Ben Youssouf Keita continue de dérouler son exposé préliminaire au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry. Il a expliqué que dans la matinée du 28 septembre 2009, il est allé de chez lui à partir de 6h en compagnie de son garçon. Il se dirige d’abord chez Cellou Dalein Diallo. Les deux partent ensuite chez Jean Marie Doré aux environs de 8h où ils ont rejoint d’autres leaders. Excepté Jean Marie Doré qui devait recevoir des leaders religieux, tous les autres ont pris la route du stade à pied aux environs de 9h 30. En cours de route, ils ont croisé l’ancien ministre d’état chargé des services spéciaux. Selon Ben Youssouf, le colonel Moussa Tiegboro Camara n’était pas armé et était en compagnie de son garde de corps. Celui-ci a demandé au nom du président de la transition notamment à Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré d’annuler la manifestation à cause de ce que représente la date du 28 septembre. La demande n’a pas prospéré, l’officier s’est retiré. En dépit des tracasseries, les leaders ont été portés en triomphe dans l’enceinte du stade aux environs de 10h. Ben Youssouf rappelle que Dr Mohamed Diané, Bah Oury, Cellou Dalein Diallo, Mouctar Diallo, Sidya Touré et François Lounceny Fall étaient tous de la partie. Le stade était plein à craquer, a-t-il témoigné.
Devant le tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la Cour d’Appel de Conakry, l’acteur politique révèle qu’après avoir été portés au stade, les leaders des forces vives nationales sont restés à la tribune jusqu’aux environs de 11h. C’est en ce moment que les tirs ont commencé, a-t-il relaté. Il dit n’avoir pas constaté l’irruption des militaires. Cependant, l’enceinte du stade était envahi par la fumée de gaz lacrymogène et au même moment des jeunes tombaient, mais les crépitements de balles ne s’entendaient pas à cause du brouhaha, a décrit l’ancien militant de L’UFDG. Selon Ben Youssouf Keita, lorsque tout le monde se cherchait, un militaire en cagoule pas très grand a surgit devant Cellou Dalein en lui demandant de le suivre. Ce dernier s’en est pris au président de l’UFDG devant lui, a témoigné Dr Ben Youssouf. Pendant qu’il cherchait à sauver sa tête, l’ancien militant de l’UFDG a vu des militaires trimbaler Jean Marie Doré. Lui-même a été appréhendé avant d’être intimé de monter dans un camion militaire. Pour avoir refusé, il a été roué de coup à l’aide d’un bois. Il dit s’en être sorti avec une main fracturée et des blessures dans le dos.
Après avoir sauvé sa tête avec des blessures, Dr Ben Youssouf Keita s’est retrouvé dans une famille à Dixinn. C’est à partir de là, qu’il a été conduit à l’hôpital Donka par la croix rouge à la demande de l’épouse de Cellou Dalein Diallo. Dans cette structure sanitaire, il dit avoir trouvé des jeunes et des femmes étalés. Ce qui l’a choqué, a-t-il insisté à la barre, ce sont les agissements de l’ancien ministre de la santé.
Selon le médecin, le colonel Abdoulaye Chérif Diaby n’a pas compati à la douleur des victimes. Plutôt, il leur demandait pourquoi elles se sont rendues au stade avec un ton impératif. Et certains de ses gardes de corps donnaient des coups de pied à certaines victimes. A Donka, il dit avoir reçu quelques soins dans la précipitation. Par le soin de la croix rouge et toujours à la demande de Hadja Halimatou Dalein Diallo, il est conduit à la clinique Pasteur le 29 septembre 2009. Il y a trouvé des leaders des forces vives et son épouse blessés. Il témoigne avoir constaté le passage de Tibou Camara, à l’époque proche de la junte à la clinique pour remonter le moral.
Pour avoir participé à la manifestation des forces vives nationales le 28 septembre 2009, Dr Ben Youssouf Keita s’en est sorti avec une main fracturée et des blessures dans son dos. Mais en plus de sa personne, son épouse a été aussi victime. Dame Keita a été bastonnée, malmenée et dépouillée de tout qu’elle avait de bisous, a rapporté son mari. Dans ces conditions, a également indiqué Dr Ben Youssouf Keita, un civil s’est attaqué à sa femme avec un couteau pour tenter de l’égorger. « C’est en essayant de l’égorger qu’elle a pris la lame du couteau, sa main a été lacérée. Entre-temps, le ministre chargé des services spéciaux est venu et a demandé aux agents d’arrêter. Cependant il a continué son chemin. Elle s’est agrippée avec la main ensanglantée à la tenue du ministre et pire, son garde de corps a donné une paire de gifles extraordinaire à ma femme. Elle a perdu connaissance. S’il se souvient, le sang sur le côté droit de sa tenue, c’est le sang de mon épouse », a relaté Dr Ben Youssouf Keita. C’est après que la dame est sauvée par un vieux militaire en béret rouge. « Mon épouse a été tellement traumatisée, qu’aujourd’hui, même si c’est le colonel Mamadi Doumbouya qu’elle voit en béret rouge, elle va piquer une crise » a déclaré le médecin. Pour ce qui est du dédommagement, il indique qu’il n’en veut pas, sa femme non plus.
Ahmed Sékou Camara