Après Kamsar, Kolaboui et Boké, le jeune leader, autrefois farouche opposant à l’ancien régime sous le règne du Pr Alpha Condé, pose ses valises à Sangarédi. Ce samedi 17 Février 2024, notre correspondant a saisi l’occasion de son séjour, pour l’interroger. Au cours de cet entretien exclusif, ils ont abordé plusieurs sujets notamment, politiques, économiques mais aussi sociaux.
Aliou Bah dit être écœuré de voir les populations de la région de Boké dans une situation difficile malgré l’exploitation de la Bauxite.
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www.lavoixdupeuple.info: Bonsoir monsieur le Président du parti Model. Vous êtes aujourd’hui à Sangarédi, peut-on connaître le but de cette visite ?
Aliou Bah, président du Model : Je suis à la tête d’une délégation du Model qui est en tournée dans la région pour rencontrer nos responsables et nos militants. C’est un programme d’implantation du parti. C’est aussi un programme d’échanges et de sensibilisation des populations à la base sur des sujets d’intérêt national. Telle que la situation économique de la région, parce que c’est une région qui représente beaucoup de choses pour la Guinée. On l’a fait à Boké, à Kamsar, aujourd’hui nous sommes à Sangaredi.
Monsieur le président, dites-nous, comment se porte aujourd’hui le parti Model ici à Sangaredi ?
Notre parti se porte très bien, parce que nous venons de rencontrer la fédération qui est ici et qui a eu à mobiliser nos militants. Normalement, on devrait être là plutôt, mais malgré les contraintes ça se passe très bien. Nous constatons que le Model est en train de grandir dans la région de Boké en général et à Sangaredi en particulier.
Vous venez à Sangarédi en cette période de transition, et vous êtes un leader politique qui analyse bien les sujets d’actualité de la Guinée, de l’Afrique et du monde. Quel regard portez-vous sur la situation sociopolitique actuelle de la Guinée ?
Les problèmes qui se posent, c’est par rapport à la transition. Ce n’est pas entre les acteurs politiques et sociaux. C’est plutôt la transition qui est en train de déraper. Non seulement il y a des restrictions injustifiées sur les libertés fondamentales, les activités de la presse. Aujourd’hui la plupart des médias sont éteints et des acteurs politiques sont contraints à l’exil, certains d’autres au silence. Les acteurs sociaux également, donc c’est la transition qui est en train de déraper et ça nous l’avions vu venir. En tant que parti, vous vous souvenez qu’on a fait régulièrement beaucoup de déclarations, donné beaucoup de conseils, mais malheureusement le CNRD s’en tête continue de conduire la Guinée vers une situation encore plus difficile.
Actuellement, quel est le rapport entre votre parti Model et les autorités de la transition ?
Il n’y a rien de spécial, ils gèrent la transition, nous sommes un parti politique. Le seul dénominateur commun est que nous sommes tous des guinéens.
Est-ce qu’on peut s’attendre un jour monsieur Aliou Bah président du Model ministre du gouvernement de la transition actuelle ?
Ça demande beaucoup de choses, le contexte actuel est complètement différent. Et Aliou Bah appartient au Model, s’il y a un sujet comme celui-ci, le Model en discutera. Mais pour le moment, je n’ai pas d’ambition personnelle allant dans ce sens-là.
Quel message avez-vous à l’endroit de la jeunesse de Sangaredi ?
J’encourage les uns et les autres à redoubler de vigilance et assez d’engagements parce que la situation dans la région est quand même triste. Avec l’exploitation minière, la destruction de l’environnement. Pour être honnête, j’ai vu beaucoup de choses qui m’ont choqué. Je pense que l’une des raisons de plus pour encourager les uns et les autres à s’intéresser à la gestion, à la gouvernance et également s’intéresser à la politique pour s’impliquer. Parce que si on se met à l’écart, on se contente de subir et la jeunesse guinéenne en général et celle de Sangarédi a toujours subi. Aujourd’hui Sangaredi manque de tout. Il n’y a pas d’adduction de l’eau potable, il n’y a pas d’électricité, il n’y a pas de routes. Pour preuve, la route qu’on a emprunté on sent qu’elle n’est même pas entretenue ça fait des années, il n’y a pas de maintenance pour cette route. Moi je suis écœuré de voir tous ces sites, même des sites abandonnés qui ne sont pas reboisés, pas de plans de reboisement, la chaleur aujourd’hui à Sangaredi, 44° à l’ombre, c’est comme dans un pays sahélien. Même le désert aujourd’hui est en train de se refroidir, c’est incompréhensible, sans compter les risques sanitaires. L’exploitation de ces mines de façon anarchique, la destruction de l’environnement, les cours d’eau ont disparu, la végétation disparaît, les animaux également. Donc, tout ceci nous expose à des risques de maladies. Il n’y a pas d’infrastructures de santé, ce qui veut dire que les gens soit ils acceptent cela et survivent, soit ils quittent la région et ça crée de l’exode rural. C’est inacceptable, il faut que ça change, c’est pourquoi nous nous battons. Nous ne restons pas seulement dans nos bureaux à Conakry. Nous venons, vers les gens, nous rencontrerons et nous échangerons, c’est ce que nous venons de faire. Connaître les réalités de ces populations là nous permet de savoir quelles sont les stratégies à utiliser pour les changer.
Merci monsieur le président du parti Model d’avoir répondu à nos questions
Propos recueillis par Ibrahima Saapy Diallo depuis Sangarédi, pour www.lavoixdupeuple.info