire accès des femmes rurales à la terre et de façon sécurisée. Nous avons constaté qu’au niveau de la Guinée tout en entière et particulièrement à Dubréka, ce phénomène est très envahissant. Les femmes n’ont pas accès à la terre ce qui fait qu’elles ne peuvent pas participer de façon active aux activités de production maraîchères comme avant. De nos jours, il paraît que toutes les terres sont bazardées ou revendues aux grands argentiers de sorte que les femmes n’ont plus leur place dans l’agriculture péri-urbaine. Donc nous avons participé à cette formation organisée par ACORD. ACORD nous a donné cette opportunité de connaître d’abord le plaidoyer. Qu’est-ce que le plaidoyer ? C’est les étapes par lesquelles il faut passer pour faire un plaidoyer pour permettre aux femmes d’être considérées comme avant parce qu’il faut reconnaître présentement que les femmes souffrent et la majeure partie de leur effectif se trouve dans le petit commerce qui est moins rentable. A cet effet, si nous avons eu la chance de recevoir cette formation, nous aussi nous allons faire la restitution au niveau de nos collègues et nos structures membres de la CNOPG afin que vraiment les décideurs, les autorités et les leaders d’opinion puissent prendre en considération ce problème qui est devenu très très contraignant au niveau des femmes » a-t-il espéré.
Pour Mariama Siré Soumah, représentante des groupements vivriers de Sègna qui est membre de la fédération des vivrières salicultures de Fria, elle souhaite élargir l’information dans la commune urbaine et aussi dans les communes rurales pour aider les femmes à avoir accès au foncier sécurisé : « au cours de la formation, j’ai appris quel est l’importance du plaidoyer dans l’organisation et les éléments qui faut pour faire un bon plaidoyer. D’abord, pour faire le plaidoyer il faut connaître les cibles, c’est-à -dire les décideurs et connaître les le niveau d’intervention de chacun d’eux. Pour aller aussi vers les décideurs il faut vraiment avoir des données utiles et faire passer bien le message pour que les décideurs puissent prendre en compte votre procuration. Une fois à Fria, je ferai la restitution au niveau de l’organisation et je veux encore élargir l’information auprès d’autres femmes soit dans la commune urbaine ou dans les communes rurales pour aider les femmes aussi à avoir accès au foncier sécurisé », a-t-elle promis.
De son côté, Moïse Koivogui, relais agro écologiste de la Guinée Forestière se sent ému après cet atelier de deux jours. Il demande à nos mamans de se constituer en des groupements pour défendre leurs intérêts pendant cette transition : « je suis très émue. J’ignorais quel est le plaidoyer du foncier en faveur de nos femmes rurales. Vu les perspectives que nous avons échangées pendant ces deux jours, je me suis rendu compte qu’il y a des personnes dynamiques et influentes qui peuvent vraiment résoudre le problème. Vous ne pouvez pas imaginer précisément depuis quelques années, les gens ont envie de faire vraiment quelque chose à l’endroit des femmes. Puisque les femmes elles-mêmes ont envie mais nos coutumes et nos religions les poussent à douter et après cet échange, je me suis rendu compte que l’heure n’est plus à douter mais lever la voix pour pouvoir changer leur vie. Comme nous sommes en période de transition, c’est des moments opportuns. A mon retour, je dirai à nos mamans de se lever dès maintenant pour se constituer en groupements afin de pouvoir décider leur sort parce que même dans les lieux de prise de décisions les femmes sont toujours écartées. Arriver, je vais restituer et je serai toujours à leur côté ».
Abordant dans le même sens que son prédécesseur, Marié Soumah, Secrétaire des maraîchères de Coyah a apprécié la qualité de la formation. Au cours de cet atelier, elle a compris que la femme a droit à la terre : « je suis très satisfaite. Ça été une formation de qualité, la formatrice était à la hauteur. Au retour parce que nous sommes délégués par nos différents groupements, donc je commencerai à faire la restitution et à travers cette formation j’ai compris qu’à travers le plaidoyer on peut changer la mentalité des propriétaires terriens. Avant, eux, qui pensaient que la femme n’a pas accès à la terre, maintenant après la formation j’ai compris que la femme a droit à la sécurité de la terre. Après la restitution, nous pourrons aller auprès des autorités pour qu’elles puissent nous aider à avoir des terrains pour faire nos différentes activités » a conclu la secrétaire.
