Dans le cadre de la mise en œuvre du programme d’Appui au gouvernement Guinéen dans la lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées (2019-2021), l’organisation internationale pour la migration (OIM) a établi un partenariat avec l’ONG Jeunesse Secours. Un partenariat relatif à la mise en œuvre d’une campagne de sensibilisation et d’activités de communication sur les risques liés à la traite d’êtres humains et à la migration irrégulière dans les 8 régions administratives du pays. Cette activité a duré six (6) mois. Pour davantage interpeller les différents décideurs et acteurs concernés dans la lutte contre la migration irrégulière et la traite des personnes, l’ONG jeunesse secours en collaboration avec l’OIM et le Comité de lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées (CNLTPPA) a organisé une conférence d’information, de sensibilisation et de plaidoyer sur ces fléaux. La rencontre a eu lieu ce mardi 22 décembre 2020 à l’Université Koffi Annan de Guinée à Conakry et a connu la participation de nombreux étudiants, elle avait pour thème : « la traite d’êtres humains et à la migration irrégulière ».
Selon le Directeur Exécutif de l’ONG Jeunesse Secours, Salomon Dopavogui, l’objectif de cette conférence est d’informer les familles, la société civile et les communautés sur les risques liés à la traite et à la migration irrégulière afin qu’elles soient prêtent à collaborer pour mettre fin au trafic, à la traite et contrecarrer la migration irrégulière. Fort des résultats et enjeux liés à ces deux fléaux, ils ont jugé utile d’organiser une conférence d’information et de plaidoyer sur la traite d’êtres humains et la migration irrégulière tenant lieu de clôture officielle du projet.
Il s’exprime : « Comme nous le constatons de nos jours la migration irrégulière et la traite des êtres humains sont des fléaux mondiaux qui affectent la vie et le bien être de plusieurs millions de personnes à travers le Monde en général et le continent Africain en particulier et singulièrement notre pays, la Guinée. Ces fléaux sont sources de désenchantement et de malaise mais aussi objet d’enrichissement illicite de réseaux mafieux dont l’avidité, la cruauté et la puissance de manipulation sont sans limite », a-t-il indiqué
En se basant sur des rapports internationaux, monsieur Dopavogui a dit qu’: Aujourd’hui le trafic d’être humain est devenu la troisième source de revenus illicite après la vente de la drogue et des armes. Le rapport intitulé « Estimations mondiales de l’esclavage moderne: le travail forcé et le mariage forcé» (2017): Cette estimation est réalisée par l’Organisation internationale du Travail (OIT) et la Walk Free Foundation (WFF) en collaboration avec l’OIM. Ce rapport de 2017 estime qu’en 2016, 40 millions de personnes étaient victimes de l’esclavage moderne. Sur ce total, près de 25 millions de personnes étaient victimes du travail forcé et 15 millions d’autres de mariages forcés. En Guinée même si nous n’avons pas de données exhaustives, force est de reconnaître que la traite des personnes est ancrée dans nos coutumes et traditions ce qui les rend difficile à détecter et à combattre (mariage forcé, mendicité forcée, le travail domestique etc. » a-t-il ajouté.
De renchérir, le représentant de l’OIM à cette conférence, Maximalian Diaz, a lui aussi expliqué les risques et dangers de la migration irrégulière et plus particulièrement de ceux de la traite d’êtres humains, à laquelle les populations autochtones, les personnes ayant un faible niveau d’éducation, les femmes et les enfants sont particulièrement exposés. : « La traite des êtres humains est une violation des droits de l’Homme réprimée par le code pénal Guinéen en son article 323. Pouvant revêtir de nombreuses formes, la traite des personnes est difficile à détecter et les réseaux sont de plus en plus sophistiqués rendant difficile la réponse adaptée par les États et les acteurs de terrain. L’OIM coopère avec les écoles et les universités pour atteindre les jeunes, considérés comme les plus susceptibles de partir á l’étranger et de tomber dans le piège des trafiquants. Dans des conditions d’extrême difficulté, l’éducation se révèle importante. C’est un instrument de protection contre la traite, en effet, elle aide à identifier les dangers et à éviter les illusions. Par conséquent, un sain milieu scolaire permet aux jeunes de dénoncer les trafiquants et de devenir porteurs de justes messages pour d’autres jeunes, afin qu’ils ne finissent pas dans le même piège. Ce sont souvent de fausses nouvelles, parvenues à travers bouche à oreille ou véhiculées par les réseaux par les passeurs qui prennent au piège les innocents » a-t-il révélé.
Pour mettre fin à la traite des personnes et à la migration irrégulière, Maximalian Diaz indique que le travail de sensibilisation doit commencer chez nous. Car ce n’est qu’ainsi que nous serons capables ensuite d’éveiller les consciences de nos communautés en les encourageant à s’impliquer afin qu’aucun être humain ne soit plus victime de la traite, a-t-il estimé.
Pour conclure, il dit ceci : « je tiens à souligner également qu’une prise de responsabilité commune ainsi qu’une volonté politique plus ferme, sont nécessaires pour réussir à vaincre ces fléaux, afin d’empêcher que les corrompus et les criminels se soustraient à la justice et aient le dernier mot sur les personnes. La traite des personnes n’est pas une catastrophe naturelle. Elle est causée par l’homme. Nous avons ainsi la capacité d’y mettre fin. Et j’espère que les débats de cette journée nous aideront tous à trouver la manière d’y parvenir. Permettez-moi de signaler que cette campagne de sensibilisation s’adresse également aux parents et les encourage à faire attention à leurs enfants, à parler avec eux, et à établir une confiance pour les empêcher d’être piégés par des trafiquants et des agresseurs les parents doivent repérer tout changement dans le comportement de leurs enfants qui pourrait signaler une exploitation ou des abus potentiels » a mentionné Maximilian Diaz de l’OIM
En tout cas, les abus sexuels ou l’exploitation traumatisent les enfants et ont des conséquences psychologiques graves qui peuvent apparaître immédiatement ou plus tard, a dit en substance Maximilian Diaz.–
Oumar M’Böh pour Lavoixdupeuple