Ce lundi 11 septembre, les ministres du pool économique du gouvernement de la transition de la Guinée, étaient à l’Hémicycle du Palais du Peuple. Objectif, présenté en plénière le projet de Loi de Finances Rectificative (LFR) 2023, aux conseillers nationaux de la transition (CNT). La séance qui a été présidée par Dr Dansa Kourouma, président de cet organe législatif a connu la présence entre autres : Les Ministres du Budget, du Plan et de la Coopération Internationale, de l’Economie et des Finances, du Gouverneur de la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG), des Représentants des institutions Républicaines ; des membres du gouvernement, du CNRD et du cabinet du Chef de l’État, des membres du corps diplomatique et représentants d’organisations internationales, Madame la Gouverneure de la ville de Conakry, Messieurs les maires des six communes de Conakry, les acteurs du secteur privé, de la société civile, du syndicat et des organisations socioprofessionnelles et chambres consulaires.
Dans sa communication, la Ministre du Plan et de la coopération Internationale, Rose Pola Pricemou a d’abord rappelé l’historique de la prise du pouvoir par les Forces de Défense et de Sécurité, réunies au sein du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) qui selon elle ont entrepris de grandes réformes économiques et financières. « Ces réformes ont permis de stabiliser le cadre macro-économique, d’améliorer le climat des affaires, de redynamiser les relations avec les partenaires techniques et financiers et de passer de pays à faible revenu à pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. Il en a résulté une résilience de notre économie et partant une amélioration de la situation macroéconomique et financière du pays, malgré la baisse des cours des minerais sur le marché international et la persistance de la crise russo-ukrainienne…le Gouvernement a inscrit ses actions de court et de moyen termes dans une perspective de long terme en optant pour l’articulation du PRI 2022-2025 avec la Vision 2040 de la Guinée, de l’Agenda 2030 des Objectifs de Développement Durable (ODD) et de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine… Ainsi, la croissance économique s’est établie à 5,5% en 2022 contre 4,9% en 2021. Après un taux de croissance robuste de 5,5% en 2022, l’activité économique guinéenne pourrait observer la même tendance avec un taux de croissance de 6,1% en 2023, grâce aux résultats obtenus de la mise en œuvre du Programme de Référence Intérimaire (PRI)2022-2025. Le secteur primaire devrait ainsi croitre à 6,1% cette année tiré par tous ses sous-secteurs. Le secteur secondaire, tiré par les activités extractives devrait enregistrer une croissance de 7,5% en 2023. En effet, les exploitations minières devraient augmenter grâce à l’entrée en production de nouvelles sociétés minières. Quant au secteur tertiaire, sa croissance devrait s’établir autour de 5% en 2023 grâce à l’amélioration des services de santé, de l’éducation et de la sécurité », a-t-elle indiqué tout en disant que : « le taux d’inflation est passé de12,5% en 2021 à 10,5% en 2022 et devrait atteindre 9,2% en 2023.Le projet de LFR 2023 table sur un taux de croissance du PIB de 6,9% » a-t-elle déclaré.
Quant au Ministre de l’Economie et des finances, Moussa Cissé a exprimé sa ‘’profonde gratitude pour le travail remarquable’’ des conseillers nationaux du CNT, suite à l’organisation du Débat d’Orientation Budgétaire 2024-2026, en plus de l’adoption des lois, de la ratification d’accords et de conventions internationales, ainsi que du contrôle de l’action gouvernementale que vous menez quotidiennement.