Bah djenabou : « Durant ces deux jours, j’ai su comment mener un plaidoyer, les étapes à suivre, ce qu’il faut faire pour mener à terme un plaidoyer. Je compte à mon retour faire la restitution à mes supérieurs et leur demander de faire un suivi, de nous aider à faire un bon suivi et d’élargir au niveau des groupements et des unions ».
Aminata Camara Forécariah : « Nous sommes très joyeux pour la formation. Je suis vraiment contente d’avoir pris part à cette formation, ça nous manque à Forécariah. On prendra les dispositions pour sensibiliser nos membres. Je ferais appel au groupement pour la sensibilisation à mon retour. C’est une formation que je n’avais jamais bénéficiée. J’ai appris comment faire un bon plaidoyer. Nous remercions vraiment les initiateurs » a-t-elle déclaré.
Foulematou Camara, Boké : « Ces deux jours-là j’ai appris beaucoup de choses. Une fois à Boké je partagerais les expériences acquises avec les autres. J’ai compris comment faire un plaidoyer de qualité. C’était vraiment une formation de qualité ».
Foulematou Camara membre de la fédération paysanne de Boffa : « La formation a été très utile pour nous. Parce que les femmes sont au centre de la sécurité alimentaire. Nous produisons, nous transformons, nous sommes plus nombreuses dans les exploitations que les hommes. Mais on est très limité par rapport à l’accès sécurisé des femmes à la terre. Si on arrive à initier de telles formations pour que nous connaissons les tenants et les aboutissants à ces enjeux qui tournent au tour des femmes rurales, c’est quelque chose que j’apprécie hautement. Parce que cette formation est capitale pour nous. La terre c’est un élément indispensable au développement économique d’un pays. Si les décideurs arrivent à nous écouter, je crois que c’est important. Nous sollicitons à ce que nos préoccupations soient prises en compte dans les politiques et à ce qu’il y ait une meilleure gestion des terres. Au niveau local, à ce que nous soyons représentées là-bas parce que si on n’est pas là, on ne pourra pas défendre notre cause. On ne doit pas dire que la femme n’a pas droit à la terre mais tout ce que nous faisons c’est pour la famille. Nous remercions très infiniment ces partenaires qui accompagnent les femmes rurales ».
Sow Lamarana de Labé : « j’ai appris la définition d’un plaidoyer, les objectifs, comment entamer au niveau rural, voir les décideurs, échanger avec eux. Surtout ce qui est important c’est le plaidoyer. A mon retour, je compte une restitution au niveau des femmes rurales et dans les autres structures de la préfecture ».
Sylla Mariame Ciré du groupement Wakiri Damakania dans la préfecture de Kindia : « ces deux jours de formation m’ont beaucoup apporté surtout en matière de négociation. Parce que, je ne connaissais pas certaines choses, c’est-à-dire comment aborder les coutumiers pour avoir un terrain. Je compte multiplier mes connaissances avec les groupements et je leur dirais d’élargir le partage. Ce qui m’a marqué de plus c’est le suivi et l’évaluation. Je ne savais pas comment procéder au plaidoyer pour accéder au foncier. Mais grâce à cette formation, j’ai appris plein des choses ».
Djékorya Kanté, cheffe de la station radio rurale de Kouroussa : « je remercie les organisateurs de cet atelier. Parce que là où je suis aujourd’hui, je suis outillée en ce qui concerne le plaidoyer. Je peux faire maintenant en accord avec les collègues femmes pour arriver à aider les femmes rurales à accéder à la terre. Généralement les femmes n’ont pas d’héritage de terre. Maintenant les femmes rurales ce sont données la main pour prendre leur destin en main. Je pense bien avec l’accompagnement des femmes dans l’agriculture, nous pouvons nourrir les populations guinéennes et celles des pays limitrophes. Au sortir de cette formation, je sais maintenant comment mener les démarches pour venir auprès des décideurs afin que la femme aussi soit comptée parmi les décideurs ».
A rappeler qu’auparavant Madame Aissata Yattara de la CNOPG avait déploré la non restitution des participants aux differents ateliers une fois de retour dans leurs localités. Elle a demandé à ce que ces pratiques soient corrigées. Car pour elle, le défi majeur à relever, c’est celui de la restitution. « Vous n’êtes pas là seulement à votre nom. Normalement quand vous participez à des séminaires de formations, vous devez faire la restitution pour que les autres soient informés de tout ce qui s’est passé ici » avait-elle rappelé.
Propos recueillis par Oumar M’Böh pour www.lavoixdupeuple?info
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