Née en 1953, Mme Mariama Condé a été la première femme ingénieure d’aviation de la République de Guinée voir même de toute l’Afrique subsaharienne. Sortie de l’Institut polytechnique de Gamal Abdel Nasser de Conakry. Mme Condé était à l’époque la seule fille en Faculté Maths physique. Tout à commencer à l’époque par l’organisation d’un colloque par le PDG-RDA sur LE RÔLE DE L’ÉTUDIANTE GUINÉENNE DANS L’EMANCIPATION DE LA FEMME AFRICAINE. C’est là que l’histoire de l’Etudiante exceptionnelle a commencé.
De l’Université Gamal Abdel Nasser, au Palais présidentiel, et le processus de sa bourse pour l’Union Soviétique. Avec un mémoire fraiche, elle mémorise ces différents passages avec précisions comme si c’était aujourd’hui.
Elle raconte : « On a demandé la liste des étudiantes par Faculté, il s’est avéré que dans les deux instituts d’études supérieures à l’époque l’institut polytechnique Gamal Abdel Nasser et l’institut Julius Gnéréré de Kankan, j’étais la seule fille de maths physique, c’est comme ça que le Président Sékou Touré a eu l’occasion de me connaître, moi je n’en savais rien il a demandé la liste. Nous étions 8 filles orientées en maths physique, mais les sept ont changé de faculté, je suis restée la seule fille et le président a demandé des explications pourquoi elles ont changé de faculté. Le président lui a demandé le devoir à traiter pour le amener moi je ne savais rien. Un jour le doyen m’appelle il dit Condé vient dans mon bureau, j’arrive il dit un devoir pour toi je veux que tu t’assaille tu le traite. Surtout fait le bien je vais le corriger. Je prends la fiche je regarde j’ai dit au doyen J’AI DIT ÇA C’EST REPRÉSENTATION D’UNE HYPERBOLE ET PARABOLE je dis vous ne savez pas que je suis en maths physique, moi je fais des équations différentielles, je fais l’analyse mathématiques il a ri j’ai eu à deux ou trois, quatre devoir » a-t-elle narré.
C’est à la suite de cette évaluation que Mme Condé Mariama a eu bourse pour la Russie
A cette époque-là, elle se rappelle : « Un jour, le doyen dit que le responsable suprême veux nous rencontrer j’ai dit qui moi ? Il dit toi et moi demain à 13h on doit être à la Présidence. J’ai dit à mon camarade que d’ailleurs tu sais ce que je vais dès ce soir quitté la Guinée. Il me dit mais Condé tu ne peux pas, il m’a dit si tu t’en vas même moi tu vas me créer des problèmes. De fil en aiguille, c’est comme ça le lendemain j’arrive en classe tous les étudiants étaient en tenues kaki. Je devrais me retourner à la maison pour me changer. En cours de route, avec le doyen, j’ai demandé le président veux me voir pourquoi, il ne connaît pas ? Il me dit non tu te trompes le président te connaît ? Je dis comment qu’est-ce que j’ai fait il dit tu te souviens du colloque on lui a donné la liste des étudiants par Faculté ? Je dis oui ! Oui. Il dit tu te souviens les devoirs que je te donnais ? Je dis oui, il dit tu en as traité combien je dis peut-être trois ou quatre ; il dit c’est lui qui me les donnais pour toi maintenant il souhaite connaitre si effectivement c’est toi qui faisais ces devoirs-là. J’ai dit c’est pour ça seulement ? Il me dit oui… Arrivée à la Présidence, à l’heure du déjeuner le président Ahmed Sékou Touré a demandé à ce que tout le monde vienne au tour de la table à manger, j’avais trop peur. Paf il pose une question IL DIT BON MOI JE VOULAIS LANCER UN PROJECTILE D’UN POINT A À PARTIR DU PALAIS DU PEUPLE POUR UN POINT QUI VA TOMBER A UN POINT B A DAKAR SUPPOSONS, JE VEUX CONNAÎTRE EXACTEMENT LE TEMPS QUE CE PROJECTILE FERA AVANT DE TOMBER A DAKAR, le ministre Béhanzin, ministre de l’enseignement pré-universitaire à l’époque était là-bas, étant agrégé en mathématiques, il a pris la parole et dit oui S’IL YA UNE VITESSE INITIALE…. LE PRÉSIDENT dit non je ne suis pas d’accord, après il s’adresse au doyen Kanté il dit comme nous avons UN SAVAN MATHÉMATICIEN ICI, IL VA NOUS DÉPARTAGER. Le doyen dit bon moi j’ai mon élève ici je préfère que mon élève répond. J’ai dit mais je peux répondre, le président dit non pas de sous-commission. Le doyen Kanté dit Mariama Condé je t’ordonne de répondre à la question. JE DIS LA FORMULE QUE CAMARADE BEANZIN A DONNÉ EST EFFECTIVEMENT LA FORMULE CLASSIQUE. ÇA C’EST LA PHYSIQUE DYNAMIQUE POUR DÉTERMINER UN CORPS QU’ON LANCE À UN POINT A QUI TOMBE À UN POINT B POUR CALCULER LE TEMPS JE DIT MAIS L’EXACTITUDE » a-t-elle expliqué.
