À Bordeaux en France, lors d’une session organisée à l’occasion du Forum mondial de l’économie sociale et solidaire, Malik Diop, co-président de GSF Afrique et président du Forum mondial de l’économie sociale et solidaire, a co-animé un panel qui a retenu l’attention. Il y a présenté l’Observatoire panafricain de l’économie sociale et solidaire, une initiative dédiée à la recherche, à la documentation et à la capitalisation des pratiques endogènes sur tout le continent. Un chantier stratégique, qui ouvre une nouvelle approche de la connaissance économique en Afrique, fondée non pas sur des modèles importés, mais sur des réalités africaines observées, mesurées, classifiées, comparées.
Selon Malik Diop, l’Observatoire va permettre de transformer des savoirs dispersés dans les communautés, dans les organisations locales, dans les coopératives, dans les associations d’ESS, en corpus de connaissances structurées et transmissibles, vers les universités et les écoles de formation. Il ne s’agit plus seulement d’exister dans l’action, mais d’exister dans la production scientifique. C’est le passage de la pratique au concept. De l’expérience à la donnée. De l’anecdote à la preuve. Ce chantier n’exclut aucun pays africain. Il intègre les instituts de recherche, les universités, les acteurs de terrain, les experts sectoriels, pour générer une production autonome de savoirs, capable d’éclairer la décision publique, nationale et continentale.
L’enjeu touche directement l’avenir des politiques publiques. Car produire sa propre donnée, c’est produire son propre référentiel. Or, dans le domaine de l’économie sociale, les modèles existent déjà en Afrique, souvent de manière intuitive, parfois millénaire, mais rarement documentée. L’Observatoire veut changer cette situation. Et le niveau d’intérêt du public l’a montré. Malgré une séance programmée tard, à 17H30, après une journée chargée d’interventions, la salle était pleine, et le débat s’est poursuivi au-delà du temps prévu.
Quand un continent décide d’archiver ses propres modèles et d’en faire des instruments de gouvernance, il franchit une nouvelle hauteur stratégique. Le reste appartient désormais à la capacité des institutions africaines à transformer cette dynamique en standard académique, puis en outil de décision publique.
Oumar M’Böh










