L’orpaillage artisanal en Guinée est une activité profondément enracinée dans l’histoire et l’économie du pays. Cette pratique qui remonte au Moyen-Âge a connu un essor sans précédent au cours des dernières décennies, stimulée par la flambée du coût de l’or sur le marché mondial. Si ce secteur d’activité représente une source vitale de revenus et d’emplois pour des millions de Guinéens, son développement fulgurant et sa transformation accélérée, marquée par la mécanisation croissante des techniques d’extraction, soulève des questions cruciales en matière de durabilité, tant sur le plan environnemental que social.
Cette exploitation artisanale de l’or est principalement concentrée en Haute-Guinée, mais d’autres zones d’exploitation sont également actives dans le pays. Le potentiel global de production artisanale d’or en Guinée est estimé entre 10 à 15 tonnes par an. Mais la mécanisation croissante de l’activité favorise les détenteurs de capitaux qui peuvent investir dans des équipements coûteux, au détriment des orpailleurs manuels plus vulnérables et exposés à des conditions de travail précaires.
Selon le directeur général du Bureau national d’expertise au ministère des Mines et de la Géologie, Ibrahima Sory Kanté, ce département entend redéfinir les couloirs d’exploitation pour les exploitants artisanaux et ceux qui utilisent des outils mécaniques. « Ça, c’est pour permettre à l’administration de cerner tous les contours, surtout en termes de réhabilitation de l’environnement. Mais aussi, ça nous permet de localiser, de géo–référancier même ces sites-là y compris même les propriétaires de ces parcelles ».
D’ici 2027, la Guinée ambitionne la construction et la mise en service de la première unité de raffinerie d’or. Et pendant l’examen du projet de loi de finances rectificatives 2024, le CNT avait invité le gouvernement à prendre des mesures sévères contre la sortie frauduleuse des métaux précieux, qui est l’une des causes principales de la déperdition des ressources financières de la Guinée.
Et pour des mesures de sécurité et mieux réglementer cette activité, les autorités guinéennes étaient parfois amenées à prendre certaines décisions allant jusqu’à l’interdiction d’activités dans les zones d’exploitation artisanale.
Toutefois, lors de l’examen du projet de loi de finances initial 2025, le CNT a exhorté le gouvernement à traiter avec diligence les dossiers se trouvant dans les cours et tribunaux en lien avec les outils saisis sur certains sites d’exploitation, notamment à Siguiri et à Mandiana.
Selon le rapporteur général du CNT, Honorable Fabara Koné : « Depuis deux ans, ces équipements sont en attente d’un jugement permettant de déterminer leur sort. Le CNT invite les cours et les tribunaux concernés à diligenter les procédures judiciaires nécessaires pour un règlement définitif. Pour affecter définitivement au bien de l’État, les machines qui devront être saisies. Restituer dans les meilleurs délais les machines aux propriétaires légitimes ne relevant pas de saisie définitive ».
Face aux défis posés pour le développement de l’orpaillage artisanal en Guinée, il est crucial de renforcer les capacités des institutions étatiques et des autorités locales pour contrôler l’activité, lutter contre la corruption et garantir le respect des normes environnementales et sociales.
Mamoudou Daman