Quatre (4) ans après l’incident environnemental lié au cyanure, la Société des Mines de Mandiana (SMM), filiale du groupe marocain Managem et exploitante de la mine d’or de Tri-K, se retrouve à nouveau au cœur d’une controverse. Des riverains du fleuve Loïla affirment observer des signes inquiétants de pollution et dénoncent les risques pour leur santé et leurs moyens de subsistance.
Retour sur l’affaire de 2021
En juillet 2021, à peine un mois après le démarrage de l’usine de Tri-K, un débordement du bassin de recyclage avait provoqué une contamination du fleuve Loïla au cyanure. Des pêcheurs avaient alors signalé une mortalité massive de poissons, confirmée par des analyses officielles. La société avait reconnu un « léger débordement » dû à de fortes pluies et s’était engagée à renforcer son dispositif de prévention, tout en indemnisant les familles impactées.
Depuis début septembre 2025, plusieurs habitants des villages riverains de Loïla et de la sous-préfecture de Koundian alertent sur de nouvelles anomalies. Des bulles apparaissent à la surface de l’eau, des poissons morts sont retrouvés flottant, et certains éleveurs rapportent des cas suspects concernant leurs bœufs qui s’abreuvent directement dans le fleuve.
« Nous vivons dans la peur. Nos enfants, nos animaux, toute notre communauté dépend de cette eau », témoigne, sous couvert d’anonymat, un pêcheur de la zone. D’autres villageois affirment avoir transmis des images et vidéos montrant l’état du fleuve.
Au-delà des inquiétudes sanitaires, c’est la survie économique des familles qui est en jeu. La pêche artisanale, déjà fragilisée après 2021, est à nouveau menacée. « On ne peut plus vivre de la pêche. Chaque fois qu’on met les filets, on remonte des poissons morts ou malades », confie un autre témoin.
Les villageois pointent directement la responsabilité de la SMM, accusée de rejets toxiques non maîtrisés. Pour beaucoup, les engagements de 2021 n’ont pas suffi à éviter la répétition de tels incidents.
Notre rédaction a tenté d’entrer en contact avec la Société des Mines de Mandiana afin d’obtenir sa version des faits sur cette nouvelle alerte. Pour l’heure, aucune réponse officielle n’a été communiquée.
Dans son dernier rapport environnemental, Managem affirmait recycler plus de 70 % de ses eaux industrielles et surveiller régulièrement la qualité des eaux locales. Mais les populations, elles, affirment que le danger est toujours réel et que leurs vies restent exposées.
Une affaire loin d’être close
À Mandiana, l’affaire du cyanure de 2021 reste dans toutes les mémoires. Aujourd’hui, avec les signaux d’alerte relayés par les riverains, la question de la sécurité environnementale du site minier revient au premier plan. Les autorités locales et nationales sont interpellées pour vérifier ces nouveaux signalements et rassurer des communautés qui se disent « abandonnées face à un danger invisible mais permanent ».
Notre rédaction continue de recueillir des témoignages et promet de revenir avec de plus amples informations, y compris la réaction officielle de la société minière.
Djoumè Sacko pour www.lavoixdupeuple.info