Assurément, en matière d’exercice du droit de manifester, la Guinée tend à devenir un pays atypique sous les démocraties. Au lieu d’être l’extrême recours, la manifestation devient plutôt auparavant. Ignorant parfois que, lorsque son exercice précède les préalables, il obstrue toute piste de solution. Parce que, la manifestation est toujours perçue par les autorités établies, comme un rapport de force.
Erreur stratégique ou un choix passionné? Il y a quelques jours, la structure FNDC qui est par ailleurs, déjà dissoute par les autorités de la transition, à lancer un appel à manifester dans les prochains jours. La question que moults observateurs se posent, est de savoir si les lanceurs ont scrupuleusement évalué l’opportunité ? Sachant que, la réussite de toute manifestation dépend de la capacité de mobilisation massive.
Or, dans une conjoncture politique où certains meneurs politiques qui auraient pu mobiliser sont à l’étranger et, les autres acteurs à la maison centrale, même si l’espoir est permis, il est chiche.
Aussi, l’histoire récente des manifestations en Guinée, pourrait bien peser dans la balance. Car, nul n’ignore que les manifestations n’ont jamais apporté de solutions aux arduités quotidiennes des guinéens. A contrario, elles ont endeuillé des familles, fragilisé l’économie, empiré la pauvreté et fissuré le tissu social. La crainte donc, de la résurrection de ces vieux démons pourrait déconforter une bonne partie des partisans des manifestations. Le guinéen n’a-t-il pas l’habitude de dire, qu’il préfère la pauvreté dans la paix aux ennuis?
L’autre raison est que, dans la compréhension générale, une transition quitte toujours un point A pour un point B, et surtout que la période a déjà été définie (24 mois). Pourquoi manifester contre un pouvoir dont la durée est déjà connue? A quoi servirait de crier après un oiseau qui a pris son envol ?
Ce qui pourrait également alourdir les jambes des partisans, sont les atouts de la gouvernance actuelle. Au titre de ces atouts, il y a entre autres, la lutte contre l’impunité, la récupération des biens de l’Etat, la lutte contre la corruption, les réalisations infrastructurelles qui rencontrent l’adhésion de la majorité des guinéens. Même si pour le moment, les répercussions sur le panier de la ménagère se laissent à désirer.
Par ces actions concrètes, les autorités actuelles prouvent aux guinéens que, tout est possible avec la volonté politique. Que ceux d’entre les acteurs politiques qui ont été aux affaires et, qui appellent aujourd’hui à manifester les ont dupés. Pourquoi ne pas mettre à profit cette transition, pour au moins s’offrir le minimum qu’ils ont tant réclamé?
A-t-on nécessairement besoin de rappeler que, face à une autorité dont la côte de popularité est en hausse, il est difficile de réussir une quelconque manifestation sérieuse?
Il y a donc lieu, d’interroger ceux qui ont appelé à manifester, s’ils ont pris en compte tous ces coefficients, avant d’en décider ou, c’est un choix guidé par la passion. Parce que, tout fiasco dans ce rapport de force, ajouterait automatiquement, une étoile aux épaulettes des dépositaires du pouvoir de Conakry.
Bella KAMANO,