Dans un pays où l’importation domine le marché de la technologie, une initiative locale vient bousculer les habitudes. La production de laptops “Made in Guinea” prend une ampleur inattendue et s’inscrit pleinement dans le projet Simandou 2040, un programme gouvernemental structuré en cinq axes majeurs, dont les infrastructures, le transport et la technologie.
Lors d’une émission consacrée à cette avancée à la Radio Parlementaire au Parlement guinéen, le promoteur du projet, Aliou Diop a mis en lumière la capacité de production de son équipe, estimée à 100 ordinateurs par jour avec possibilité d’extension jusqu’à 1 000 unités quotidiennes, à condition d’un soutien accru des autorités et des partenaires.
Pour rappel, la cérémonie officielle du lancement de cette initiative a été présidée par le Premier ministre, chef du gouvernement Amadou Oury Bah, accompagné du ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’innovation, Alpha Bacar Barry. Cette présence montre l’intérêt stratégique porté à ce projet, qui ambitionne de réduire la dépendance technologique du pays et de favoriser l’émergence d’une industrie locale compétitive.
Un défi demeure cependant, celui de convaincre l’administration et les institutions de privilégier les produits fabriqués localement plutôt que les équipements importés. Le promoteur du projet, conscient de cet enjeu, a multiplié les démarches auprès des ministères et des directions publiques pour démontrer la fiabilité et la compétitivité des ordinateurs ‘’Made in Guinea’’. Certains acteurs économiques et des sociétés minières ont déjà franchi le pas en intégrant ces ordinateurs dans leurs équipements.
La question du prix est également au cœur des débats. Contrairement à une idée reçue, les laptops ‘’Made in Guinea’’ sont proposés à des tarifs inférieurs à ceux des modèles importés. Par exemple, un ordinateur Core i7 assemblé localement coûte deux fois moins cher que son équivalent sur le marché international. Cette compétitivité tarifaire s’explique par l’optimisation des coûts de production et l’absence de frais de douane élevés.
Si le gouvernement venait à officialiser une commande publique conséquente, cela permettrait non seulement de dynamiser la production mais aussi de créer de nombreux emplois pour les jeunes Guinéens. En effet, les perspectives d’agrandissement de l’usine et l’embauche de nouveaux techniciens sont conditionnées à l’augmentation des volumes commandés.
Au-delà des ordinateurs, la question des applications et logiciels adaptés aux réalités guinéennes est également soulevée. Des collaborations avec des développeurs locaux sont en cours pour doter ces machines de programmes spécifiques à l’éducation, à l’administration et aux entreprises.
M’Böh Oumar