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Nommé en février 2024, au poste de Premier ministre, chef du gouvernement de la transition, Amadou Oury Bah a accordé ce dimanche 7 juillet 2024, une interview à nos confrères de BBC. Au cours d’un entretien d’une dizaine de minutes, monsieur Bah a répondu aux questions d’actualité de la République de Guinée, dont entre autres le retour des leaders de l’opposition (Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré) qui se disent être en exil forcé, de la situation de l’électricité qui devient de plus en plus rare dans les ménages depuis plusieurs mois, du cas des médias audiovisuels fermés, mais aussi de la nouvelle constitution et la durée de la transition, que dirige le général Mamadi Doumbouya.
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BBC : Monsieur le premier ministre bonjour. En mars dernier, vous avez annoncé que le gouvernement allait chercher une solution face aux coupures intempestives du courant et trois mois après la situation semble se dégradée. Doit-on conclure que le gouvernement manque de solutions?
Amadou Oury Bah premier ministre guinéen : le gouvernement que je dirige a hérité d’une situation difficile. Premièrement, nous avons enregistré l’explosion du dépôt de carburant en décembre dernier. Ensuite, la situation des finances publiques n’était pas satisfaisante. Ce qui a impacté les activités du gouvernement dans la mise en œuvre de certaines de ses obligations. Nous avons été obligés de privilégier des solutions rapides pour subvenir aux besoins fondamentaux de la population.
Au mois de mars dernier, les populations se sont retrouvées sans électricité au mois du Ramadan. Nous avons trouvé un moyen approprié qui est l’interconnexion de la ligne OMVG qui a permis d’acheter de l’électricité du côté du Sénégal. Quelque chose de l’ordre de 120 MW à 60 MW en fonction de la possibilité de livraison que le Sénégal pouvait assurer. Cela a permis de trouver une solution palliative qui a permis de soulager les populations. L’objectif du gouvernement est de faire en sorte que d’ici l’année prochaine, c’est-à-dire d’ici la fin du mois de mai 2025, que la Guinée pourra sortir définitivement de la situation de pénurie d’électricité.
Monsieur le premier ministre, six (6) médias sont toujours suspendus malgré des échanges que vous avez eus avec les responsables de presse. Et votre promesse est que la situation allait revenir à la normale. Pourquoi rien n’a changé jusqu’à présent ?
PM: Beaucoup de choses ont changé. J’ai été nommé à la fin du mois de février 2024. Le 06 mars j’ai invité les hommes et femmes qui gèrent les médias à une première rencontre pour m’enquérir de la situation qui prévaut dans ce secteur pour chercher une solution pour une normalisation des relations entre certains médias et la puissance publique. Après avoir eu l’accord du Président de la République sur la normalisation, le 02 mai j’ai réinvité les mêmes acteurs pour les dire voilà la situation va se normaliser. Vous vous êtes engagés à fournir une charte d’autorégulation du secteur, cela veut dire que ce sont les médias qui deviennent les acteurs de leur propre autorégulation ; je souhaite avoir cela dans les meilleurs délais. Au lieu de travailler sur ce registre, certains médias se sont engagés dans une attitude qui n’était pas conforme à ce que devrait constituer la charte d’autorégulation. Une décision est intervenue qui a mis cette volonté de normalisation. Qui en est le responsable ? Ce n’est pas le gouvernement. Ce sont les médias.
Vous voulez dire que certains médias s’étaient mis à critiquer les actions du pouvoir ?
Ce n’est pas la critique qui est condamnable. Nous voulons une presse libre, objective, qui permet un réel débat. Mais nous ne pouvons pas tolérer des médias qui entretiennent un climat de haine et de forme de déstabilisation du pays. Nous sommes dans un contexte de transition, nous sommes également dans un contexte régional fragilisé. En interne nous avons à faire à beaucoup de situations et nous devons veiller à la stabilité du pays.
Et aujourd’hui, est ce que des démarches sont en cours et que faut-il vraiment pour que vous acceptiez de trouver une solution à ce problème ?
