Depuis 1992, la journée internationale des personnes handicapées est célébrée chaque année le 03 décembre à travers le monde. Elle vise à promouvoir les droits et le bien-être des personnes handicapées de la société et du développement, à accroître la sensibilisation sur leur situation particulière dans tous les aspects de la vie politique, sociale, économique et culturelle. Cette année, la journée a été célébrée sous le thème « unie dans l’action pour sauver et réaliser les objectifs de développement durable pour, avec et par les personnes handicapées ».
Selon François Dopavougui représentant des personnes handicapées de Guinée, qu’en Guinée depuis 1995, aucune amélioration majeure n’a été faite par les autorités : « Nos préoccupations majeurs se résume sur l’accessibilité à tous les services sociaux de base, l’accès à la formation, à l’emploi, aux sources de revenus, l’accès au transport, à la santé, à l’éducation et même l’accès à des instances de prises de décisions. Vous avez les Nations-Unies ont élaboré une convention internationale sur les personnes handicapées. La Guinée a ratifié depuis 2008. Mais l’application de cette convention demeure une problématique de la part des autorités. Si vous prenez par exemple l’accès aux centres de santé, à la formation et autres sont des problèmes. Pour l’accès à l’emploi, la Guinée a ratifié une convention dénommée la convention 159 de l’OIT en 1995. Mais jusqu’ici aucune disposition officielle et légale n’a été prise pour l’application de cette convention. C’est nous qui avions mené les démarches, faire des plaidoyers pour entamer l’application des conventions de façon informelle. Nous nous battons pour que l’État prenne des dispositions pour mettre en place un mécanisme officiel d’application de cette convention » a-t-il rappelé.
Malgré l’existence des écoles de sourds muets et des malvoyants, les personnes handicapées n’ont pas accès à des postes de responsabilités comme dans d’autres pays, ajoute-t-il : « Les efforts fournis par l’État depuis des années très éloignées. Il y a l’école des sourds et l’école des malvoyants à Ratoma. Mais, ce sont des écoles qui restent aujourd’hui très limitées et le nombre de personnes handicapées est grand. Ces écoles ne peuvent contenir les personnes handicapées. Pratiquement l’État n’a pris aucune disposition étendre ces écoles-là dans les autres communes ou dans les chefs-lieux de régions naturelles, pour qu’à tous les niveaux les enfants qui naissent avec ces handicapes puissent être scolarisés. Si vous voyez par exemple un institut des aveugles de Kankan dont on a démarré les travaux depuis 1995 mais qui n’est pas encore achevé. Voici les défis à relever de la part de L’État. En ce concerne l’emploi des personnes handicapées, jusqu’à nos jours, on n’a même pas pu engager à la fonction publique 200 personnes. C’est ce combat que nous menons actuellement. J’espère qu’avec les dispositions prises ce sont des opportunités pour les personnes handicapées d’être engagées à la fonction publique de façon massive. Sur l’accès aux instances de prises de décisions, rien n’est fait. Nous nous battons tout le temps pour que cela soit, mais jusqu’ici rien n’a été entrepris dans ce cadre. C’est grâce à nos plaidoyers aussi que l’un de nos collègues a été nommé conseiller chargé d’handicap auprès de la Ministre de la Promotion Féminine, de l’Enfance et des Personnes Vulnérables. À part ce collègue, il n’y a pas d’autres personnes. Alors que nous avions plaidé pour que nous soyons des conseillers auprès du département qui traite des questions d’handicape. Dans d’autres pays, il y a même des conseillers de personnes handicapées auprès du Président de la République. Mais chez nous ce n’est pas le cas » a-t-il déploré.
En ce qui concerne les personnes handicapées qui mendient en longueur de journée aux abords des routes parfois très risqué, monsieur Depavogui pense que les associations mènent les campagnes de sensibilisation, mais qu’elles ne peuvent pas les empêcher de mendier : « Nous menons des campagnes de sensibilisation. Mais il y a un problème, la loi nationale que nous avons élaboré concernant les personnes handicapées qui a été promulguée par le Chef de l’État demande à ce que des appuis soient accordés à ces personnes handicapées qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école afin qu’ils mettent en place des activités génératrices de revenus. Mais malheureusement, ces personnes ne bénéficient aucun appui financier pour qu’ils soient autonomes. C’est ça le problème. On ne peut pas interdire à quelqu’un de ne pas aller mendier alors que tu ne l’accorde aucun appui. C’est écrit dans la loi. C’est lorsque vous accordez un appui, vous pouvez l’interdire d’aller dans la rue » a clarifié le représentant des personnes handicapées.
Tamba Bakary Sandouno