Ce sont des militaires qui semblent talonner nombre de leurs frères dirigeants civils sur le continent et dépasser d’autres dont le « règne » parfois si long et ennuyeux, aura été plus destructeur que bénéfique. Depuis le 5 septembre date de sa prise du pouvoir en Guinée, c’est cette image que nous renvoie le Comité National de Rassemblement pour le Développement (CNRD).
Conscient des erreurs du passé, ce groupe de militaires visiblement prêts a cru devoir prendre en main les destinées du pays avec la ferme volonté de remettre la pendule à l’heure. Ils ont certes appris l’art de la guerre mais dans un monde transversal et interdisciplinaire, il ne suffit pas d’être ce fin connaisseur des rouages de l’État ou ce pur produit d’une certaine école d’administration pour mériter la fonction présidentielle.
Rien ne sert d’avoir de grands diplômes quand on n’a pas à cœur la patrie qu’on est censé servir. Mamadi Doumbouya et ses frères d’armes du CNRD, s’ils ne trahissent pas l’esprit de la révolution en cours, dans quelques mois la Guinée et le monde entier trouveront en eux des soldats à l’image de feux les capitaines Thomas Sankara et Jerry Rawlings.
« Ancien président du Ghana, Jerry Rawlings a appartenu à une génération de jeunes militaires avides de réformes en Afrique de l’Ouest. Son impact sur la vie politique du Ghana s’est avéré unique et durable », lisait-on dans un article de Sabine Sassou (Rfi) paru le 13 novembre 2020.
L’histoire est têtue et l’auteur de rappeler que « Jerry John Rawlings, de son vivant, était déjà entré dans les annales. Surnommé « le rédempteur » au Ghana ou le « Che africain » par la presse internationale, il a fait partie des rares chefs d’État africains à avoir quitté pacifiquement le pouvoir, après avoir réformé leur pays en profondeur. »
Enfin cet autre extrait du même récit décrivant en peu de mots la grandeur d’esprit et de courage de l’homme (Jerry John Rawlings), « l’immortel »
« Chantre de la « bonne gouvernance », cet esprit libre qui ne mâchait pas ses mots est adulé par plusieurs générations d’Africains pour les valeurs d’intégrité et de respect du peuple qu’il défendait. Il représente pour certains une figure héroïque, de la même envergure que le capitaine Thomas Sankara, avec qui il avait des liens d’amitié. »
Aujourd’hui, les œuvres de ces deux grands panafricanistes et hommes en treillis inspirent beaucoup de jeunes révolutionnaires africains parmi lesquels le Colonel Mamadi Doumbouya et ses camarades s’inscrivent progressivement au regard des actes combien rassurants qu’ils ont posés et continuent de poser en moins de deux mois d’exercice du pouvoir.
Après la promulgation de la charte et la nomination du Premier ministre de la transition, la nouvelle ossature du gouvernement est aussi connue. 25 départements ministériels et deux secrétariats généraux (celui du gouvernement et celui chargé des affaires religieuses).
Autant dire que la prochaine équipe gouvernementale sera moins pléthorique et peu gourmande que les précédentes. La rupture dans la nouveauté avec un Premier ministre technocrate (Mohamed Beavogui), loin du sérail, est un gage sûr de la dynamique de progrès qu’ambitionne le CNRD pour la Guinée.
À chacun d’y adhérer sans préjugé aucun. Ensemble nous devons travailler à l’image de marque de la Guinée otage de plusieurs années de gestion basée sur l’enrichissement illicite.
<< La justice sera la boussole qui orientera chaque citoyen >>, a prévenu le Colonel président Mamadi Doumbouya dès le début. Une belle promesse dont on ne peut tirer les conclusions qu’après la transition.
Habib Thiam