Jamais une révolution technologique n’aura fait autant d’effets dans nos mœurs et coutumes. Il ne manquait que ça pour matérialiser à n’en point douter, l’exhaustivité du » village planétaire « . De Zogota à Gogota. De Koubia à Colombia, il n’y a plus de frontière. L’avènement des réseaux sociaux a tué la distance, brisé les codes et ouvert les vannes à l’unité des contraires.
Les réseaux sociaux ont embrigadé l’espace public. Comme une traînée de poudre, ils ont fait une incursion profonde dans nos sociétés avec parfois, leurs effets dévastateurs. Les réseaux sociaux bouleversent nos habitudes, bousculent nos valeurs et transforment nos relations. Ils nous rapprochent de ce qui est loin et nous éloignent de ce qui est proche. Ils nous emportent dans leurs milieux de la sottise et de la bêtise.
Avec la subtilité de leurs géniteurs, les réseaux sociaux, nous entraînent dans le monde des inepties où exhibition et dépravation des mœurs rivalisent sous l’autel de la cupidité et la curiosité.
Combien de photos et de vidéos de nudité que nous regardons au quotidien sans le vouloir sur les réseaux sociaux ! Figurez-vous bien, qu’elles récoltent le plus grand nombre de vues. En voulant » rincer » nos yeux, nous offrons des espèces sonnantes et trébuchantes à quelqu’un niché quelque part dans le monde. Grâce à la monétisation, les petits malins des réseaux sociaux, ne manquent pas d’ingéniosité pour nous attirer dans leurs filets. C’est justement dans cette course effrénée au gain, que nos mœurs et coutumes prennent un sérieux coup.
Avec ce marché fleurissant où on n’a pas besoin de BAC +5 pour avoir un travail, l’on assiste à un grand bazar de nos valeurs. Aujourd’hui, il suffit d’avoir un téléphone Android avec une connexion internet et le tour est joué.
Que dire des concerts d’injures et d’insanités sur des personnalités publiques et honnêtes citoyens par des individus ? Où est passé le respect ?
Les réseaux sociaux, c’est aussi le monde de la vitesse et de la paresse. Il faut faire court. Dans cet univers de la surinformation, plus vos vidéos et textes sont courts, mieux, vous êtes suivis et compris. Comment voulez-vous que nos élèves poussent leurs réflexions, aiguisent leurs curiosités, font appel à leur intelligence, lorsqu’il est question de tout compresser ? Je me demande même, combien finiront ce draft que j’ai griffonné!
Les réseaux sociaux, c’est aussi le monde du présent-absent ou de l’autarcie.
A la maison, dans la rue, en taxi, dans les bus, parfois même, dans les réunions de travail, ils nous » volent » notre précieux temps et notre sociabilité. Pas de salutations, pas de causerie, tout se fait sur les réseaux sociaux.
Les yeux plongés dans le téléphone, déconnecté de notre environnement, nos éclats de rire à cause d’une vidéo drôle, notre concentration à savourer la rondeur de nos salutations de l’autre, alors qu’on a du mal à poser les yeux sur le voisin, illustrent parfaitement cette triste réalité.
Mais, que voulez-vous ! Aujourd’hui, pour être certain de toucher votre public cible et faire passer le message, il vous faut aller sur les réseaux sociaux. C’est là-bas il y a le monde.
Véritables opium du peuple, les réseaux sociaux ont révélé notre versatilité et notre fragilité face à la science. Bref, c’est le monde du réel et du virtuel.
Malgré tout, il est important de préciser que les réseaux sociaux ne sont pas là seulement pour nous abrutir. Comme une feuille vierge sur laquelle on peut imprimer le caractère qu’on veut, les réseaux sociaux peuvent nous être utiles pour atteindre nos adjectifs. Il suffit juste de savoir s’en servir.
Boubacar Koyla Diallo
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