Au-delà de l’extrême violence et de l’horreur des crimes commis ; au-delà de l’indicible, des antivaleurs dégradantes de la dignité humaine, il y avait de l’inquiétude et de l’incertitude. Celles des victimes ainsi que des familles de victimes qui désespéraient tellement que l’attente fût longue.
13 ans après ces évènements ignobles qui ont eu lieu, une matinée du 28 septembre 2008 ; après 13 années d’annonces et d’agendas sans cesse reportés, le procès a débuté le 28 septembre 2022, à une date anniversaire de ce grand massacre.
Ce n’était non plus suffisant pour rassurer des victimes anxieuses à cause des joutes oratoires sur la régularité des procédures à l’entame du procès, ainsi que la comparution des premiers accusés. Il s’agit de Marcel Guilavogui et Moussa Tiègboro Camara, qui ont adopté une posture bien connue en pareilles circonstances.
Cette tendance de très grande morosité au tribunal va très vite évoluer, quand l’ancien aide de camp de l’ancien Président Dadis Camara, au moment des faits, sera appelé à la barre.
Un épisode absolument captivant fera basculer l’opinion. Le procès aussi.
L’ancien commando rangers, dans son boubou de couleur ocre, froufroutant, d’apparence serein et imperturbable, dégageant de la bonne humeur, du haut de sa taille moyenne soutenant une masse corporelle non moins négligeable, se tenant debout comme une tige tout le temps de son interrogatoire qui a duré près de deux heures, a fait un exposé structuré, mieux charpenté avec un raisonnement cohérent.
Les avocats de la défense et de la partie civile eux aussi, ont eu également le même le pressentiment, celui d’avoir à faire à quelqu’un qui apparaît sincère.
A la barre, l’importance du sujet abordé qui relèverait du secret d’Etat en d’autres circonstances, était à la hauteur de l’engouement suscité et de la trop longue impatience de l’auditoire d’entendre un des acteurs clés de cet événement.
Toumba a bien profité de la tribune qui lui est offerte, pour tenter de se blanchir de la caricature qui lui colle à la peau depuis sa tentative d’assassinat contre son ancien patron. Cela, il semble bien l’avoir réussi. Les critiques semblent avoir muté.
Le pestiféré ne semble plus l’être ! Comme pour dire que tant que le lion n’aura pas son propre historien, le chasseur aura toujours raison
Toumba a rappelé que c’est lui qui a informé Dadis du décès du Général Lansana Conté, après qu’il en ait été informé par Beugré, du nom de l’ancien commandant du camp Koundara, atrocement assassiné à la suite de l’incident qui a failli coûter la vie au chef de l’Etat d’alors.
Il a rappelé également que c’est lui qui a interrompu le processus de désignation de du feu Général Toto Camara comme président de la transition, après le décès de Conté.
Aussi, il a informé que c’est lui qui a joué de son influence pour rallier les positions hostiles dans la perspective de la désignation de Dadis, avant d’être écarté de la gestion, quelques mois après.
Son narratif l’a présenté comme étant la véritable victime d’un pouvoir, qui selon lui, a été géré finalement de manière sibylline par le capitaine Président.
Quoi qu’on dise, prudence ou pas, les débats sont relancés. Le chemin est balisé pour la Cour. L’histoire continue de s’écrire. Elle enseigne que plus rien ne restera éternellement impuni.
A défaut d’avoir une justice affranchie de l’emprise de l’exécutif, la roue qui tourne toujours imposera la redevabilité au moment opportun.
In DjomaMedia