Le procès des événements du 28 septembre 2009 se poursuit ce mercredi 3 mai 2023, devant le tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry. Une nouvelle partie est en audition. Il s’agit de Mamoudou Conté. Ce militant de l’Union Forces Républicaines a expliqué que dans la matinée du 28 septembre 2009, lui et beaucoup d’autres militants du parti de Sidya Touré ancien premier ministre, se sont mobilisés à partir de Matam pour rallier le grand stade de Conakry à l’époque.
En dépit des petits obstacles notamment au niveau de Pharma Guinée où ils ont failli être empêchés par des policiers, ils ont pu accéder au stade aux environs de 9h 30. Un peu plus tard, des militaires en béret rouge et d’autres arborant des cauris sur la tête ont fait irruption. Certains tiraient, d’autres bastonnaient des manifestants, a-t-il décrit
Selon lui, quand des militaires ont fait irruption au stade aux environs de 10h 30, il a pu sortir dans des conditions pénibles. Mais avant de sortir, Mamoudou Conté dit avoir vu des hommes en étoffes égorger des manifestants en détresse. Il ne parle pas clairement de viol, mais Mamoudou dit avoir vu également des bérets rouges en train de malmener des femmes dans l’enceinte du palais des sports. D’autres militaires ont sectionné des fils électriques devant des manifestants en débandade, a-t-il témoigné. La partie civile se plaint de bastonnade et de violences. Son téléphone de marque Nokia lui a aussi été retiré par un policier, a-t-elle déclaré. Suite aux violences dont il dit avoir été victime, Mamoudou Conté révèle que ses genoux continuent de lui faire mal. Dans le box des accusés, il n’a indexé personne. Cependant, il tient le capitaine Moussa Dadis Camara et compagnie, pour responsables du massacre du 28 septembre 2009.
Après Mamoudou Conté, c’est Thierno Mamadou Diallo qui est présent à la barre au Tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry. C’est un commerçant né en 1976 à Djountoun dans la préfecture de Lelouma. Il a expliqué qu’il a été interpellé avec deux autres personnes par des civils armés pour être livrés aux gendarmes avant d’être convoyés à l’esplanade du stade du 28 septembre. Il quittait en ce moment au boulot à Concasseur pour rallier son domicile à Hamdallaye aux environs de 8h 30. Quand les tirs ont commencé au stade, il a tenté de s’échapper pour rejoindre le véhicule de la croix rouge de passage, mais sans succès.
Thierno Mamadou Diallo rappelle que c’est devant lui, des tirs ont commencé à retentir. Il dit avoir profité du passage d’un des véhicules de la croix rouge pour tenter de s’échapper, mais en vain. Il est alors pris à partie avant de subir des sévices corporels. Quelque temps après, lui et ses compagnons d’infortune ont été amenés à l’escadron mobile d’Hamdallaye avec d’autres personnes ramassées selon lui, en cours de route par des gendarmes. La partie civile révèle qu’elle a été torturée après avoir été emprisonnée dans les locaux de cette gendarmerie. Thierno Mamadou Diallo témoigne avoir été fouillé et ses objets récupérés, excepté son téléphone qu’il avait caché. Il informe ensuite son frère, et le lendemain il recouvre sa liberté après avoir payé de l’argent. Il porte plainte pour coups et blessures contre ceux qui l’ont arrêté, mais il ignore leur identité, avoue Thierno Mamadou. Il dit qu’il ne sait pas pourquoi il a été interpellé, d’autant plus qu’il ne manifestait pas. Il a fui la Guinée pour aller se faire soigner et s’installer au Sénégal à cause des menaces, parce qu’une de ses photos prises à l’esplanade du stade circulaient à l’époque, a-t-il rappelé.
Ahmed Sékou Camara pour www.lavoixdupeuple.info