PM: le climat de confiance a été rompu. Il faut laisser le temps au temps pour amener à une reconsidération de ce dossier. J’ai été fortement dessus de constater que l’action que je menais n’a pas été accompagnée de manière intelligente par ceux et celles qui pouvaient bénéficier de cette normalisation.
Monsieur le premier ministre, à quand le retour à l’ordre constitutionnel en Guinée ?
PM : l’objectif principal pour l’année 2024 c’est l’organisation du referendum constitutionnel à la fin de l’année. Lorsque ceci sera fait cela veut dire que nous avons un fichier électoral qui permettra de servir pour l’organisation des autres élections.
Mais vous vous étiez prononcé en faveur d’un glissement. Est-ce que vous voulez dire que la situation n’est pas sereine pour que les guinéens aillent aux urnes à la fin de 2024?
PM : comment aller aux élections si on n’a pas de fichier électoral ? Le fichier que nous avons hérité de l’ancien régime était fortement contesté par la population dans sa grande majorité, contesté même par des organisations internationales. Vous voulez qu’on utilise ce qui a mis notre pays dans une situation explosive pour organiser des élections pour un retour à l’ordre constitutionnel ? Ce serait manquer de responsabilité et sa vision et de sacrifier l’avenir de la Guinée. Nous voulons un fichier crédible, incontestable qui permettra à la population de choisir les dirigeants de la Guinée.
Trois pays dirigés par des militaires ont annoncé leur retrait du bloc sous regionnal (cedeao ). Comment cela est perçu du côté guinéen ?
PM : la Guinée a des bonnes relations avec la cedeao. Donc, de ce point de vue il n’y a aucun problème. Nous avons également exprimé le fait que l’appartenance de certains pays de la cedeao à l’AES n’est pas contradictoire avec leur appartenance à la cedeao. La question sécuritaire est un aspect principal qui concerne le Niger le Mali et le Burkina Faso. C’est compréhensible que ces pays cherchent les voies et moyens de mutualiser leurs efforts afin de lutter contre le djihadisme et le terrorisme dans leurs pays. A notre avis ça ne devrait pas être une raison qui les amènerait à s’éloigner de l’organisation régionale.
Dans le cadre de la décrispation politique vous avez été en Guinée vous avez été un des farouches opposants aux régimes passés aujourd’hui vos collègues Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré peinent à revenir au pays parce que visés par des procédures judiciaires. Votre arrivée à la Primature pourrait-elle faciliter le retour de ces leaders en Guinée pour continuer à animer l’espace politique?
Je suis particulièrement sensible à la situation pour les exilés et de tous ceux qui sont obligés de quitter pour se réfugier ailleurs. J’en étais un exemple vivant pendant cinq années. Donc, je suis très sensible sur cette question. Par rapport aux personnalités que vous venez de citer, il n’y a aucun élément de la part de la puissance publique qui leur interdirait de revenir dans leur pays.
Par rapport à la CRIEF ils sont cités dans des dossiers ?
PM: comme vous le savez, le principe de la séparation des pouvoirs interdit au pouvoir exécutif de se mêler du pouvoir judiciaire. Et de l’autre côté par rapport à la CRIEF, d’importantes personnalités sont en détention préventive ici dans notre pays. Il serait difficile au gouvernement et à l’exécutif d’une manière générale de simmixer. Que l’opinion voit qu’il y’a du deux poids deux mesures. Ce que nous demandons aux structures judiciaires, c’est de travailler dans le strict respect des droits des personnes qui bénéficient de la présomption d’innocence et que les droits de tous puissent être respectés.
Certains leaders politiques guinéens estiment que vous n’avez pas des coups de franches pour des prises de décisions, que répondez-vous à cela et quelles sont vos relations avec le général Mamadi Doumbouya ?
Je voudrais dire simplement laissons les rentrer dans des conjonctures qu’ils ne maîtrisent pas, qu’ils ne connaissent pas.
Merci monsieur le premier ministre d’avoir accepté cette interview à BBC Afrique.
Propos recueillis par Oumar M’Böh et décryptés par Alpha Moussa Dieng pour www.lavoixdupeuple.info