S’agissant du projet de Loi de Finances Rectificative 2023, il dira que : « ce document vise à partager avec les conseillers nationaux afin d’obtenir leurs appréciations sur les modifications intervenues au cours de l’année 2023 dans le cadre de la mise en œuvre des projets et programmes d’investissements publics. Il convient de rappeler que la mise en œuvre du budget 2023 de l’Etat s’est faite dans un contexte marqué au niveau national par la poursuite de la mise en œuvre des axes prioritaires définis par le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), dans la Charte de la Transition; la poursuite de la refondation de l’Etat et l’amélioration de la gouvernance prônées par Son le Président de la République, Chef de l’Etat ; le maintien de la stabilité macroéconomique dans notre pays ; la mobilisation des ressources financières auprès des partenaires au développement en faveur des projets et programmes d’investissement pour plus de 500 millions de dollars pour le financement, entre autres, du Projet d’Appui à la Gouvernance Locale, du Projet d’Urgence et d’Appui au Programme NAFA, du Projet d’harmonisation et d’amélioration des Statistiques en Afrique de l’Ouest et du Centre et du Projet d’Amélioration de l’Accès à l’Electricité de Guinée ; l’établissement des contrats de performances avec toutes les coordinations de projets financés sur ressources extérieures ; et au niveau international le contexte a été marqué par le classement de la Guinée par la Banque mondiale dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire et sa sortie de la liste des pays fragiles par le Groupe de la Banque Africaine de Développement. Ceci dénote les progrès enregistrés au cours des deux dernières années par le Gouvernement de la Transition ; les répercussions négatives de la guerre en Ukraine qui continuent de produire ses effets sur la production du blé au niveau mondial ; et le ralentissement de la croissance au niveau mondial, du fait de la baisse de l’activité en Chine et en Russie ».
Donc, pour le ministre de l’Economie et des Finances, Moussa Cissé : « L’objectif du Projet de Loi de Finances Rectificative est de corriger les prévisions initiales en cours d’exercice à travers la prise en compte : (i) des évolutions conjoncturelles ; (ii) des mouvements de crédits ou la réestimation du niveau des recettes budgétaires ; et (iii) des évaluations révisées des ressources de l’État pour ajuster les écarts constatés entre les prévisions et les recettes effectivement encaissées. C’est également pour prendre en compte la nécessité d’apporter aux crédits les modifications nécessaires qui excèdent celles que le Gouvernement est autorisé à opérer par voie règlementaire, en vue de garantir l’équilibre budgétaire qui en résulte. Il convient de rappeler que la LFI 2023 est une traduction chiffrée des objectifs contenus dans la lettre de cadrage et d’orientation de Son Excellence Monsieur le Premier Ministre. A cet effet, elle avait pour objectifs de poursuivre la réforme des marchés publics à travers notamment la relecture des textes sur la commande publique, l’amélioration et la digitalisation des procédures de passation des marchés publics et la dématérialisation des opérations de paiement ; d’améliorer la capacité d’absorption des projets et programmes d’investissements publics ; de maîtriser la gestion des investissements publics, à travers la sécurisation pour l’exercice budgétaire2023 de la part du financement des 44 projets prioritaires présidentiels ;de mettre en phase un cadre de coordination de la maîtrise d’ouvrage de ces projets ; de poursuivre la phase pilote du mécanisme des Autorisations d’Engagement et des Crédits de Paiement ; d’abonder le fonds d’études et de contrôle de l’ACGP à hauteur d’au moins 5% du coût des investissements, afin de faciliter la réalisation des projets présidentiels prioritaires d’investissement ; et de procéder à la signature des contrats de performance avec toutes les Coordinations de gestion des projets financés sur les ressources extérieures. Pour réaliser ces objectifs, le Gouvernement à travers le Ministère de l’Economie et des Finances a été amené à émettre des Obligations Du Trésor (ODT) pour 2 000 Milliards GNF et des emprunts obligataires pour 3000 Mds dont près de 800 Mds GNF ont pu être mobilisés à date. Malgré le contexte difficile décrit plus haut, l’exécution des dépenses d’investissements publics y compris le financement extérieur à fin août 2023 a atteint 4 690,21 Milliards, soit 34,2% contre un taux d’exécution de 25,3% en 2022 pour la même période. Ce niveau d’exécution pour l’exercice 2023 concerne les