De l’Université Abdel Gamal Nasser, Mariama Condé bénéficie d’une bourse pour la Russie
« Là aussi, il m’a été demandé de faire une demande adressée à monsieur le Président de la République, pour qu’une bourse me soit accordée étant la seule fille dans cette faculté. C’est ainsi que dans ma demande, j’ai choisi de faire INGÉNIEUR EN AVIATION en en Union soviétique, voilà comment j’ai eu la bourse pour l’Institut des ingénieurs d’aviation de Kiev ».
« J’ai fait mon année de langue à l’Institut polytechnique de Varoneg et j’ai postulé à l’Institut des ingénieurs d’aviation civile de Kiev qui était à l’époque le plus grand institut d’aviation de l’Union soviétique » a-t-elle rappelé.
Au retour au bercail, Mme Mariama Condé a été mutée à la direction nationale de l’aviation civile comme ingénieure stagiaire. Cette brave a également suivi un stage à Air Guinée, au ministère des Transport entre autres.
« Le sujet de mon mémoire était le perfectionnement des taux et taxes à l’Aéroport International de Conakry Gbéssia. J’ai fait une partie de mon stage à la direction nationale de l’aviation civile une partie de stage à Air Guinée, puis au Ministère des Transports par ce qu’il fallait avoir tout le cursus de la perception des taux et taxes à l’aéroport de Conakry pour pouvoir en parler et en discuter et faire des propositions mais par contre le directeur de l’aviation civile on lui a fait croire que je suis venu que c’était pour prendre sa place donc il ne voulait pas me sentir là-bas je n’avais même pas de bureau » regrette-t-elle.
Mme Mariama Condé explique comment est-elle arrivée à Air Guinée et elle a fait 20 ans au bureau d’études de Air Guinée jusqu’à la fermeture du bureau.
« Lors de ma soutenance le directeur général d’Air Guinée, le directeur général de l’aviation civile, le directeur national du Trésor représentant du ministère des Finances étaient tous présents, également était présent, le directeur général de l’Office de coordination des unités industrielles dont Air Guinée faisait partie qui était même mon président du jury. Moi j’ai constaté que tout le monde ne payait pas la taxe sur les passagers à l’aéroport, c’est un agent du Trésor qui était là qui percevait les taxes il étiquetait ça aux billets et la personne partait. Donc, moi j’ai proposé L’INTRODUCTION DE LA TAXE DES PASSAGERS LÀ DANS LES PRIX DU BILLET CE QUI A ÉTÉ UNE DISCUSSION TRÈS HOULEUSE. J’ai constaté même si c’est une ampoule qui était grillée il fallait faire une note envoyée au ministère des Finances, valider et envoyé au trésor que le trésor valide ça. C’est là le directeur de Air Guinée Mr Richard Haba à l’époque est venu me dire celle-là c’est un cadre j’ai besoin d’elle ».
Mme Mariam Condé parle quelques avantages de la compagnie d’Air Guinée qui a été vendue par des autorités d’alors.
Selon elle : « Au moment où j’étudiais encore quand Air Guinée allait nous nous chercher les étudiants guinéens à l’extérieur, on était les seuls. Les étudiants maliens étaient obligés de se faire guinéens arrivé à Conakry ils continuaient au Mali. Quand on desservait l’intérieur il y’avait, Siguiri, Kankan, Boké, N’zérékoré, Macenta toutes ces villes-là étaient servies dans la semaine. Aussi, le transport des pèlerins guinéens à la Mecque ».
Cela fait plusieurs années depuis que Mme Condé première ingénieure de l’Afrique subsaharienne est allée à la retraite qui a des projets et ambitions d’aider les jeunes filles par exemple mais, elle dit être confronté à l’obtention de l’Agrément de son organisation, afin de tisser des partenariats à partir de l’extérieur pour aider les enfants de la Guinée.
« Quand Air Guinée a été fermée en 2004 moi d’abord j’ai ouvert ma propre agence de voyage, après j’en étais dégoûtée, j’ai fait deux années de bénévolat avec Terre des hommes, je faisais les recherches les démarches tout pour comprendre ce que c’était. J’ai fait une année à SOS village et j’ai décidé moi-même de faire ma structure pour pouvoir aider les jeunes filles en difficultés, j’ai fait une association aujourd’hui qui a près de 20 jeunes filles qu’on a formées et alphabétisé gratuitement. Bien que JE SOIS MAL VOYANTE C’EST ÇA QUE JE PEUX FAIRE MAIS JE SUIS EMBÊTÉE DEPUIS DEUX ANS JE CHERCHE UN AGRÉMENT POUR FAIRE UNE ONG MON ASSOCIATION C’EST PAS POSSIBLE » a-t-elle déploré.
Mme Mariama Condé souffre aujourd’hui du glucome qui l’empêche de voir correctement, elle a besoin aujourd’hui d’un agrément pour pouvoir collaborer avec d’autres ONG dans la formation des jeunes filles guinéennes. Et depuis plusieurs années sa pension de retraite est bloquée.
A suivre…
Aboubacar Oularé et Oumar M’Böh pour www.lavoixdupeuple.info