Le « SYSTÈME » guinéen dont on parle tant est toujours opérationnel quand il s’agit de nommer les hauts cadres de l’Etat spécifiquement les ministres, les directeurs nationaux et ceux des régies financières etc.
En Guinée et, depuis la toute première transition militaire survenue dans les années 1984, l’immortel « SYSTEME GUINÉEN » qui a voué à l’échec les meilleures volontés de changement de tous les régimes commence toujours à fonctionner à plein temps autour du Président dès qu’il y a un besoin et des opportunités de nomination des hauts cadres de l’Etat.
L’outil redoutable toujours utilisé par les animateurs du fameux » SYSTÈME GUINÉEN » reste l’activation du fonctionnement des » CERCLES D’INTÉRÊTS ET D’INFLUENCE » qui gravitent autour de tous les Présidents guinéens y compris le Général de corps d’armée MAMADI DOUMBOUYA en ce moment.
En réalité, la lutte entre les CII Cercles d’Intérêts et d’Influence qui gravitent autour de tous les détenteurs des pouvoirs de nomination de la base au sommet devient très rude en période de turbulences socio-politiques comme en ce moment en Guinée.
Pour le moment tous ces CII fonctionnent et tournent autour du Président et de ses plus proches et, après cet épisode, les ministres seront les secondes cibles des CII.
Le problème très regrettable pour la Guinée, c’est que les personnes enfin nommées ne peuvent pas constituer une équipe solide de travail pour atteindre les résultats au profit de l’Etat et du peuple.
Bien avant la prise de fonction des promus, les signes d’échecs sont activés car les uns et les autres qui appartiennent à des CII différents se voient déjà une inamitiee feroche et sans merci.
Les affrontements diffus s’accentuent et se multiplient dès la prise de fonction et la mésentente continue tout au long.
C’est pourquoi, nous concluons en tant que sociologue que le plus souvent , l’échec des équipes d’administration publique échouent bien avant d’avoir commencé le travail.
Au crible donc d’un décryptage sociologique profond de ce phénomène des CII « Cercles d’Intérêts et d’Influence », il ressort que ceux-ci ont diverses caractéristiques selon l’angle choisi par chaque haut perché autour des présidents.
Quand certains CII sont politiques et idéologiques ,d’autres sont ethniques et communautaristes ou même économiques.
Chaque membre de l’équipe restreinte autour du président dégage toute l’énergie diffuse pour faire nommer plus de personnes appartenant à son ou ses cercles d’intérêts en vue simplement de se sentir plus en sécurité auprès du président et mieux conserver ses intérêts et son poste.
Le problème qui détruit la démarche normative pour trouver et nommer les meilleurs cadres a plusieurs facettes et mode d’expression.
✓ D’abord de façon diffuse, chaque haut perché auprès du président passe par tous les moyens y compris ceux calomnieux pour faire disqualifier les candidats proposés par les cercles d’intérêts opposés .
✓ Ensuite, toutes les voies pour accéder à l’attention du président sont brouillées pour tous les autres cadres compétents qui n’appartiennent pas aux cercles d’intérêts des cadres qui tournent autour du président et, finalement les meilleurs cadres qui sont présentés au président ne le sont vraiment pas dans la réalité car le processus de sélection imposé au président est tout sauf objectif et patriotique.
✓ Aussi , l’échantillon de meilleurs cadres dont les identités sont révélées au président est totalement biaisé car les vrais cadres compétents expérimentés et intègres sont astucieusement écartés et parfois diabolisés par ces cercles d’intérêts machiavéliques qui gravitent autour du président.
✓ D’ailleurs la lutte des cercles d’intérêts se poursuit plus âprement surtout après la prise de fonction des nominés qui sont issus de cercles d’intérêts différents ou rivaux.
✓ La conséquence c’est que les programmes de développement sont affectés par ces guéguerres interminables qui finissent par bloquer l’Etat. etc.
En réalité la philosophie partagée par les hauts cadres guinéens qui font fonctionner ces CII cercles d’intérêts reste le même depuis 1984.
Le vrai problème, c’est que dans le subconscient individuel et collectif de ces guinéens proches du président : » Plus on positionne dans l’administration publique les membres de son cercle d’intérêts et d’influence, plus on est solide et indeboulonnable. »
Ainsi, c’est une lutte infernale qui se déclenche toujours autour des présidents pour contrôler mieux la chose publique généralement et malheureusement dans le mauvais sens où à contre sens de la bonne gouvernance.
