Le porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo a lors d’une conférence de presse tenue ce mardi 6 septembre 2022 revenu sur le mot exil, dont certains acteurs politiques sont ‘’contraints’’. Auparavant, il avait justifié les raisons qui ont amené les autorités de la transition d’interdire les manifestations de rues, dont il dit déplorer les victimes. Parlant du cadre de dialogue, il estime que les différents acteurs devraient mettre de côté leurs intérêts personnels au profit de la nation pour parler des questions de fonds.
« Oui s’il y a des victimes on les déplore tous, à l’occasion des manifestations et même quand il s’agit des accidents de routes, cela touche nos sensibilités parce que ce sont des vies que nous aurions pu sauver si on n’avait les possibilités. Le CNRD en prenant la décision d’interdire les manifestations politiques était conscient des risques qui entouraient ce type de manifestations sans que les idées qui sont véhiculées derrière ceux qui veulent organiser les manifestations ne soient rejetées. Ceux qui ont réclamé un cadre de dialogue, nous leur avons fait mais cet espace là ils ne l’exploitent pas. On préfère sur la sémantique entre cadre de dialogue et cadre de concertation, on est à ce niveau. Personne n’a remis en cause le contenu de la thématique proposée pour sortir de la transition. Personne ne dira en Guinée qu’il n’est pas nécessaire de s’offrir un État civil dans lequel on pourra extraire un fichier électoral ou la nécessité d’un toilettage institutionnel et législatif pour organiser des élections qui pourraient sortir ce pays de sa situation. Effectivement, lorsque des acteurs politiques ou de la société civile choisissent d’autres voies, l’Etat aussi dans son rôle de prévention anticipe. C’est justement pour cela qu’il a décidé de ne pas donner les possibilités de faire des manifestations. Il y’a des victimes qui arrivent mais peut être ça plaît à d’autres, pour dire que c’est la même chose qu’avant. Parce que c’est la meilleure manière d’avoir le discours convenu pour qualifier la transition et dire c’est la même chose rien n’a changé. Pour l’exil, vous savez qu’il y a plusieurs manières de se mettre en exil. Il y a des exilés volontaires économiques et autres, chacun choisit la thématique qui l’accompagne. Ce qui est clair aujourd’hui, les autorités de la transition n’ont pris aucune disposition pour que les acteurs politiques ou de la société civile se mettent en exil. Après qu’ils choisissent de ne pas rentrer au pays, c’est leur liberté. Moi, tous ceux que j’entends intervenir dans les médias, disent je suis occupé à faire telle et telle activité à l’étranger quand je finis je rentre. Pourquoi donnez-vous le droit de dire qu’ils sont en exil alors qu’eux-mêmes se considèrent en mission ? Il faut faire attention. Sauf si vous êtes dans le secret que nous ne connaissons pas. Je pense qu’il faut de la bonne volonté et une distance raisonnable entre les intérêts communs et les émotions que les uns et les autres peuvent avoir pour aller au dialogue. Dans cette distance-là chacun de nous à quelque chose à dire sur la méthode, sur l’injustice, sur les souffrances qu’on peut avoir, sur les difficultés à aller vers l’autre. Les Guinéens doivent faire ce sursaut-là, à tous les niveaux. Chacun doit pouvoir maintenir cette distance émotionnelle pour pouvoir répondre à l’appel de la nation, à l’appel de l’unité pour travailler sur des objectifs clairs pour sortir la Guinée là où elle est. Chaque guinéen a sa place autour de la table de dialogue. Nous sommes disposés à changer le cadre de concertation pour un cadre de dialogue. Si le médiateur a dit aux acteurs politiques et de la société civile de venir c’est parce qu’il a compris qu’il y a un espace d’écoute qui est toujours là et qui est disponible. Autour de la table de dialogue les places vides sont toujours là, elles ne sont pas bannies, ils peuvent venir quand ils veulent. Mais cela nécessite aussi de ne pas faire de l’amalgame entre les situations individuelles et les situations politiques qui touchent des organisations. Mais lorsque des partis politiques ne viennent pas autour de la table parce qu’ils estiment qu’il y a trop des petits partis. Aucune organisation politique ou de la société civile n’est exclue du dialogue. On ne vient pas là-bas pour voter mais pour discuter. Nous devons mettre nos questions personnelles à une distance raisonnable pour que la volonté commune puisse être dégagée. Dans tous les cas, la volonté du gouvernement et du CNRD est intacte, celle de faire en sorte que tous ceux qui souhaitent et qui ont des choses à dire pour que la Guinée soit mieux, soient les bienvenus autour de la table. Leurs idées même si ce n’est pas autour de la table, ils peuvent les mettre dans les médias on va s’en emparer pour en faire bon usage », a-t-il promis.
Ibrahima Saapy Diallo