Les jeunes d’aujourd’hui semblent plus occupés à chanter les louanges de ceux qui détiennent des postes que d’investir dans leur propre avenir. L’histoire de M. Watara, directeur général des Patrimoines Bâtis, est un parfait exemple de cette hypocrisie. Pendant des années, il a été inondé de vœux et d’éloges, ses semaines débutant et se terminant sous un flot d’adulations, comme si sa fonction était une source infinie de richesses. Mais aujourd’hui, tout a changé. Le fauteuil a été quitté, et avec lui, les voix qui le célébraient se sont éteintes. Le silence règne. Plus personne ne se souvient de lui. Pas parce qu’il a changé ou qu’il a fait quelque chose de répréhensible, mais parce qu’il n’est plus à son poste. Voilà la réalité cruelle de l’adoration des postes de pouvoir : elle disparaît avec eux.
Il est désolant de constater que ces jeunes, souvent plus préoccupés par la position sociale que par le travail acharné qu’elle suppose, n’ont pas la moindre idée de ce que cela signifie réellement être à la hauteur de sa fonction. Ils sont des accros aux réseaux, des acrobates du système, sautant d’un fauteuil à l’autre, espérant grappiller des miettes, sans se soucier de ce qu’ils peuvent réellement apporter. Construire un avenir solide ? Trop long. Investir pour l’avenir du pays ? Trop fatigant. Mieux vaut flatter, mieux vaut plaire, mieux vaut espérer qu’un ministre ou un DG leur accorde un petit privilège. Voilà où nous en sommes.
Ce n’est pas un phénomène isolé. M. Mandian Sidibé, ancien directeur de l’Office Guinéen de Publicité, ou même l’ex-directeur des Douanes, en savent quelque chose. Tant d’autres, eux aussi, ont été la cible de cette adulation vide. Au moment où ces hommes étaient en poste, ils étaient loués, adulés, et considérés comme des modèles. Mais aujourd’hui ? Leur départ a fait disparaître toute cette ferveur. Ce n’est pas qu’ils ont disparu du monde, c’est que les jeunes qui les louaient ne les voyaient que par le prisme de leur pouvoir. Un pouvoir qui aujourd’hui n’existe plus.
Là, réside le problème majeur : ces jeunes ne sont pas investis pour le pays. Ils ne défendent pas des idées ou des principes, ils se battent pour les miettes que peuvent leur donner ceux qui détiennent un pouvoir temporaire. Tant que l’aspiration à un avenir stable et à une contribution réelle au développement reste secondaire face aux avantages immédiats, cette fuite en avant continuera. C’est triste à dire, mais tant que cette mentalité prévaudra, nous serons condamnés à tourner en rond.
À un moment donné, il faudra comprendre que les fauteuils passent, mais le travail pour son pays et son avenir ne doit jamais se dissoudre dans la quête de flatteries vaines. Quand les jeunes réaliseront-ils que l’essence du pouvoir ne réside pas dans la position, mais dans l’intégrité, l’effort et la construction d’un avenir solide ?
Djoumè SACKO pour www.lavoixdupeuple.info