Dans le cadre de la campagne de sensibilisation contre les mutilations génitales féminines ‘’MGF’’, l’ONG Femmes au Cœur du Développement ‘’FCD’’, grâce à un appui financier de Global Media Compaign TO END FGM a organisé le vendredi 15 avril dernier, une Table Ronde dans deux radios de la place en l’occurrence Nostalgie FM et Horizon FM. Objectif, échangé sur les questions liées aux mutilations génitales féminines en Guinée afin de dissuader celles qui continuent à pratiquer l’excision.
Cette table ronde qui a duré près d’une heure d’horloge a connu la participation des différents acteurs impliqués dans la lutte contre les mutilations génitales féminines, dont entre autres : la présidente de l’ONG ‘’FCD’’, de la présidente des sages femmes de Guinée, du président de l’Association des Élèves et Étudiants Musulmans de Guinée ainsi qu’une juriste. Tous ont chacun en ce qui le concerne abordé la question dans son domaine.
A l’entame de son propos, la présidente de l’ONG Femmes au Cœur du Développement, Ismatou Diallo après avoir rappelé les actions que son organisation a menée et continue de mener sur le terrain dans cette lutte est revenu sur le but recherché : « c’est une manière pour notre organisation de sensibiliser les populations sur les dangers liés à cette pratique. Car, vous n’êtes pas sans savoir que ce fléau gangrène notre société ; en dépit de tout, certaines personnes continuent encore à pratiquer les MGF et cela porte préjudice aux filles et aux femmes surtout dans le cadre de leur émancipation. Donc, nous voulons à travers ces campagnes médiatiques amené les personnes à diminuer ces pratiques pour ne pas dire à leur bannir complètement pour le bonheur des filles et femmes » a-t-elle indiqué.
De son côté, la présidente de l’Ordre des Sages-Femmes de Guinée, Madame Marie Condé est revenu largement sur l’impact de cette pratique vis-à-vis des femmes victimes, notamment lors des rapports sexuels ou encore pendant l’accouchement. « L’excision touche des parties très importantes chez la femme, parce que l’organe qui est détruit a un rôle très primordial dans le fonctionnement de l’appareil génital de la femme. Et pendant l’accouchement ce sont des organes qui devraient jouer des rôles primordiaux. A cet effet, je demande aux jeunes garçons de faire des mémos pour dire aux papas que toute fille excisée on ne veut pas la marier, parce que l’union, il y a un côté essentiel qui est l’acte sexuel et je dirai qu’une femme excisée a 99% des problèmes de ce côté, raison pour laquelle, il n’y a pas d’épanouissement dans certains couples à cause de la perte du désir sexuel chez la femme qui a subi l’excision. En plus lors de l’accouchement, certaines femmes et leurs enfants perdent la vie à cause de l’excision. Donc, chacun de nous doit s’impliquer pour dire non à ces pratiques pour sauver des vies. L’excision n’a aucun avantage chez la femme » a-t-elle insisté.
Ceux qui pratiquent les MGF se fondent sur la religion pour justifier leurs actions alors que la question de la protection des enfants et des femmes est une prescription divine. Le président des élèves et étudiants musulmans de Guinée, monsieur Sacko Mohamed Fodé, a à travers des versets coraniques, rappelé la condamnation de cette religion vis-à-vis de toute pratique préjudiciable à l’individu ou à la communauté. Donc, pour lui : « il n’est écrit nulle part dans le saint Coran qu’il faut exciser la jeune fille. Nous demandons d’abandonner cette pratique et de passer à la sensibilisation » a-t-il conseillé.
Bien que les MGF soient souvent réalisées par des exciseuses traditionnelles, on assiste aussi à une médicalisation croissante de cette pratique, en dépit d’un arrêté de 2010 interdisant la pratique des MGF au sein des structures sanitaires publiques et privées.
La juriste Hadja Makoura Dounoh, a lors de cette table ronde cité quelques articles interdisant cette ‘’mauvaise’’ pratique qui se trouvent non seulement dans la Constitution mais aussi le code pénal de 2016 et le code de l’enfant : « je vais commencer par notre Loi Suprême qui est la constitution qui dans ses articles 5, 6 et 23 protège la personne humaine dans sa dignité, son intégrité physique…que nul ne peut être l’objet de torture, de peine, de traitement cruel, inhumain ou dégradant. …toute forme des MGF est interdite sur le territoire national guinéen, les auteurs de ces pratiques sont punies par des sanctions ci-après (2 à 3 ans de prison avec une amende d’un million à 3 millions de francs guinéens ; ou de 5 à 10 ans et d’une amende de trois millions. Mais malheureusement, il y a peu de peines de ces pratiques en Guinée, malgré l’existence de ces peines dans nos lois » a-t-elle déploré.
C’est pour cette raison qu’ elle a invité les parents à dénoncer et quant aux juges d’appliquer ‘’sévèrement’’ les différentes peines votées et promulguées afin de sauver des vies.
Au terme de cette table ronde, tous ces acteurs ont lancé des appels à l’endroit des autorités compétentes mais aussi à l’ensemble de la population pour leur implication dans la promotion de l’abandon des mutilations génitales féminines ‘’MGF’’.
Oumar M’Böh