Il y a très longtemps que le sommet avait divorcé d’avec la fermeté qui le caractérisait. Du moins, c’est un avis largement partagé.
Et pourtant, entre-temps, il y en a eu des plus détestables dans la gestion. Cela dans de nombreux services.
Ça avait l’air de l’obsolescence programmée de l’engagement ou des engagements de départ. Celui notamment de ne pas faiblir, de ne pas hésiter, de ne pas trembler quand il s’agit de la Guinée.
C’est vrai que de l’eau a coulé sous les ponts. Des dénonciations calomnieuses empreintes de règlements de compte, ont certainement douché les ardeurs du Président qui semble agir désormais avec prudence. C’est ce qu’on apprend auprès de sources bien introduites, qui justifient cette attitude de l’homme du palais Mohamed V, par la centaine d’injonctions aux fins de poursuites faites par le Ministre Garde des sceaux et le Procureur Général près la Cour d’Appel de Conakry. Mais des injonctions qui n’ont jusqu’ici abouti à des résultats tangibles.
A juste raison, il fallait, alors, agir désormais avec le plus grand discernement, pour ne pas continuer à avilir la république et discréditer la très bonne et très courageuse initiative qui vise, pour rappel, à amenuiser considérablement la délinquance financière dans l’administration.
Sauf que des clans insidieusement engagés dans une guerre d’intérêt et de positionnement, ont profité de l’occasion, pour éteindre chez le Colonel-Président, cette détermination qu’on ne pouvait lui dénier.
Et voilà qu’il surprend à nouveau. C’est une nouvelle grosse tête qui tombe. A la suite de Yaya Sow, anciennement ministre des infrastructures et des transports, c’est un autre chef de département ministériel qui est sacrifié, afin de rappeler à l’esprit des Guinéens devenus sceptiques au gré des scandales, que la volonté du Colonel-Président, de lutter contre la corruption est constante.
Il s’agit de Dr Péthè Diallo, le désormais ancien ministre de la santé, qui doit, d’ailleurs, faire face à la justice pour des faits présumés de corruption, de concussion, et je ne sais quoi encore.
La mécanique est bien connue. Le ministre Charles Wright devait se garder de nous servir un tel spectacle dont on connaît toujours l’issue. Car ça peut amener une certaine opinion à s’interroger. Ça peut aussi amplifier le procès identitaire castrateur en horreur en faisant référence à un emblématique précédent.
Par ailleurs, ce qui est vrai, le désormais ancien ministre, est cité dans de nombreux dossiers qui sentent de la corruption. A tort ou à raison. La justice nous édifiera. On l’espère.
Il y a le cas des vaccins périmés contre la Covid 19. Il y a ses liens suspects avec la société ZMC, qu’il a réhabilitée dans des conditions assez floues. Il y a aussi les conditions de passation des marchés dans son département ainsi que le contrat de gestion de l’hôpital Donka avec une société qui n’existe sur aucun catalogue sérieux, dit-on. Sans compter les multiples arrêtés qu’il a signés et qui sont dénoncés par la Primature, d’un point de vue légal.
Autant d’impairs qui pourraient expliquer la colère exprimée dans l’acte de révocation, signé par son ancien patron à la Présidence. Mais qui ne justifie non plus qu’il soit le seul à payer pour des actes qui sont devenus, un mode de gestion pour quantité de responsables au sommet de l’Etat.
Des responsables qui ont non seulement l’apprentissage difficile, toujours improductifs, et qui ne se gênent pas non plus d’agir dans le seul but de se remplir les poches.
Malgré tout, on doit reconnaître que c’est une première de démettre un ministre soupçonné de corruption. Cela ne peut être un mérite louable quand la main qui a commencé à ne pas trembler, doit demeurer ainsi dans tous les cas enfouis et ceux déjà qui font raffut.
In Djoma