Un atelier sur la réforme de la gouvernance foncière a démarré ce lundi 30 mai 2022, dans un espace hôtelier de la place à Conakry. Cette rencontre de deux jours regroupe une trentaine de participants notamment des juristes, acteurs techniques et ceux de la société civile est initiée par l’ONG ACORD-GUINEE en collaboration avec les Ministère de l’Urbanisme de l’Habitat et de l’Aménagement du Territoire, celui de l’Agriculture et de l’Élevage, de la FAO, ainsi que ses partenaires de terrains sur le foncier, notamment le Collectif des Organisations de la Société Civile pour la Défense des Droits des Communautés. L’Objectif principal selon cette organisation est de : « renforcer les capacités des acteurs de la justice, ceux techniques ainsi que les acteurs de la société civile sur la mise en œuvre des bonnes pratiques internationales relatives à la réforme de la gouvernance foncière ».
Selon monsieur Macky Bah, Directeur Pays de l’ONG ACORD-GUINEE (Association de Coopération et de Recherche pour le Développement) : « depuis 2018 nous sommes en train d’évoluer sur les questions liées à la gouvernance foncière au niveau national avec des acteurs. Mais il s’est avéré que depuis qu’on a commencé on n’a pas touché directement cette catégorie d’acteurs qui est représentée dans cette salle par les magistrats. Donc, il était important que cette catégorie soit formée et orientée sur les bonnes pratiques foncières. Parce qu’aujourd’hui, on ne peut pas parler d’une réforme foncière sans les juristes, pour la simple raison que la Guinée au niveau des directives volontaires a eu à ratifier et à signer et s’est engagée pour l’utilisation des éléments de ses directives dans toutes les reformes liées au foncier national » a-t-il justifié.
S’agissant des attentes de cette organisation qui œuvre dans les questions foncières mais aussi dans le cadre de la résolution des conflits et la cohésion sociale, monsieur Bah dira qu’: « au terme de ces 2 jours de formation, ça nous donne déjà une ouverture de créer des alliances avec ces juristes et nouveaux autres acteurs de la société civile bénéficiaires pour une synergie d’action liée à la gouvernance foncière. En plus de cet atelier, nous envisageons d’autres pour des juridictions à l’intérieur du pays notamment à Mamou et éventuellement à Kankan, chose qui permettra d’avoir une tâche d’huile au niveau de tout le pays », a-t-il ajouté.
La cérémonie d’ouverture a été présidée, par la Cheffe de Cabinet du Ministère de l’Urbanisme de l’Habitat et de l’Aménagement du Territoire, Salimatou Koulibaly. A cette occasion, elle a exprimé les préoccupations de son département face aux différents conflits liés au foncier dans les domaines d’activités socio-économiques : « l’une des principales sources de conflits en Afrique et ailleurs mais principalement en Afrique de l’Ouest est liée à la gestion foncière. Vous voyez aussi très souvent des conflits entre éleveurs et agriculteurs, des conflits entre des particuliers, des conflits avec investisseurs sur l’appartenance à des parcelles. Où, le plus souvent ces investisseurs sont confrontés à un vide juridique. Donc, c’est très important d’outiller ces différents acteurs. Car, la gouvernance foncière est une question très importante non seulement pour la stabilité sociale mais également pour le développement économique et social d’un pays, parce qu’une question qui touche la terre est au centre de toutes les activités. Et une fois que ces acteurs sont formés, ils vont jouer leur partition auprès des pouvoirs publics sur la sécurité foncière » a-t-elle souligné.
Pour sa part, le directeur technique de la composante 3 de l’appui du statistique et du foncier au Ministère de l’Agriculture et de l’Élevage, Abdoul Karim Touré s’est réjouit de cette organisation de renforcement de capacités des juristes élargies aux acteurs de la société civile. Pour lui, : « La question est purement transversale parce qu’elle concerne plusieurs acteurs à la fois mais c’est une question qui est assez complexe compte tenu que la population est en train d’augmenter du jour au jour mais la surface de la terre n’augmente pas. De ce fait, on est dans un monde où on tend vers la ruée vers la terre. Tout le monde veut s’accaparer du maximum de terre possible, ce qui fait que généralement, des conflits naissent et ces conflits-là sont des divers ordres mais leurs résolutions se trouvent confrontées à plusieurs handicaps du fait que les textes ne sont pas adaptés aux réalités du monde d’aujourd’hui » a-t-il révélé.
Pour sa part, le vice-coordinateur du Collectif des Organisations de la Société Civile pour la Défense des Droits des Communautés, Mamadi Béavogui a rappelé le rôle que joue ledit collectif dans la gouvernance foncière. « Notre collectif a été créé en mars 2018, et depuis sa création nous avons appuyons les efforts de l’Etat à travers les départements sectoriels dans le cadre de l’amélioration de la gouvernance en matière foncière en Guinée et surtout ce qui touche la vie des populations au niveau rural, notamment sur les indemnisations, les compensations et de réinstallations involontaires de ces populations affectées par les projets miniers, énergétiques, agricoles. Donc, nous comptons sur l’ensemble des acteurs présents pour leur implication afin d’atteindre les résultats escomptés en matière de gouvernance foncière » a-t-il souhaité.
Parmi les participants figure, le directeur de l’Institut de Recherche de Promotion des Alternatives en Développement ‘’IRPAD’’, Monsieur Mamadou Goïta qui est venu du Mali. Il dit venir auprès de ses frères guinéens pour partager son expérience mais aussi son expertise en la matière. Cela : « pour permettre à ce que les erreurs commises dans d’autres pays soient évitées en Guinée. Donc pendant cette période, nous allons tirer les leçons des processus, des contenus, des dynamiques et faire des réflexions. Mais aussi, regarder dans l’environnement les textes évaluables, parce qu’il y a énormément d’incohérences les adaptés au contexte actuel parce qu’il y a des nouvelles donnes. On s’est rendu compte que les gens ont une approche juridique et judiciaire du foncier et le foncier est tout sauf juridique et judiciaire. Le foncier est un domaine. Et un domaine d’abord social » a indiqué l’expert malien.
Oumar M’Böh