dépenses d’investissements sur ressources propres pour 2 337,8 Mds (base engagement), soit 34,6% et celles sur financement extérieur pour 2 352,3 Mds, soit 34%. Ce résultat a été rendu possible grâce, notamment aux dispositions prises par le Gouvernement en matière de priorités de dépenses d’investissement ; aux missions de suivi sur le terrain par les services techniques du MEF ; à l’organisation des revues de portefeuilles actifs des projets financés par les principaux bailleurs de fonds ; à la signature et à l’évaluation à mi-parcours des contrats de performances avec les Unités de Coordination des Projets ; et à la synergie d’action entre la Direction Nationale des Investissements Publics(DNIP) et la Direction Générale du Budget (DGB) dans le suivi de l’exécution des dépenses d’investissements. Il convient de souligner que l’élaboration du PLFR 2023 se justifie, entre autres, par la révision à la hausse du taux de croissance économique à 6,1% contre 5,7% du PIB initialement prévu au moment de l’élaboration de la LFI 2023 ; La faible mobilisation des ressources allouées aux dépenses d’investissement, notamment les Obligations du Trésor et les emprunts obligataires ; La baisse des ressources allouées au Fonds National du Développement Local (FNDL) de 569,95 Mds à 429,99 Mds ; La baisse des ressources allouées au FODECON qui passent de 342,2 Mds à 256,2 Mds ; La baisse des ressources allouées au Fonds d’Investissement Minier qui passent de 189,98 Mds à 143,33 Mds. L’enveloppe globale prévisionnelle du PLFR 2023 dans son volet dépenses d’investissements publics se chiffre à 13 712,95 Mds contre 13 748,4 Mds de GNF prévus en Loi de Finances Initiale (LFI), soit une baisse de 0,3%, représentant 35,44 Mds GNF. Le PIP est financé sur ressources propres pour 6763,25 Mds y compris les droits et taxes, soit 49,3% et par les ressources extérieures pour 6 949,7 Mds, soit 50,7%. La répartition sectorielle des dépenses d’investissements publics se présente comme suit : le développement rural et environnement représente 4,7% du total des prévisions, soit 318,03 Mds GNF ; le secteur de l’eau, de l’énergie, de l’industrie et du commerce 7,2%,soit 485,10 Mds; les infrastructures et équipements 35,4%, soit 1 938,16 Mds; le secteur social 22,6%, soit 1529,3 Mds ; l’administration générale, la décentralisation, la défense et la sécurité 31,4%, soit 2 118,5 Mds de GNF ; et les droits et taxes, 5,4%, soit 367,10 Mds. Le Budget d’Affectation Spécial (BAS) d’un montant de 829,61 Mds de GNF, sont repartis comme suit le Fonds National de Développement Local (FNDL) pour 429,99 Mds ; le Fonds de Développement des Communes Conakry (FODECON) pour 256,29 Mds ; et le Fonds d’Investissement Minier (FIM) pour 143,33 Mds. Concernant les projets sur financement extérieur, le montant total de la prévision est de 6 449,7 Mds de GNF hors taxes dont : 5 164,14 Mds en Prêts ; et 1 285,55 Mds de GNF en Dons. Cette enveloppe n’a pas connu de modification. Le présent projet de Loi de Finances Rectificative prévoit une allocation de GNF 1 063 milliards, soit 14 % de diminution par rapport à la Loi de Finances Initiale 2023 qui était de GNF 1245 milliards. Cette diminution tient compte de la bonne tenue du franc guinéen par rapport aux principales devises au cours du premier semestre 2023. Par ailleurs, la part des charges financières de la dette intérieure représente 63,87% qui reflète la situation actuelle du portefeuille de la dette publique » a détaillé Moussa Cissé.
De son côté, le Ministre du Budget, Dr. Lanciné CONDÉ a dans sa présentation, énuméré les facteurs exogènes qui ont eu des incidences néfastes sur l’économie guinéenne. « Il s’agit notamment du conflit Russo-Ukrainien et l’arrêt de certains échanges commerciaux qui se sont traduits par un ralentissement généralisé du commerce Mondial, engendrant un choc inflationniste, l’augmentation forte des prix des produits énergétiques, du fret à l’international et des produits alimentaires, associés à la modification des conditions de financement des économies. Ainsi ce projet de LFR a été préparé afin de préserver la stabilité macro-économique, contribuer à la maîtrise de l’inflation et prévenir une dégradation de la situation socio-économique. Il permettra aussi d’apporter des réponses concrètes aux attentes et préoccupations de la population. Le projet de LFR 2023 table sur un taux de croissance du PIB de 6,9%, un taux d’inflation (moyenne annuelle) de 9,2%. Aussi, les recettes du budget de l’Etat, sont révisées à la baisse par rapport à la LFI 2023 » a-t-il déclaré.
Mamoudou DAMAN de retour de l’Hémicycle pour www.lavoixdupeuple.info