L’hôtel Onomo de Conakry a été le cadre d’un atelier de haut niveau de réflexion, d’échanges et de partage axé autour des enjeux et défis semenciers, réunissant les acteurs clés impliqués dans le secteur des productions céréalières. Il a été question de faire les présentations des objectifs, des résultats, des textes et lois en vigueur sur les systèmes semenciers pratiqués par les OPA et les centres de recherche ; la formulation des recommandations en vue d’élaborer une feuille de route pour la suite et enfin échanger avec la coordination régionale sur la question foncière dans le cadre du projet FPH.
Pendant 2 jours, les 05 et 06 février 2021, des séances de groupes ont mobilisé vingt (20) participants représentant les Organisations Paysannes; le Ministère de l’Agriculture, l’Institut de Recherche Agronomique (IRAG), les entreprises privées et les acteurs du secteur professionnel ou de la société civile (qualifié de non formel) venus de plusieurs zones du territoire national notamment des groupements de paysans de Koundara, de Gaoual et de Sérédou, de la Fédération des paysans de Pita, de la Fédération des Organisations paysannes de la Basse Guinée.
Les semences font partie des éléments essentiels de la production agricole. Et force est de reconnaitre le rôle capital que jouent les paysans locaux dans la production et la conservation de ces ressources génétiques végétales. Mais ils font face à des difficultés grandissantes dans leur recherche de semences de qualité et pour garder leur autonomie en matière d’intrants. Cependant, malgré ces contraintes, certaines communautés arrivent à trouver des alternatives. Les unes à travers une sélection participative ou une distribution locale basée sur la confiance, les autres à travers une collaboration avec les institutions de recherche. D’où la nécessité d’échanger et de s’accorder sur une feuille de route, objet de la présente rencontre d’informations et de partage d’expériences de Conakry.
Organisé par le point focal de la COPAGEN avec le soutien de l’ONG ACORD-Guinée, le CCFD–Terre solidaire, l’atelier a planché sur les actions permettant d’anticiper sur les conditions d’une sécurité semencière pour une bonne impulsion des activités agricoles l’échange autour des politiques et textes règlementaires semenciers au niveau national et sous régional en vue d’une meilleure information sur les enjeux ; le partage d’expériences et de recherches sur les semences ; l’échange participatif autour du système de production, de conservation et distribution des semences paysannes au niveau local ; l’élaboration d’une feuille de route consensuelle en vue d’une meilleure valorisation des semences paysannes.
En outre, il a mis en discussion les points de vue de différentes communautés d’acteurs clés impliqués dans la production et le stockage des semences, les politiques semencières, la question des organismes génétiquement modifiés (OGM), leur présence ou non en Guinée, et le rôle des différents acteurs dans la promotion et la prise en compte des productions semencières dans notre pays.
Ouvrant les travaux au nom du ministre délégué à la présidence de la République chargé de l’Agriculture et de l’Elevage, le Directeur National de l’Agriculture, Elhadj Mohamed Lamine Touré, a commencé ses propos par remercier les acteurs semenciers présents dans la salle pour avoir honoré de leur présence, cet atelier dont le thème est d’une grande importance pour notre ministère. Selon lui, l’agriculture guinéenne souffre de son faible accès aux marchés sous régionaux et régionaux à cause de l’insuffisance des infrastructures et l’accès des semences de qualités adaptées. Avant de déclarer ouverts les travaux de l’atelier de partage d’expériences sur les semences paysannes, Il souhaita plein succès aux travaux.
Bien avant, il est revenu à Monsieur Macky BAH, le point focal de la COPAGEN, dans son discours de bienvenue, de remercier l’ensemble des participants pour leur mobilisation et l’intérêt qu’ils portent sur le thème de l’atelier. Il a donné d’amples informations sur les objectifs visés par le présent atelier au regard de tous les enjeux qui y sont liés. Il a aussi remercié le CCFD et la COPAGEN pour leurs accompagnements avant d’exprimer son espoir de voir les différents acteurs de faire sienne, cette problématique et approfondir les réflexions.
