La préfecture de Dinguiraye est confrontée à un problème de stratégie lié à la vaccination des enfants. Dans cette préfecture de la Haute Guinée, la couverture vaccinale est non seulement au rouge, mais aussi le taux d’abandon de postes au sein des structures sanitaires est très élevé avec plus de 40%. A cela s’ajoute, le manque de moyens logistiques adéquats.
Selon le Directeur préfectoral de la Santé (DPS) de Dinguiraye, Dr Mamadi Kaba : « Je suis en manque de ressources humaines, la plupart de nos agents sont mutés à Conakry. Ce qui fait que nous n’avons pas de ressources humaines qualifiées en quantité. La plupart de nos structures sont gérées par les bénévoles, stagiaires. Aussi, l’abandon de postes est très élevé, nous sommes autour de 30 à 40%. C’est pour cette raison que j’ai demandé à la Région de Faranah, à ce que le Ministère de la Santé enlève ceux-ci au compte de notre effectif. Et quand ils seront enlevés, on aura les vrais statistiques à Dinguiraye qui est en manque de personnel, le besoin accru est là. En ce qui concerne la vaccination, nous étions récemment en réunion pour la campagne de vaccination. Le constat est amer, parce que le taux de vaccination est très faible, c’est-à-dire au rouge. Malgré la gratuité, les populations n’acceptent pas du tout. Dès que les nos agents arrivent sur le terrain, ils ne trouvent pas d’enfants sur place. C’est pourquoi la couverture vaccinale à Dinguiraye est très faible, nous sommes dans le rouge » a-t-il souligné.
Interrogé, un natif a dit que : « la Direction Préfectorale de l’hôpital, doit avoir à sa tête des autorités respectables et responsables acceptées par les communautés à la base. Chose qui pourra amener ces communautés à adhérer facilement aux programmes de vaccinations. Mais lorsqu’une autorité est aimée dans une localité, dès qu’elle parle tout le monde adhère. Parce qu’il y a une confiance des uns et des autres. Donc, au Ministère de prendre ses responsabilités pour que la situation change positivement ici à Dinguiraye » a-t-il dit sous couvert d’anonymat.
S’agissant du taux d’abandon de postes très élevé, un cadre de la DPS propose une solution durable : « je souhaite à ce que les contractuels résidents qui sont avec nous ici sur le terrain, soient recrutés. Parce qu’ils sont déjà sur place. Une manière d’encourager la fonction publique locale, si cela est fait, on aura un très faible taux d’abandon de postes » a-t-il suggéré.
Lors du récent séjour d’un de nos reporters sur Dinguiraye, un médecin de l’hôpital préfectoral lui a confié ceci : « Monsieur le DPS fait des mutations sous conditions (la corruption). Ces prises de décisions sont toujours rejetées par les autorités préfectorales. Il a fait 6 prises de décisions qui ont été rejetées par monsieur le Préfet. Le dernier cas date du13 janvier 2024, où il a voulu faire une permutation entre le chef de poste de Boukariah en la personne de Souleymane Samoura et Amadou Oury Diallo, chef de poste de Fandanda moyennant quelque chose. Aussi, le DPS ne veut sentir aucun agent natif de Dinguiraye à ses côtés. En plus, il s’ingère dans la gestion des salaires des fonctionnaires qui ne sont pas virés, d’où source de Quiproquo entre lui et le directeur des ressources humaines ; les autorités préfectorales ou communales en savent quelque chose. Quant au directeur préfectoral de l’hôpital de Dinguiraye(DH), lui il n’est pas bien imprégner sur la notion de gestion hospitalière. Dans cet hôpital, les patients se plaignent de la prise en charge des urgences obstétricales à la maternité de Dinguiraye. Il fait une prise en charge sélective des contractuels de l’Etat » a-t-il décrit.
Interrogé suite à ces accusations, le DPS Mamadi Kaba a nié en bloc avant de se défendre en ces termes : « Pour le cas de Samoura là, c’est quelqu’un qui était avant dans un poste et maintenant, il m’a dit quela communauté est en train de le réclamer pour qu’il retourne à Boukarya. J’ai dit d’aller voir son chef de centre si son chef de centre l’accorde de m’envoyer le papier. C’est ce qui fut fait, le chef de centre a dit que c’était possible. C’est la population qui l’a réclamé. Ils sont venus et nous avons pris la décision. Quel argent il peut me donner pour ça là ? Je suis au-dessus de ça. En ce qui concerne la situation des salaires des fonctionnaires, depuis longtemps je ne gère plus cette situation. Elle se trouve au niveau des ressources humaines. Vous savez, il y avait des gens qui étaient au billetage, c’est le ministère même qui a envoyé leurs attestations de scolarité ; quand ils avaient envoyé leur argent nous leur avions demandé d’aller au virement et depuis cette date, personne n’est au billetage. Ils sont tous au virement » a-t-il expliqué.
Pour sa part, Dr Michel Lamah, directeur général par intérim de l’hôpital préfectoral de Dinguiraye, a évoqué les difficultés que traverse cette structure sanitaire. Des difficultés liées à la logistique mais aussi au personnel soignant. Il a déclaré ceci : « Depuis que j’ai pris fonction à la tête de l’hôpital de Dinguiraye, j’ai opéré un changement et aujourd’hui, l’état des lieux est satisfaisant. En termes de disponibilité des médicaments, nous n’avons pas de rupture malgré la fermeture des pointes de vente par les autorités. En ce qui concerne l’effectif du personnel, l’hôpital a 18 agents de l’Etat toutes catégories confondues et il y a 32 contractuels, dont la majorité sont des jeunes diplômés de Dinguiraye » a-t-il souligné.
Parlant des difficultés, Dr Michel Lamah énumère et lance un appel : «les besoins de manière prioritaire, la situation du personnel qui est en nombre insuffisant et en manque de logistique. Car, nos deux Ambulances qui sont en circulation depuis 2014 et 2015 se retrouvent le plus souvent dans les garages, avec l’état de nos routes » a-t-il ajouté.
Oumar M’Böh de retour de Dinguiraye pour www.lavoixdupeuple.info
