La récente grâce présidentielle accordée à Moussa Dadis Camara a suscité des réactions contrastées. Si certains y voient une violation de la loi, d’autres y perçoivent un geste fort en faveur de l’apaisement et de l’unité nationale. Loin d’être une décision arbitraire, cette mesure s’inscrit dans le cadre légal guinéen et répond à une logique de justice transitionnelle.
Un acte légal, encadré par le Code de procédure pénale.
Contrairement aux idées reçues, la grâce présidentielle n’est pas une violation de la loi, mais une prérogative constitutionnelle. En Guinée, l’article « 107 » de la Constitution (même suspendue, elle reste référentielle) confère au Chef de l’État le pouvoir de gracier, après consultation des institutions compétentes bien sûr. Par ailleurs, le « Code de procédure pénale guinéen » (articles 720 à 723) encadre cette mesure exceptionnelle, qui vise à corriger les rigidités de la justice ordinaire au nom de l’intérêt supérieur de la nation.
La grâce n’efface pas les faits, mais suspend l’exécution de la peine. Elle ne signifie pas l’impunité, mais ouvre la voie à une justice réparatrice, essentielle dans un contexte post-conflit.
Un geste politique audacieux pour la réconciliation.
La Guinée a connu des épisodes douloureux, et chaque victime mérite justice. Cependant, une nation ne se reconstruit pas uniquement par la répression, mais aussi par le dialogue et la clémence mesurée.
En accordant cette grâce, les autorités ont envoyé un signal fort : celui d’une justice qui, sans occulter les souffrances passées, privilégie l’avenir. Comme souligné dans la lettre ouverte publiée récemment, cette décision pourrait n’être qu’un premier pas vers d’autres mesures de clémence, englobant toutes les victimes guinéennes, sans exclusion.
Les bienfaits de cet acte d’apaisement sont nombreux :
– Stabilité politique : En évitant des procédures judiciaires interminables et polarisantes, la grâce contribue à désamorcer les tensions.
– Retour des exilés : Comme jel’ai suggéré dans la lettre, cette mesure s’accompagnera de garanties de sécurité pour les Guinéens en exil, favorisant le retour au pays et la participation à la reconstruction nationale.
– Justice transitionnelle: La réconciliation ne signifie pas l’oubli, mais un équilibre entre justice et pardon, comme le prévoient les meilleures pratiques internationales.
Je comprends les réticences de ceux qui craignent que cette décision ne sacrifie la justice. Cependant, il est crucial de rappeler que :
– La grâce n’empêche pas les réparations civiles ou les commissions vérité.
– D’autres mesures similaires pourraient suivre, dans un souci d’équité, pour toutes les parties concernées.
– La Guinée a besoin d’un dialogue inclusif, où même les opinions divergentes sont entendues.
La grâce présidentielle accordée à Moussa Dadis n’est pas un renoncement à la justice, mais un choix courageux pour transcender les divisions. Elle s’inscrit dans une vision plus large : celle d’une nation réconciliée, où loi et clémence se conjuguent pour bâtir un avenir commun.
Comme annoncé, espérons que cette initiative soit suivie d’autres gestes forts, afin que toutes les victimes trouvent reconnaissance et que la sécurité des exilés soit assurée. Car c’est seulement dans l’unité et le respect mutuel que la Guinée pourra tourner définitivement la page des blessures du passé.
Caleb Kolié