Après l’adoption d’un chronogramme de 36 mois comme durée de la transition par le CNT à travers une résolution, les idées divergent entre acteurs politiques, citoyens, et Pouvoir autour de la question des 36 mois. Une grande partie de la classe politique prend de la distance face au pouvoir qu’il avait cependant acclamé le 5 septembre 2021 après le coup d’Etat.
Pourtant les réformes engagées par le CNRD dirigé par le colonel Mamadi Doumbouya sont tangibles sur le terrain même si par endroit des ratés sont remarqués. En un laps de temps il a pu mettre en place la Cour de Répression des Infractions Economique et Financière (CRIEF). Cet organe a permis de traquer quelques cadres pour leurs gestions antérieures. Le colonel et son équipe ne se sont pas limiter à la mise en place de la CRIEF, ils ont également instruit au gouvernement de mener une campagne d’identification et de récupération des domaines bâtis et non bâtis de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national. Le CNRD a engagé de vastes réformes au sein de l’administration. Un bon départ pour un assainissement économique financier et des réformes juridiques non négligeables. Bien sûr que l’unanimité est impossible dans une œuvre humaine de ce genre.
Seule la finalité donnera ou non raison aux tenants du pouvoir militaire ou bien à ceux qui restent dans une position d’opposants farouches.
C’est dire qu’il serait prématuré de tirer une conclusion face à un vaste chantier dont l’exécution ne fait que commencer.
Aujourd’hui, que la durée de la transition est diversement appréciée, que la liberté de manifester sur la voie publique est mise à dure épreuve, le bon sens devrait guider les esprits pour que cette nouvelle occasion ne soit pas perdue comme tant d’autres pour la Guinée. C’est pourquoi, les guinéens dans leur écrasante majorité devrait s’investir pour la construction d’une véritable démocratie et d’un État de droit.
Un État de droit qui nous sauverait des dérapages semblables à ceux accumulés au fil de nombreuses années. Ainsi chaque guinéen pourra se rendra à l’évidence que désormais nul n’est au-dessus de loi autrement dit, gouvernants et gouvernés sont des justiciables.
Puisque les autorités militaires ont ouvert la voie pour que force soit à la loi, il serait raisonnable de saisir cette bonne occasion pour construire un véritable environnement de prospérité et de liberté guidé par le respect de la constitution future et des règles adéquates de bonne conduite.
Prétendre qu’un régime transitoire ne doit pas poser les jalons d’un régime future serait une grave erreur. Car, l’histoire nous a toujours enseigné que les différentes constitutions élaborées en Guinée et surtout la dernière dont certains dispositifs étaient verrouillés ont été flagramment violés par les tenants du pouvoir. Ce qui a toujours conduit les guinéens à souffrir des violations flagrantes des droits de l’homme auxquelles se sont ajoutés une gestion économique et financière ponctuée de détournements faramineux au détriment du peuple qui est toujours resté une victime sans défense.
Devrons-nous alors négliger, voir oublier les crimes de sang et ceux économiques et financiers inqualifiables qui ont plongé jusqu’ici la guinée dans un retard sans précédent ?
Le patriotisme commande de baliser un chemin conduisant à un régime démocratique à la hauteur des espoirs. Or, nul ne saurait faire des omelettes sans casser des œufs. C’est donc par la douleur des réformes que naitra le bonheur des guinéens.
Souleymane Diallo journaliste parlementaire.