Alors que le projet Simandou entre dans une phase décisive, une question revient souvent dans le débat public : pourquoi la Guinée ne possède-t-elle que 15 % de ce gigantesque chantier minier ?
Pour y répondre, il faut d’abord comprendre l’ampleur exceptionnelle de l’investissement.
Un projet hors norme
Simandou n’a rien d’un projet minier classique. Son coût global avoisine 20 milliards de dollars, un montant équivalent à près de la totalité du PIB annuel du pays. Cet investissement colossal servira à financer :
- plus de 600 kilomètres de chemin de fer traversant le pays,
- un port en eau profonde sur la côte guinéenne,
- des infrastructures industrielles majeures,
- et l’exploitation de l’un des plus vastes gisements de minerai de fer au monde.
De tels chantiers requièrent des moyens financiers, techniques et logistiques dont très peu d’États disposent. La Guinée n’échappe pas à cette réalité.
Pourquoi 15 % ? Une question de capacité financière
Face à ces montants et à la complexité du projet, la Guinée ne peut, à elle seule, mobiliser les fonds nécessaires. Ce sont donc les partenaires étrangers qui apportent la quasi-totalité du capital ainsi que les équipements, les machines, l’expertise technique et la logistique.
En contrepartie de cet investissement massif, ils obtiennent une part majoritaire dans la structure du projet.
L’État guinéen conserve néanmoins 15 % d’intérêts gratuits, sans avoir à contribuer financièrement à l’investissement initial.
Un faible pourcentage, mais un impact majeur
Malgré cette participation minoritaire, les retombées pour le pays sont considérables :
- création de dizaines de milliers d’emplois,
- construction de nouvelles routes et infrastructures,
- recettes fiscales et douanières,
- développement de corridors économiques,
- et surtout, un levier stratégique pour l’avenir du secteur minier national.
Ces 15 % représentent un pied dans la gouvernance du projet et ouvrent la voie à une montée en puissance progressive à long terme.
Simandou 2040 : préparer l’après-fer
L’État mise également sur le programme Simandou 2040, qui vise à transformer les revenus générés par le minerai de fer en investissements structurants dans d’autres secteurs clés :
raffineries d’alumine, transformation de l’or, agriculture, industrie, technologies…
L’objectif : diversifier l’économie et renforcer l’indépendance financière du pays.
Une réalité économique incontournable
Dans ces conditions, la vraie question n’est pas de savoir pourquoi la Guinée n’a “que” 15 %.
La question est plutôt : comment un pays pourrait-il financer seul un projet dont le coût équivaut presque à tout son PIB ?
Mohamed CONDE










