L’un des engagements majeurs du Général Mamadi DOUMBOUYA, à sa prise de pouvoir, est la lutte contre la corruption, l’enrichissement illicite et le détournement de deniers publics. Du 5 septembre 2021 à nos jours, plusieurs actes ont été posés dans ce sens, notamment le contrôle renforcé autour de la gestion des EPA (Etablissements Publics à caractère Administratif).
A cet effet, plusieurs hauts cadres se retrouvent dans le collimateur de la justice qui, au cas par cas, retient certains pour des faits avérés et libère d’autres pour leur innocence. C’est le cas de l’ancien Directeur Général de l’AGUIPE (Agence Guinéenne pour la Promotion de l’Emploi) et ses coaccusés du pool financier.
Ainsi, Mohamed Aribot (ex-DG), Mohamed N. Soumah (comptable), Joseph M. (comptable) et Lamine Traoré (contrôleur financier) étaient ‘‘inculpés et placés sous contrôle judiciaire… pour des faits de détournement de deniers publics, enrichissement illicite, corruption, faux et usage de faux…’’ par le tribunal de première instance de Kaloum.
Depuis le 5 avril dernier, la justice reconnait que par ces motifs, il est « attendu qu’il ne résulte pas d’information judiciaire, des charges suffisantes contre Mohamed Aribot, Mohamed Nongo Soumah, Lamine Traoré et Joseph Massapissi Ouendouno, d’avoir … détourné des deniers publics, s’être enrichis illicitement, fait du faux et usage du faux et fait des actes de corruption et de complicité … ». De ce fait, le juge précise qu’il y a lieu « de déclarer n’y avoir lieu à suivre les inculpés » pour ces chefs. D’où, l’abandon de toutes les charges.
Il faut rappeler que cette affaire était survenue, courant 2024, au moment où des réformes audacieuses avaient été entreprises par le sieur Aribot, alors DG de l’AGUIPE. Des réformes qui avaient suscitées des hostilités à son encontre. A sa nomination, en avril 2022, DG de l’AGUIPE, il avait été instruit à Mohamed Aribot deux priorités : la sécurisation des recettes et la digitalisation du Permis de travail.
Pour atteindre le premier objectif, Mohamed Aribot a non seulement, décidé de centraliser tous les paiements liés à l’acquisition du Permis de travail, mais aussi par virement ou par chèque sur le compte de l’AGUIPE au Trésor public, mettant fin aux paiements à cash. Voilà une décision mal perçue, bien que nécessaire pour la lutte contre la corruption et la moralisation dans la gestion des finances publiques. S’agissant du processus de digitalisation, une société allemande a été retenue, à travers sa filiale guinéenne TDSS, dont 50% des frais d’acquisition du Permis de travail sont versés à l’Etat, 40% à TDSS et 10% à l’AGUIPE. Aujourd’hui, TDSS assure la délivrance des permis de travail digitalisés sur tout le territoire national. Et, les frais d’acquisition du Permis de travail est passé de mille à trois milles dollars us par an.
En moins de deux ans de gestion de l’AGUIPE, 2022 et 2024, plus de 20 milliards GNF avaient été mobilisés, sous le magistère de Mohamed Aribot, à la tête de l’AGUIPE. Ce qui était de loin, l’ensemble des recettes mobilisées durant les quatre dernières années qui ont précédées sa nomination. En plus, le sieur Aribot a inscrit le personnel de l’AGUIPE à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, tout en validant une nouvelle grille salariale.
Il est important qu’autant les cadres indélicats doivent répondre de leur forfaiture, autant les cadres respectant l’éthique et la morale dans la gestion de la chose publique méritent une reconnaissance et un encouragement pour les efforts.
Bien que Mohamed Aribot ait perdu son poste le 14 janvier dernier, à la faveur du renouvellement du cabinet du Ministère en charge de l’Emploi et, au moment où il était encore sous contrôle judiciaire, l’on se demande si ses détracteurs, hostiles aux réformes courageuses qu’il a réussi à l’AGUIPE, n’ont pas eu raison de lui. Faut-il alors l’encourager pour que d’autres hauts cadres lui emboitent les pas, ou le laisser comme tel et décourager ceux qui tiennent à l’éthique et à la morale dans leur gestion de tous les jours ?
Let’s wait and see !
Cheick Ahmed Tidiane DIALLO