Le Syndicat autonome de la magistrature (Sam) et le Syndicat libre de la magistrature (Sylima) du Mali ont entamé, mardi, une grève de 5 jours, reconductible, allant du 29 novembre au 5 décembre 2022, sur l’étendue du territoire national, a-t-on appris de ces syndicats.
Les deux syndicats de la magistrature ont en outre appelé au boycott de toutes les activités organisées par la Cour suprême y compris la rentrée judiciaire 2022-2023.
Joint au téléphone par l’Agence Anadolu, Bourama Kariba Konaté, secrétaire général du Sam a indiqué que les syndicalistes réclament « le retrait de la loi portant modification de la loi organique fixant l’organisation, les règles de fonctionnement de la Cour suprême et la procédure suivie devant elle, pour violation de la loi portant statut de la magistrature, atteinte à l’indépendance de la magistrature, violation du caractère impersonnel de la loi ».
« La loi portant statut de la magistrature dont la relecture est réclamée depuis sept (7) ans et le classement des juridictions réclamé sans succès depuis des années », expliquent-ils.
Selon lui, « sur le point considéré comme un préalable à l’analyse de deux autres, la partie gouvernementale a justifié la modification proposée par le déficit de ressources humaines à la Cour suprême et la nécessité de rendre l’article de la loi portant loi organique fixant l’organisation, les règles de fonctionnement de la Cour suprême et la procédure suivie devant elle ».
« Les syndicats ont fait observer que le maintien, dans l’illégalité absolue, d’une dizaine de personnes ne peut pas régler la problématique du déficit des ressources humaines à la Cour suprême ni à la magistrature de façon générale » a fait savoir à AA Bourama Kariba Konaté.
Et d’ajouter : « La solution se trouve dans le recrutement de magistrats. Que d’ailleurs le Mali compte à ce jour 513 magistrats dont plus 90 de grade exceptionnel et 178 magistrats du 1er grade susceptibles de servir à la Cour Suprême, aux terme de la loi fixant l’organisation, les règles de fonctionnement de la Cour Suprême et la procédure suivie devant qui prévoit également la possibilité d’utiliser des conseillers et avocats référendaires qui peuvent être recrutés parmi ceux du 2ème grade ».
La même source souligne que « la proposition des syndicats de régler la question d’abord dans la loi portant statut de la magistrature, qui définit la qualité même du magistrat a été rejetée d’un revers de main car à l’exception de la section des comptes, pour être membre de la Cour suprême, il faut être d’abord et avant tout magistrat ».
Sur le terrain, la grève des magistrats a suscité des réactions des citoyens.
Interrogés par l’Agence Anadolu à Bamako, ils dénoncent ce mouvement de grève des magistrats et craignent des conséquences « incalculables ».
Moussa Touré affirme « aujourd’hui me voilà je ne peux pas recouvrer une créance par voie de justice même si les greffiers sont là, il n’y a pas d’audience », a-t-il déploré.
De son côté Habib Sylla regrette que « de façon générale les justiciables souffrent, ils sont privés des actes judiciaires délivrés par la justice, le casier judiciaire et autres ».