Pourtant, depuis plusieurs décennies, les agents publics véreux qui se servent de l’Etat au lieu de servir le peuple ont été dénoncés et c’est la source de notre soutien indéfectible aux réformes engagées par la transition ci.
Pour nous, les crimes économiques sont imprescriptibles et doivent être sanctionnés sans commune mesure parce qu’ils compromettent tous les efforts de lutte contre la pauvreté en bloquant toute perspective de développement.
Ainsi, tous les guinéens objectifs et patriotes se souviennent que c’est à partir de 1984 que les agents publics guinéens ont pris en majorité la mauvaise habitude de s’enrichir de façon parfois insolente par le biais de la corruption et des malversations financières diffuses ou directement visibles.
Depuis, la Guinée est devenue le pays où les agents publics sont les plus riches oubliant ainsi le sacerdoce d’être agent public.
Dans tous les pays sérieux qui ont réussi l’émergence dans situations initiales délabrées, les agents publics sont tenus par un sacerdoce de servir mais pas de se servir.
L’une des faiblesses du régime du Président Pr Alpha Condé, qui a précipité sa chute a été malheureusement d’exacerber le vol et la corruption au plus haut niveau de l’Etat.
En dépit des efforts du CNRD à combattre sans répit les enrichissements illicites des hauts cadres de l’Etat, les velléités persistent avec cette importante masse critique de cadres incompétents nommés à des postes stratégiques de gestion des services publics.
En réalité, le casting pour le choix des hauts cadres n’a pas suffisamment pris en compte le sens normatif de la notion centrale de COMPÉTENCES PUBLIQUES qui induit à la fois L’INTÉGRITÉ, L’EXPÉRIENCE et LE SAVOIR.
Beaucoup d’aventuriers et de résidents assoiffés sans valeurs ont malheureusement réussi à tromper la vigilance du CNRD pour être nommés à des postes qu’ils appellent juteux par la magie des diplômés et des CV colmatés.
En dépit des poursuites en cours à la CRIEF, les nouveaux promus ont dans la plupart des cas compris et contourné les systèmes de contrôle pour détourner des milliards et faire des investissements à couper le souffle.
Est-il nécessaire de rappeler aux Guinéens que l’une des forces du PREMIER REGIME qu’il fallait perpétuer dans l’intérêt du pays reste la discipline et l’intégrité dans la gestion des biens publics à travers des mécanismes de contrôle et de redevabilité efficaces qui ne laissaient jamais impunis les délits de corruption et d’enrichissement illicite des fonctionnaires de l’Etat ou toute autre personne utilisant des fonds publics.
Depuis 1984, la pyramide des valeurs morales face à la gestion des ressources publiques s’est progressivement renversée en prenant au fur et à mesure des proportions inquiétantes qui compromettent définitivement le développement harmonieux et équitable mais surtout la lutte contre la pauvreté de la majorité des populations guinéennes.
Le drame collectif pour tous les guinéens, c’est que s’il y a eu croissance économique entre temps, la pauvreté de la population en majorité n’a pas significativement reculée depuis 1984 car en même temps que quelques efforts et réalisations accomplis par les régimes successifs, il y a eu aussi le poids de l’accroissement naturel de la population avec une population doublée à moitié dont on ne tient pas suffisamment compte dans la planification du développement dans notre pays.
Ce qui est davantage inquiétant en faisant une analyse exhaustive de l’évolution de la gouvernance dans la gestion des ressources publiques, c’est le train de vie ostentatoire des hauts cadres de l’État et principalement ceux chargés de la gestion des régies financières et autres structures et organismes de manipulation directe des fonds publics.
En dépit de la corruption endémique qui fait perdre à l’Etat des milliards de dollars par an, il y a ce phénomène de compétition déloyale ouverte entre les cadres gestionnaires des ressources de l’Etat qui devient ahurissant et inadmissible au cours même de cette transition.
Il consiste pour ces nouveaux commis de l’État et au cours de cette transition de se lancer des défis de comparaison en mettant dans la balance des critères de dépassement entre eux, non pas par les réalisations faites en Guinée mais, celles faites par chacun d’eux par ex au Sénégal, en France, aux USA etc.
