Son parcours ? Il le construit entre le Maroc, la France et la Guinée. Après l’obtention d’une maîtrise en droit privé à l’université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, il exerce pendant plusieurs années à Conakry en qualité de conseil juridique et fiscal au sein du secteur minier et de celui de l’import-export. Il s’envole ensuite pour la France pour obtenir un master 2 en droit des affaires et de la fiscalité au sein de l’université Paris 8 et réalise son stage de fin d’études auprès du cabinet Eversheds. À son retour en Guinée, en 2017, Momoya Sylla fonde l’Institut de formation et d’expertise juridique (Ifej) à Conakry.
Très impliqué dans la diffusion et la vulgarisation du droit des affaires dans l’espace Ohada, Momoya Sylla est représentant en Guinée de l’Unida – l’association pour l’unification du droit en Afrique. Il préside également le club Ohada et a rejoint il y a près d’un an le Cercle du droit et de la conformité en Guinée. « Aujourd’hui, la conformité est une thématique essentielle au niveau des entreprises », nous apprend celui qui a écrit en 2015 un ouvrage intitulé Gouvernance des sociétés anonymes avec conseil d’administration en droit Ohada. En 2021, une loi portant sur la prévention, l’anti blanchiment et le financement du terrorisme a été publiée. Elle est venue préciser les contours de la prévention du blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme, notamment sur les outils de détection et sur la gestion des risques.« L’objectif du texte est la sensibilisation des professionnels, des institutions financières, des entreprises minières et des acteurs publics à la conformité. » Pour autant, Momoya Sylla constate en effet un « décalage entre les multinationales et leur niveau de conformité et les entreprises locales ». Les acteurs locaux ont plus de difficultés à s’approprier les textes de loi, en raison d’un manque d’informations et de vulgarisation juridique – mais également en raison de l’absence d’une autorité censée suivre l’application de ces textes. C’est d’ailleurs ce qui l’a poussé à fonder l’IFEJ.
Des formations de perfectionnement au droit ont été organisées un an après cette loi, destinées aux professionnels du droit (avocats, magistrats, notaires) afin de donner les outils nécessaires à son application. Momoya Sylla se voit comme un « entrepreneur social » à travers cet institut.
« L’objectif est la sensibilisation à la conformité des professionnels, des institutions financières, des entreprises minières et des acteurs publics »
Les activités de formation et d’information juridique proposées permettent aux participants d’être accompagnés sur le plan individuel, mais cela « sert aussi la société au global ». Il constate en effet qu’il existe un vrai besoin de formation et d’accompagnement des étudiants en droit en Guinée. Cette envie de pouvoir soutenir les autres se trouve aussi dans l’activité de « mentor » que propose Momoya Sylla sur My Job Glasses, une plateforme qui connecte les jeunes à un réseau de professionnels et d’entreprises.
Son défi ? Pouvoir rapprocher le monde professionnel et la formation académique ! Il recommande aux étudiants de ne pas attendre de finir leurs études pour se mettre en recherche d’un stage, mais plutôt d’être dans une démarche perpétuelle de recherche.
D’ailleurs, s’il avait un conseil à donner aux futurs professionnels, ce serait celui de s’engager au niveau associatif :« J’ai compris très tôt que l’association est un environnement très utile pour les jeunes car ça permet d’un côté de participer à des activités sociales et de s’ouvrir au monde, d’apprendre et de développer des capacités de management, et de l’autre, et c’est le plus important, c’est un espace idéal pour développer des réseaux pour l’avenir. »
Myriam Hammad pour www.decideurs-magazine.com/news