Dans un décret lu à la télévision nationale guinéenne hier jeudi 11 Août 2022, le conseil communal de Gaoual a été dissout par le président de la transition, colonel Mamadi Doumbouya : « pour mauvaise gestion et détournements des ressources de la collectivité ». Dans le même décret le ministre en charge de l’Administration du territoire et de décentralisation, Mory Condé est chargé de mettre en place une délégation spéciale pour la gestion courante des affaires de ladite commune.
Après cette annonce, des citoyens de la préfecture de Gaoual sont entre joie et détresse face à cette situation qui a été dénoncée plusieurs fois dans ces derniers temps. Le lendemain de la publication du décret, nous avons tendu notre micro à Mamoudou Koulibaly, un jeune diplômé sans emploi et activiste de la société civile dans cette ville. Ce dernier s’est d’abord félicité de cette ‘’bonne nouvelle’’ avant de donner des chiffres qui seraient les preuves de détournement tout en décrivant la situation lamentable dans laquelle se trouve actuellement la route nationale Boké-Gaoual.
Il s’exprime : « Depuis longtemps nous les jeunes intellectuels de la localité de Gaoual avons commencé à dénoncer la mauvaise gestion des collectivités, pas seulement celle du centre mais toutes les collectivités de la préfecture de Gaoual. Nous avons également réclamé à plusieurs reprises la bonne gestion des recettes issues des tombolomas (la structure chargée de la collecte des recettes d’orpaillage) mais les autorités ont toujours fait la sourde oreille face à nos différentes requêtes » a-t-il regretté.
À l’en croire, si les autorités nous avaient écouté, on aurait combattu depuis longtemps la corruption dans cette préfecture et promouvoir un développement durable.
S’agissant de l’accusation du décret qui porte sur un détournement des ressources de la collectivité et de mauvaise gestion, Mamadou Koulibaly confirme et aille plus loin en accusant les administrateurs territoriaux de Gaoual. « Le 26 juillet 2021, Mr Daouda Keita le président des tombolomas et ses collègues ont porté une plainte contre Daouda Diallo le Maire de la commune et l’ont traduit devant le tribunal de paix de Gaoual pour détournement des fonds issus des ventes de tickets pour les orpailleurs. Deuxième cas, c’est le contrat de construction de la maison des jeunes de Gaoual qui a été attribué à l’entreprise « KAKÉ » financé par les ressources propres de la commune à hauteur de 905.000.000 GNF depuis lors les travaux n’ont pas démarré. Troisièmement, c’est le présumé détournement de 150 kg d’or qui était destinée à une utilité publique, on n’a rien eu à la suite » a-t-il cité.
Notre interlocuteur fait également un trait d’union entre les détournements des ressources des collectivités et le niveau de développement des infrastructures routières de Gaoual, un constat qu’il trouve désolant et à la fois révoltant. Selon lui, malgré ces multiples détournements, toutes les infrastructures routières restent et demeurent dans un état très piteux depuis leur existence. C’est le cas de la route nationale Boké-gaoual.
Il explique : « Malgré tous ces détournements, la route nationale Boké-gaoual d’une distance de 190 kilomètres n’a jamais connu de reprofilage depuis des années à plus forte raison de bitumage. Pourtant cette route nationale est d’une importance économique capitale, non seulement pour notre pays mais aussi pour les pays voisins à savoir la Guinée Bissau et le Sénégal » a-t-il dénoncé. Le jeune activiste ne s’est pas limité là, il a décrit le calvaire que traversent les usagers de cette route.
Sur cette route ajoute-t-il : « La boue et les trous sont partout, les accidents multiples qui entraînent des dégâts matériels et des pertes en vies humaines… C’est dans ces conditions très pénibles que nous menons notre vie, nous évacuons difficilement nos malades… » a-t-il dénoncé de nouveau.
Pour finir, il dit avoir : « un espoir pour cette fois que la commune urbaine de Gaoual aura une délégation spéciale composée de dignes fils et filles de la localité, qui seront capables de combattre la mauvaise gestion, les détournements de deniers publics, qui ne seront pas des corrompus ou des opportunistes. Il faut que cette fois ci que Gaoual ait une équipe de bons gestionnaires qui pourra mettre en place un mécanisme de gestion plus transparent pour rompre avec les pratiques du passé », a-t-il souhaité.
Ibrahima Saapy Diallo pour www.lavoixdupeuple.info
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