Le nom d’une jeune fille, celui d’un préfet et un parfum de scandale qui s’installe. Depuis l’arrestation spectaculaire de la Tiktokeuse OuryChou, de son vrai nom Telly Oury Diallo, la toile guinéenne ne parle que de cela. Une élève, interpellée à Hamdallaye alors qu’elle se rendait à l’école, par des hommes encagoulés. Une scène brutale, choquante, qui a immédiatement enflammé les réseaux sociaux et soulevé une vague de questions.
D’abord, le procureur de la République près le tribunal de Dixinn avait évoqué un simple plaignant nommé « Lamarana Diallo ». Mais après vérifications, les recoupements pointent vers le colonel Mamadou Lamarana Diallo, préfet de Télimélé. C’est bien lui, selon des sources concordantes, qui aurait porté plainte pour le vol présumé de 15 000 dollars dans son véhicule. Un montant considérable, signalé le 25 octobre, avant que la jeune fille ne soit arrêtée trois jours plus tard.

Le procureur a confirmé l’interpellation, expliquant qu’elle s’appuie sur des éléments tirés du compte Orange Money de la suspecte et qu’elle s’inscrit dans le cadre légal prévu par l’article 81 du Code de procédure pénale. Mais plusieurs observateurs s’interrogent : pourquoi ne pas avoir convoqué la famille avant d’intervenir ? Pourquoi garder le nom du plaignant secret ? Et surtout, comment une élève se retrouve-t-elle mêlée à une affaire aussi sensible ?
Le colonel Mamadou Lamarana Diallo n’est pas un inconnu. Nommé préfet de Télimélé en 2021, il avait déjà dirigé Labé sous le régime d’Alpha Condé. En 2022, son nom figurait sur une liste du ministère de la Justice mentionnant des soupçons de corruption et d’enrichissement illicite. Des accusations jamais élucidées mais restées dans les mémoires.
L’affaire actuelle vient donc raviver les doutes. Entre la version officielle d’un vol à élucider et les méthodes contestées d’une arrestation, la frontière est mince entre la justice et l’abus d’autorité. Sur le terrain, les voix s’élèvent, demandant clarté, respect de la procédure et équité.
Aujourd’hui, le pays tout entier attend des réponses. Non pas des justifications, mais des faits, des preuves, et une vérité nue, celle qui rétablit la confiance et protège les plus faibles. Car à travers cette affaire, c’est l’image même de la justice guinéenne qui se retrouve sous les projecteurs.
Djoumè Sacko








