Se loger aujourd’hui dans le Grand Conakry relève d’un véritable calvaire. Les prix flambent, les avances exigées explosent, et les familles aux revenus modestes sont de plus en plus nombreuses à se retrouver sans solution viable. Malgré les mesures prises par les autorités pour réguler le secteur, le constat sur le terrain reste alarmant : trouver un toit est devenu un luxe.
Dans les communes de Matam, Dixinn et Ratoma, de nombreux chefs de famille témoignent de leur détresse. L’un d’eux, tailleur de profession, vit ses dernières semaines dans la maison qu’il occupe. Le concessionnaire lui a accordé un délai de quatre mois pour libérer les lieux, et il ne lui reste qu’un mois. Son épouse, ses enfants et ses effets risquent de se retrouver dans la rue.
Les logements qu’ils occupaient auparavant ont été vendus ou reloués à d’autres à des conditions inaccessibles. Les démarcheurs, souvent pointés du doigt pour leur rôle dans cette inflation, sont accusés de connivence avec certains propriétaires. Ils réclameraient parfois deux à trois ans d’avance. Ces accusations sont rejetées en bloc par les concernés, qui disent simplement « faire leur travail ».
Face à l’ampleur de la crise, le ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, Mory Condé, a précisé que le secteur du logement est libéralisé. L’État, selon lui, ne peut pas imposer les loyers, mais peut les encadrer. Toutefois, même la mesure de limitation des avances à trois mois est très peu respectée.
Les logements sociaux promis et construits par l’État sont pour la plupart hors de portée des citoyens visés. Les appels à l’aide se multiplient, les voix s’élèvent dans les médias, mais sur le terrain, les locataires étouffent toujours.
Et pendant que certains cherchent un logement, d’autres cherchent juste à ne pas être expulsés demain.
Mamadou Saliou Sow pour www.lavoixdupeuple.info