Au moins 49 corps ont été repêchés et une centaine de personnes restent portées disparues, plus de 48 heures après le naufrage d’une embarcation transportant des migrants, au large de la Mauritanie, d’où partent de nombreux Africains désireux de rejoindre l’Europe.
L’embarcation, venue de Guinée, a chaviré dans la nuit de mardi à mercredi avec 160 personnes à bord « au large de Lemhaijratt » à environ 80 km au nord de la capitale Nouakchott, a déclaré vendredi à l’AFP un responsable des garde-côtes mauritaniens.
« Une de nos patrouilles a pu secourir 17 personnes. Jusqu’ici, 49 corps ont été repêchés et enterrés et les recherches se poursuivent » pour retrouver le reste des occupants toujours portés disparus, a-t-il ajouté, évoquant « un bilan provisoire ».
La Mauritanie, pays majoritairement désertique d’Afrique de l’Ouest, bordé par plus de 700 km de côte sur l’Atlantique, est devenu ces dernières années un point de départ pour de nombreux migrants venus de tout le continent, qui tentent de rejoindre l’Europe par la mer.
Au total, « 49 corps ont été déjà repêchés et enterrés », a confirmé à l’AFP la gendarmerie de la zone où le naufrage est survenu.
L’embarcation « avait quitté la Gambie depuis une semaine » avec notamment à bord « des Sénégalais et des Gambiens. Au moment où les migrants ont aperçu les lumières de Lemhaijratt, ils se sont tous mis d’un côté, provoquant son chavirement », a expliqué le responsable des garde-côtes mauritaniens.
Les autorités mauritaniennes avaient indiqué fin juillet avoir secouru plusieurs dizaines de migrants ouest-africains au large de leurs côtes après une panne de leur embarcation partie de Guinée onze jours auparavant, selon les autorités mauritaniennes.
– coups des gardiens –
Dans un rapport publié mercredi, Human Rights Watch (HRW) fustige l’attitude des autorités de Mauritanie à l’égard des migrants et demandeurs d’asile et accusant celles-ci de « graves violations des droits de l’Homme » entre 2020 et début 2025.
Ce rapport, basé sur des centaines de témoignages, fait état de tortures, de viols, de sévices physiques, d’arrestations et détentions arbitraires, d’extorsions ou encore d’expulsions sommaires et collectives.
Les témoins interrogés accusent la police, les garde-côtes, l’armée et la gendarmerie mauritaniennes d’être les auteurs de ces actes.
Des dizaines de migrants passés par les centres de rétention mauritaniens ont décrit à HRW des « conditions et des traitements inhumains », comme le manque de nourriture, les mauvais conditions d’hygiène et des coups infligés par les gardiens.
Les autorités mauritaniennes ont refoulé des migrants « dans des lieux reculés le long des frontières avec le Sénégal et le Mali, où l’aide est limitée, et dans la région de Kayes au Mali, où la situation sécuritaire mettent les personnes en danger », affirme également HRW.
L’ONG dénonce également les accords passés avec la Mauritanie par l’Union européenne et l’Espagne « pour externaliser le contrôle des flux migratoires » en dépit de ces violations.
Des dizaines de milliers de migrants sont morts ces dernières années en tentant de rejoindre l’Europe depuis l’Afrique via l’archipel espagnol des Canaries, à bord d’embarcations souvent surchargées.
Sur la seule année 2024, le bilan établi par l’ONG espagnole Caminando Fronteras recense 10.457 personnes mortes ou disparues en mer.
Après une année record en 2024, marquée par l’arrivée de 46.843 migrants aux Canaries, le rythme s’est nettement ralenti ces derniers mois, selon le ministère espagnol de l’Intérieur.
Celui-ci a recensé 10.882 arrivées entre janvier et mi-mai, soit une baisse de 34,4 % par rapport à la même période l’année précédente.
AFP