Conakry, 23 janvier 2025 – Une profonde inquiétude agite les rangs des enseignants-chercheurs récemment intégrés au système universitaire guinéen. Recrutés par l’État pour rehausser le niveau de l’enseignement supérieur, cinquante docteurs (PHD) dénoncent une « discrimination salariale » qui, selon eux, fragilise autant leur engagement que l’avenir du secteur.
Lors d’une conférence de presse tenue ce mercredi, ces enseignants ont exprimé leur frustration face à une situation qu’ils jugent insoutenable. En poste depuis octobre 2024, ils affirment n’avoir perçu aucun salaire, malgré des démarches répétées auprès des autorités concernées.
Selon Dr Siba Théodore Koropogui, l’un des porte-parole du collectif : « Nous avons abandonné nos familles et nos carrières à l’étranger pour servir notre pays. Mais depuis notre prise de fonction, nous n’avons reçu aucun paiement. Nous travaillons dans des conditions précaires et utilisons nos propres moyens pour financer les supports pédagogiques nécessaires », a-t-il regretté.
Au-delà du retard salarial, l’indignation des enseignants se concentre également sur les écarts de rémunération entre les chercheurs guinéens et leurs homologues étrangers. Selon eux, ces derniers perçoivent des salaires jusqu’à trois fois supérieurs, malgré des responsabilités similaires. « Nous sommes favorables à la diversité et à l’intégration africaine dans nos universités. Mais cet alibi ne saurait justifier une telle disparité, qui divise le corps enseignant et compromet l’équité », a ajouté Dr Koropogui.
Ces révélations surviennent alors que le gouvernement affiche une volonté de moderniser le secteur éducatif et de promouvoir une recherche universitaire compétitive. Pourtant, ces chercheurs estiment que les conditions actuelles sapent ces ambitions et mettent en péril l’objectif même de leur recrutement.
Pour l’instant, aucun plan concret n’a été annoncé par les autorités pour résoudre cette crise. Entre silence institutionnel et frustration croissante, ces enseignants-chercheurs maintiennent leur appel à une reconnaissance immédiate de leurs droits, tout en continuant, selon leurs termes, à « honorer leurs engagements envers la jeunesse guinéenne ».
Ibrahima Diallo