Massacre au Stade du 28 Septembre 2009 : Le Journaliste de Rfi Mouctar Bah parle (procès) !!!
« Je ne sais pas comment les portes ont été ouvertes. Parce que les policiers de la CMIS Cameroun avaient quitté. Quand ils sont revenus, il y avait Bafoé et Tiegboro qui étaient là. Il y a eu des disputes et le ton est monté entre ceux qui étaient encore dehors et ceux qui arrivaient. Thiegboro a dit : “chargez” Quand on a dit ça, le désordre a commencé. Matraques, gaz lacrymogènes, coups de pied. C’est vraiment dégénéré. C’est en ce moment qu’on m’a arrêté. Les policiers de la CMIS qui m’ont arrêté, ont arraché mes appareils, micro et un de mes téléphones. J’en avais un autre dans mes chaussettes. Ils ont tout arraché et cachés sur le goudron. Ils m’ont embarqué dans un véhicule de la CMIS stationné à côté de l’arrêt de bus. Entretemps, Bafoé est venu en courant, quand il m’a vu dans le véhicule, il a crié sur les policiers qui m’ont embarqué. Il les a insultés. Ils m’ont descendu », a-t-il témoigné.
Après s’être réfugié dans le quartier pour envoyer ses premiers éléments, Mouctar retourne au stade. « J’ai vu un déménagement indescriptible, une foule. Je peux vous dire au bas mot qu’il y avait plus de 50 mille personnes au stade. Je n’ai pas compté, mais je me dis à peu près vous pouvez avoir 50 mille personnes au stade. (…) Après chacun se cherchait. Je suis sorti vers la porte par où entrent les joueurs. Je voulais sortir par le mur pour aller vers les rails, mais je ne pouvais pas grimper le mur. Après, je suis allé derrière la tribune et j’ai rencontré mon ami Amadou Diallo, le correspondant de BBC Afrique. Lui et moi avons cherché un abri. Derrière la tribune, au terrain de tennis et basket, il y avait des bâtiments en chantier, nous sommes rentrés là-bas se cacher. Nous sommes restés là-bas longtemps. Après l’accalmie, nous sommes sortis. Cinq bérets rouges nous ont arrêtés et insultés. Ils nous ont dit, on va vous tuer. “Mettez-vous à genoux”, mon ami Amadou s’est mis à genoux et moi j’ai refusé parce que je ne suis pas manifestant, je suis journaliste. Il y a un des bérets rouges qui m’a cogné dans mon dos, je suis tombé dans la boue. Je me suis mis à genoux. Il a sorti son arme et a mis sur ma poitrine, il a dit “on va te tuer, te flinguer”. J’ai dit dans un cri de désespoir que si ça peut sauver la Guinée, n’hésite pas. Dans cette discussion, trois plus hauts gradés sont arrivés en courant et on dit : “laissez-les, ne les tuez pas ce sont des journalistes, levez-vous”. Un des officiers appelle un policier pour nous faire sortir », a relaté Mouctar Bah à la barre.
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