Lu chez nos confrères du site Ledjely.com : Les colonels Goïta, Doumbouya et Damiba se seraient-ils concertés ? Ou bien serait-ce que tous trois ont hérité de situations identiques ? En tout cas, on remarquera que chez chacun d’eux, il est fondamentalement question de la refondation. Au Mali, ce sont les Assises de la refondation qui ont accouché du chronogramme problématique. En Guinée, la refondation de l’Etat est l’expression que l’on est sûr de retrouver dans tous les discours prononcés par les administrateurs publics. Et au Burkina Faso, le colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, dès sa toute première adresse post-coup d’Etat, s’élevait contre le détournement du processus de « refondation de notre Nation ». La refondation, à la fois un prétexte et un programme pour les putschistes arrivés aux affaires dans l’ouest-africain. Sauf que cette fameuse refondation, le grand public ne sait pas à quoi elle renvoie. Une imprécision qui n’est manifestement pas anodine. En effet, c’est de cette confusion entretenue à souhait que découle le flou sur la durée de la Transition.
Les auteurs des coups d’Etat au Mali, en Guinée et au Burkina Faso en ont particulièrement après la classe politique dans les trois pays. S’ils ont été amenés à prendre le pouvoir, ce serait parce que les acteurs politiques qui en avaient la gestion ne l’ont pas utilisé à bon escient. Ils s’en seraient même mal servis. Ce qui n’est pas tout à fait faux. Pourtant, à les observer de près, on en viendrait à déceler chez les colonels Goïta, Doumbouya et Damiba quelque chose de foncièrement politique. En effet, les politiques que l’on voue habituellement aux gémonies, comment se caractérisent-ils ? Par la langue de bois, le faux-fuyant, le populisme, la manipulation de l’opinion, l’instrumentalisation de l’espoir des citoyens, etc. Or, ces traits de caractère, on les retrouve peu ou prou chez nos nouveaux messies. Soucieux de plaire, ils adaptent le message à l’auditoire. En quête éperdue de légitimité, ils multiplient les actions d’éclat. Adeptes assumés du langage brouillé, ils s’évertuent surtout à rester les moins précis possible.
La ‘’refondation’’, le concept en vogue dans le sillage des coups d’Etat qui se multiplient dans la région, illustre justement ce goût prononcé pour la confusion. En effet, qu’entend-on par refondation ? Appliquée à l’Etat, cette notion peut avoir plusieurs sens. Elle peut notamment être perçue comme la nécessaire adaptation de l’Etat aux valeurs authentiques des pays. De même qu’elle peut signifier le renforcement des institutions en charge de la gestion des rapports au sein de la société. Bref, de la refondation, chacun peut avoir son opinion. Mais pour les nouvelles autorités au Mali, en Guinée et au Burkina Faso, elle renvoie surtout à un chantier si grand qu’il faudra du temps pour en venir à bout. Elle sous-entend qu’on a hérité d’un immeuble en ruines et que, pour le remettre sur pied, il faudra prendre tout le temps qu’il faut. Ce n’est pas la durée qui est importante, c’est le chantier à réaliser, entend-on d’ailleurs de plus en plus.
Et ce n’est certainement pas par hasard qu’à la différence des coups d’Etat d’il y a quelques années, les derniers cas auxquels on a assisté ont aussi en commun qu’ils ne sont assortis d’aucune proposition de durée pour la transition. Ce sera au peuple de déterminer cette durée. Même s’il n’a cependant pas été consulté pour le choix de la ‘’refondation’’ comme chantier. Sauf que c’est exactement de cette façon que les autres ont procédé jusqu’à leur chute. A savoir entretenir l’illusion de la souveraineté des peuples.
Boubacar Sanso BARRY Administrateur Djely.com