Tour à tour, Monsieur Jean Paul Sikeli, Directeur exécutif de la COPAGEN) et Mme Aissata Yattara représentante de la CNOPG, ont parlé de l’importance des semences avant de plaider pour une meilleure adaptation du cadre juridique et institutionnel, l’actualisation du catalogue national semencier, le contrôle sur l’entrée des semences étrangères (espèces animales et végétales) etc.
S’agissant du déroulement de l’atelier des panélistes se sont succédés pour présenter des thèmes aussi importants que variés sur:
- la politique semencière nationale : Ibrahima Diallo (DNA)
- la recherche sur les semences : Dr Billo Barry de l’IRAG.
- des résultats de l’étude d’analyse réalisée par la COPAGEN sur l’autonomie semencière des exploitants familiales ; quel cadre législatif sur les semences paysannes (Mamadou Moussa Diallo, Consultant).
- des politiques et réglementation semencières au niveau international et sous régional et les enjeux qui en découlent (M. Jean Paul Sikeli, Directeur Exécutif de la COPAGEN).
- le positionnement et le travail de la COPAGEN, de la convergence sur la problématique des semences (M. Jean Paul Sikeli, Directeur exécutif de la COPAGEN).
- Echange participatif autour du système de production, de conservation et distribution des semences paysannes au niveau local (Elhadj kourawé, FPFD).
- Présentation de l’expérience de la Basse Guinée-Riz et semences maraichères (M. Kabinet Fofana, FOPVS)
- l’expérience de Sérédou sur les bio-pesticides (M. Toupou de l’ONG ASODER).
Lors des différents débats, les participants ont échangé sur les différentes présentations des panélistes, les résultats des activités menées jusque-là sur le terrain et discuté collectivement des déterminants d’évolution de ce secteur, des synergies existantes entre les acteurs, des divergences, des stratégies d’actions, des besoins de renforcement de capacités. Mieux, les échanges entre différents acteurs (OP, OSC, Recherche, Universités, Services techniques de l’Etat) ont été renforcés ; des expériences et de recherches sur les semences ont été partagées ; les participants ont davantage perçu l’intérêt de préserver, de valoriser et de promouvoir les semences paysannes et l’agroécologie ; une feuille de route consensuelle pour une meilleure valorisation des semences paysannes a été élaborée.
Des recommandations sous forme de feuille de route ont été faites :
- Solliciter une révision de la politique nationale semencière de manière participative et inclusive.
- Faire états des lieux de la question semencière pour le développement des outils mieux adaptés à la sécurisation des semences paysans.
- Plaidoyer pour la reconnaissance et la vulgarisation des semences paysannes par les textes nationaux et sous régionaux ?
- Actualiser le catalogue national des espèces et variétés végétales par zone.
- Améliorer les autres méthodes de lutte contre les nuisibles des plantes et autres denrées autre que la lutte chimique.
- Promouvoir la création des banques de semences par région naturelle ;
- Améliorer la vulgarisation de la politique semencière et la connaissance du catalogue nationale des espèces et variétés végétales ;
- Plaidoyer pour la mise en œuvre du traité de la CEEDEAO sur les semences à travers l’élaboration de ses textes d’application.
- Faire un plaidoyer sous régional avec les autres acteurs pour la prise en compte des semences paysannes.
- Encourager les foires semencières sous régionales.
Au nom des participants, Elhadj Kourahoy Diallo de la Fédération des paysans producteurs du Fouta (FPPD), a exprimé toute sa satisfaction par rapport à la pertinence du thème de l’atelier et à la qualité des discussions. Cependant, il a exhorté l’ensemble des acteurs présents à s’impliquer davantage pour épauler le ministère de l’agriculture dans ses différentes initiatives tout en gardant une attention particulière sur la prise en compte des préoccupations des paysans par le cadre juridique et institutionnel relatif à l’Agriculture. Ensuite, il a remercié la COPAGEN Guinée et a formulé des prières et bénédictions pour la mise en œuvre de la feuille de route, issue des discussions.
Source/myguinee.com