Pour cette fois, le président doit absolument veiller à ce que ces cercles d’intérêts et d’influence soient disloqués autour de lui en mettant en place un système de sélection plus ouvert et cordonné par un cabinet international si possible.
L’autre problème crucial que le président devra absolument régler c’est celui d’un meilleur profilage des besoins de compétence nationale.
Il faut absolument définir adéquatement ce que c’est réellement COMPETENCES NATIONALES utiles pour le développement actuel de la Guinée ?
Il s’agit par exemple de faire clairement la distinction des postes et position administrative de top managers et ceux de techniciens compétents par rapport à la tendance actuelle de penser que le plus haut grade accademique est automatiquement égal à la position de top managers .
En Guinée,les Docteurs en grade académique sont maladroitement considérés plus aptes et compétents à exercer des postes de top managers.
Alors, cette conception est erronée car le grade de docteur es sciences est strictement dédié aux centres d’études, aux instituts de recherche et à l’enseignement.
Si la règle était universelle, alors tout les gouvernements Français ou américain seraient composés de docteurs essciences ou des professeurs d’universités.
C’est une fausse appréhension qui ressemble à une arnaque publique car les docteurs scientifiques ne sont pas formés pour être des managers productifs capables de produire les meilleurs résultats.
Ils sont plutôt efficaces dans les instituts, universités et centres de recherches et par ricochet ils doivent y être affectés.
Posons-nous la question intelligente de savoir pourquoi les gouvernements des pays développés où il y a le plus grand nombre de docteurs et de professeurs agrégés, c’est rare de voir un ministre ou un président Docteurs ou processeurs ?
Pourquoi tous les docteurs et grands professeurs guinéens ont tous tendance à abandonner les centres et instituts de recherche pour venir occuper des postes de top managers à la place des managers ?
Aussi, il faut sortir le pays dans le déterminisme des spécialités scientifiques pour diriger mieux les départements sectoriels.
Un bon manager sociologue ,historien , philosophe ou médecin peut donner plus de résultats de changements positifs à la tête du ministère des finances qu’un financiers de formation docteur soit-il.
Le président doit privilégier des managers leaders aux simples techniciens qui mettent en avant leur grade accademique.
Alors le premier problème en Guinée consisterait à définir clairement ce qu’on pourrait considérer comme COMPETENCES NATIONALES utiles et adaptées au contexte de développement du pays.
Les postes de ministres, de Directeurs généraux et autres sont des postes de managers et les titulaires n’ont plus pour priorité d’activer leurs compétences techniques, c’est leurs capacités managériales dont le service qu’il dirige a besoin.
Un directeur général de la RTG qui présente le journal à la place des journalistes doit être viré car son travail doit être celui de mobiliser plus de ressources et de créer plus de dynamiques de groupe pour mieux faire atteindre les résultats aux membres de son équipe.
Par contre un chef de division doit utiliser le management en premier ressort et la technique en second. Il est manager intermédiaire.
Le chef de section doit utiliser la technique en premier et le management en second.
Cette fois, le président devra privilégier la COMPETENCE comprise comme INTÉGRITÉ, EXPÉRIENCE et SAVOIR technique.
Personne ne doit lui faire croire que l’expérience n’est pas partie prenante incontournable de la COMPETENCE ainsi que l’intégralité.
Il doit privilégier l’expérience ou créer pour les jeunes promus des passages de mentorat et de formation avant de confirmer de tout jeunes à des postes stratégiques.
Le président doit absolument faire une nette distinction entre les postes stratégiques et techniques sur les quels portent le développement du pays et les postes figurants qui n’ont d’effets significatifs sur le développement du pays pour nommer absolument des compétents au premier groupe de poste et nommer par recommence aux postes du second degré.
Le président ne doit plus se contenter de CV ronflant assaillis de diplômes occidentaux pour s’appuyer comme les américains sur l’intégralité, le savoir être et surtout le savoir faire.
Aimé Stéphane MANSARE.
SOCIOLOGUE.
Expert consultant en sciences sociales du développement .
DGA DU CERFOP au CNT GUINÉE