Suivant l’interdiction de la burqa aux élèves en France cette année, la Guinée s’aligne automatiquement pour l’interdire également par le communiqué N°15 000 MEPU-A/CAB du département de l’éducation (MEPU-A).
Très malheureusement, une campagne est entamée par les inspecteurs, IRE, DPE et autres pour tenir à l’échec tout mode vestimentaire décent ou convenable (islamique) dans ces écoles dont un audio enregistré qui circule à cet égard à l’occasion d’une réunion préparatoire de la rentrée scolaire, dans lequel un accent particulier est mis contre les écoles franco-arabes.
Il est impérieux de reconnaitre que, l’islam est la principale religion du point de vue démographique, social et culturel. Les musulmans représentent la plus grande confession religieuse du pays. Ensuite, viennent les chrétiens. Par conséquent, il va de droit que les religieux vous fassent part de leur inquiétude et de leur avis sur des questions sensibles auxquelles ils sont confrontés, telles que : l’interdiction du voile, l’empêchement des musulmans d’accomplir leur prière de vendredi au moment d’examens nationaux etc.
Par ricochet, les décisions admiratives doivent nécessairement harmoniser le principe de la laïcité en l’adaptant à nos valeurs et à nos mœurs pour éviter des interprétations contradictoires et des applications inadaptées qui ne peuvent être que sources d’incompréhensions ou de troubles entre les différentes composantes de la nation. Le choix du mode vestimentaire décent est un droit, personne ne doit être stigmatisé d’avoir pratiqué les recommandations de sa religion au sens de la liberté et de la tolérance religieuses dans l’espace public, administratif, scolaire et universitaire.
Nelson Mandela disait : « Priver les gens de leurs droits fondamentaux revient à contester leur humanité même ».
En outre, les droits fondamentaux sont garantis par la Charte de la transition dans le chapitre IV intitulé : Des libertés, devoirs et droits fondamentaux, et évoque également dans son article 23 « Les libertés d’opinion, d’expression, de conscience et de culte sont garanties. Les conditions de leur exercice sont définies par la loi ».
Ainsi, la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, stipule également que : « La liberté de conscience, la profession et la pratique libre de la religion sont garanties. Sous réserve de l’ordre public, nul ne peut être l’objet de mesures de contrainte visant à restreindre la manifestation de ses libertés ».
Tels que consacrés par la déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 26 août 1978 dans son article 26 qui stipule : « les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants » et dans son article 10 : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ». Les autorités doivent privilégier l’éducation qui demeure le socle de tout développement d’une manière générale, et particulièrement celle des jeunes filles qui sont les mères de la société.
En principe, aucun arrêté ou décision ne doit mettre en cause un droit constitutionnel au nom de l’école ou de la laïcité, on veut une école où tout le monde se reconnaît et que cette école serve les uns et les autres en leur procurant meilleur milieu d’apprentissage et d’acception dans le paradigme de la tolérance, de la constance et du brassage culturel.
D’une manière succincte, vouloir interdire le voile ou se vêtir décemment ne peut être que synonyme de stigmatisation de celles qui le portent et ne fait qu’isoler ces dernières et remettre en cause l’éducation d’un grand nombre de jeunes filles estimé à plus de 40 000, chose qui n’est pas souhaitable ni acceptable, il serait responsable de tolérer le voile qui est avant tout signe de bonne éducation, depuis des siècles dans notre société. Notre éducation a suffisamment de défis à relever qui vont au-delà de l’interdiction de porter un tissu qui ne constitue aucune menace ou danger.
Toutefois, il est très souhaitable que le MEPU-A fasse preuve de responsabilité face aux problématiques réelles et difficultés de l’éducation notamment :la crise de contractuels, le manque criard de tables bancs chiffrés à 235 000 et 18 700 enseignants, 5 800 écoles sans eau ni latrine.
Par ailleurs, avec de la bonne volonté et cet esprit patriotique affiché pour la construction d’un Etat de droit au service de l’humanisme, du vivre ensemble avec un brassage culturel entre les citoyens et leurs religions tout en adaptant les décisions administratives et les lois à nos valeurs et mœurs avec des règles qui nous ressemble et qui nous rassemble sans aucune discrimination aucune.
IBRAHIME MANSARE, PhD
Porte-parole de l’Union des écoles franco-arabes de Guinée