Dieu seul sait combien d’entre eux ont en moins de 2 ans de services édifié ou achète dans ces pays des villas à des coûts de millions d’euros, qui sont actionnaires dans 2 ou 3 grandes entreprises, qui ont inscrits dans les universités occidentales 2 ou 3 de leurs rejetons.
Ainsi , entre eux, ces cadres véreux et pilleurs des ressources publiques, par exemple des ministres, des Directeurs de régies financières, des Directeurs généraux de projets et programmes publics , des DAF, Comptables de l’Etat, des élus dans les communes etc. , qui n’a pas un appartement privé dans les pays plus hauts cités , qui n’est pas actionnaire dans de grosses entreprise en Guinée et à l’extérieur et qui n’a pas ses enfants inscrits dans les grandes universités occidentales n’a pas réussi au cours de cette transition.
C’est encore au cours de cette transition la cohorte de ces bandits à col blanc qui commence à prendre le contrôle du système guinéen à la peau dure et qui empêchent le pays d’avancer au prorata de ses immenses potentialités.
Quel pays voulons-nous vraiment construire au cours de cette transition dans le feu de ces déviances aux effets négatifs irréversibles sur le développement de notre pays ?
L’on se souviendra que toutes ces pratiques indécentes et illicites ont commencé dans ce pays en 1984 quand certain membres du CMRN se sont précipités à la Banque Centrale pour s’emparer d’environ 8 tonnes d’or (qui étaient la réserve qui soutenait le SYLI) pour se les partagés comme un trophée de guerre.
Depuis, la pyramide des valeurs et de l’éthique s’est renversée et la gouvernance économique et ses principes ont volé à l’éclat pour laisser la place à une administration publique corrompue tenue par de petits comptables et bandits à col blanc.
La situation qui malheureusement s’amplifie de plus en plus au cours même de cette transition doit urgemment être désarticulée par le Président en prenant des mesures dures qui vont commencer par un remaniement total du gouvernement et suite au risque de compromettre définitivement le progrès et l’avenir du pays.
Il est temps pour les autorités de réactiver les systèmes d’audit et d’inspections musclées plus rigoureuses qui induisent le contrôle des biens de tous ceux qui ont en charge de gérer les biens et services de l’Etat.
Il faut cesser de penser toujours qu’il n’y a pas de preuves de détournements car si le coût des réalisations d’un cadre dépassent ses ressources licites, il y’a problème.
Le CNRD doit urgemment déclencher une campagne nationale de vérification des biens privés des anciens et nouveaux commis de l’Etat. Toutes propriétés de ces cadres véreux dépassant 2 villas modérées et 2 Entreprises reviennent dans le patrimoine de l’Etat pour dissuader tous les potentiels voleurs. Ce travail doit être fait à l’échelon des secteurs et des quartiers où toutes les informations existent.
Un DAF d’un service public qui achète ou construit à coût de milliards 5 à 10 villas en 2 ans, il faut s’inquiéter même s’il n’y a pas de preuves orthodromiques de détournements.
Il faut aller au-delà de ces simples déclarations de biens pour certains hauts cadres seulement pour contrôler toute la chaine et toutes les implications de gestionnaires des biens et services de l’Etat.
Si cette déviance continuait à progresser surtout au cours de cette transition, la Guinée perdra les substances de compétence, d’intégrité et d’équité car le système va se perpétuer de génération en génération et tant pis pour les valeurs qui permettent à un pays de se développer!!
Finalement, la Guinée va célébrer ses voleurs comme enfants bénis mais renier et condamner comme des enfants maudits ses compétents et intégrés.
Très urgemment, le président DOUMBOUYA doit procéder à un remaniement profond de ce gouvernement avec effet sur la majorité des hauts cadres qui compromettent la confiance du peuple pour cette transition.
Bravo au président pour les investissements et les réformes en cours mais l’heure est grave, il faut se débarrasser de ces nombreux cadres véreux qui par les actes posés, contribuent à opposer le président au peuple.
Aimé Stéphane MANSARE.
SOCIOLOGUE
Expert consultant en sciences sociales du développement