Selon nos confrères du site Africaguinee, le Président de la Chambre de Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat de Guinée (CCIA-G) a été inculpé par la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (Crief), a appris Africaguinee.com. Elhadj Mamadou Baldé n’est pas le seul. M. Abdourahmane Kaba, Trésorier principal du Bureau Consulaire National de la même structure est également concerné.
Selon nos informations, ces deux hauts responsables de la Chambre de Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat de Guinée sont inculpés pour des faits présumés de « détournement de deniers publics, corruption d’agents publics, Abus de fonction, atteinte d’accès et à l’égalité des candidats dans les marchés publics, les concessions et délégation de service public ».
Cette inculpation suivie d’une ordonnance de placement sous contrôle judiciaire fait suite à une plainte formulée par un groupe d’élus consulaires qui ont émis des réserves sur la gestion financière de la Chambre de Commerce de l’Industrie et de l’Artisanat de Guinée (CCIA-G). Ces élus consulaires avaient adressé un mémorandum en début mai dernier à la ministre du Commerce de l’industrie et des PME. Bien que de nombreux griefs y étaient mentionnés, ce mémo n’aurait pas eu de réponses de la part des autorités de tutelle de la CCIA-G. C’est cette « inaction » qui a conduit à la saisine de la CRIEF, apprend-on d’une source proche du dossier.
Les montants incriminés dans cette affaire s’élèvent à plus de six (6) milliards de francs guinéens, apprend-on. En attendant d’y voir clair, les deux inculpés « Mamadou BALDE et Abdourahamane KABA », placés sous contrôle judiciaire sont astreints à se présenter deux (2) fois par semaine, devant la chambre d’instruction, mais aussi de déposer leurs titres de voyages (passeports). Ce n’est pas tout. D’autres restrictions leur sont également « imposées ». Ils ne doivent pas sortir des limites territoriales des villes de Conakry, Coyah et Dubréka sans autorisation préalable, lit-on sur l’ordonnance de placement sous contrôle judiciaire, en date du 11 juin 2024.
Que dit la plainte ?
La plainte déposée le 16 mai dernier auprès du parquet spécial de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) vise des faits présumés d’abus de confiance, détournement de deniers publics, corruption d’agents publics, abus de fonction et atteinte d’accès et à l’égalité des candidats dans les marchés publics, les concessions et délégation de services publics.
« Au cours de la gestion de 2023, pour un budget adopté en mai 2023, alors que l’exercice comptable va du 1er janvier au 31 décembre de l’année civile, de graves violations et disfonctionnement ont été observés (…). Il a été enregistré d’importantes sorties de fonds, sans pièces justificatives et sans respect des procédures prévues en la matière, voire des dépassements de lignes budgétaires », mentionne-t-on dans la plainte consultée par Africaguinee.com.
Selon le document, « l’examen du rapport de gestion 2023 présenté en 2024 par le Bureau Consulaire National expose d’importantes dépenses qui ne sont pas justifiées par des pièces présentées à l’Assemblée Générale, encore moins certifiée par les rapports du contrôleur de gestion de la CCIA-G ou de son Commissaire aux comptes ». A titre d’exemple, au titre des dépenses d’investissements, on relève :
L’acquisition d’un logiciel de comptabilité pour 74.889.280 GNF,
La rénovation du siège de la CCIA-G pour 1.196.845.722 GNF ;
Le câblage et installations informatiques pour 471.609.188 GNF ;
L’achat d’un onduleur 10 K VA pour 95.799.000 GNF
Les mobiliers de bureau pour 1.675.150.000 GNF,
L’achat de véhicules pour 4.062.685.538 GNF ;
« Toutes ces dépenses injustifiées et tous ces dépassements de crédits font la preuve d’un usage des crédits contraire à leur prédestination initiale ou réalisent tout simplement un détournement de deniers publics eu égard à la qualification précédente des ressources de la CCIA-G », pointe la plainte.
La même note indexe aussi des cas « corruption d’agents publics » présumés. En effet, il y est indiqué : « A la page 23 du rapport de gestion de l’exerce 2023, on lit dans les charges la mention ‘’Don (appui institutionnel) » pour un montant réalisé, donc exécuté, de 4.442.370.000 GNF (…). On note au titre des explications de la ligne budgétaire ce qui suit : cette rubrique est destinée à enregistrer les différentes assistances que la chambre fait au Ministère de tutelle : uniformes pour certaines manifestations nationales, les décès de certains élus etc.
A lumière de cette motivation, on se demande bien si c’est la CCIA-G qui a créé le Ministère de tutelle, en l’occurrence le Ministère du Commerce, de l’Industrie et des PME (…). C’est plutôt la CCIA-G qui devrait bénéficier de l’assistance financière de sa tutelle et non l’inverse », fait-on observer, alors que chaque année, dans le cadre de la loi de finances, le Ministère de tutelle est doté d’un budget pour couvrir ses activités.
« Les opérations du Ministère de tutelle que la CCIA-G prétend avoir financées, sont prises en compte dans ce budget. Par conséquent, le transfert en 2023 de la somme totale de 4.442.370.000 GNF par la CCIA-G au Ministère de Commerce, de l’Industrie et des PME ne représente ni plus ni moins qu’un acte de corruption des autorités de tutelle pour couvrir les irrégularités et autres dysfonctionnement constatés tout le long de la gestion 2023 », souligne la plainte.
Africaguinee.com a joint Elhadj Mamadou Baldé, le président de la Chambre de Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat par rapport à ces accusations. Au bout du fil, il a indiqué que ce dossier est « vide ».
Source : Africaguinee