La Guinée, comme de nombreux pays en développement, fait face à une tragédie quotidienne sur ses routes. Chaque jour, des vies sont fauchées dans des accidents de la route, et ces drames ne cessent d’endeuiller des familles, de déstabiliser des communautés, et d’entacher la réputation de notre système de transport. Pourtant, ce fléau n’est pas une fatalité. Nous pouvons le prévenir, à condition d’agir avec sérieux, de revoir nos priorités et de nous inspirer des exemples de pays qui ont réussi à réduire drastiquement leurs taux d’accidents.
– L’urgence d’une politique de sécurité routière renforcée
Le constat est alarmant : selon les données disponibles, la Guinée enregistre un nombre important d’accidents de la route, souvent causés par l’excès de vitesse, le non-respect du code de la route, la conduite en état d’ivresse, l’insuffisance de contrôle technique des véhicules et un manque d’infrastructure routière beaucoup plus adaptée. Si ces faits sont bien connus, ils demeurent trop longtemps ignorés, voire minimisés par les conducteurs et les responsables. Pourtant, il est primordial de comprendre que la sécurité routière est une priorité nationale, non seulement pour sauver des vies, mais aussi pour garantir la stabilité économique du pays.
Les autorités publiques doivent prendre des mesures fermes et systématiques, en engageant une réforme profonde du système de transport. Il ne s’agit pas seulement d’une question de répression, mais également de prévention, de sensibilisation et d’accompagnement.
– Le renforcement des normes et codes de la route
Le respect du code de la route doit être au cœur de cette réforme. En Guinée, bien que nous disposions d’un code de la route, sa mise en application laisse à désirer. Nombre de conducteurs ignorent les règles de base et la culture de l’impunité est trop présente. Il est donc nécessaire de :
• Renforcer les sanctions : Les contraventions doivent être sévèrement appliquées, et des peines plus lourdes doivent être prévues pour les récidivistes, notamment ceux qui conduisent en état d’ivresse ou sous l’emprise de stupéfiants. Les amendes doivent être élevées et les permis de conduire suspendus de manière systématique en cas de non-respect grave du code.
• Sensibiliser massivement : Le peuple guinéen doit être éduqué sur les risques liés aux comportements imprudents. Une campagne de sensibilisation nationale de haut niveau est essentielle. Les écoles, les entreprises et les communautés doivent être des acteurs-clés dans cette dynamique.
• Les candidats à l’élection présidentielle du 28 décembre peuvent mettre un accent particulier sur cette tragédie routière en intégrant cette sensibilisation dans leurs communications de campagne
• Instaurer des contrôles réguliers : Les forces de l’ordre doivent réaliser des contrôles de vitesse, des tests d’alcoolémie et des vérifications techniques régulières pour garantir que les véhicules en circulation sont sûrs.
• Améliorer la signalisation : Nos routes manquent cruellement de panneaux de signalisation clairs et visibles comme on dit en auto-école en « Guinée les routes ne parlent pas ». Il est impératif de mettre en place une signalisation adéquate, de bonne qualité et conforme aux normes internationales.
• introduire des cours d’apprentissage du code de la route dans les écoles secondaires et les universités du pays.
• Faire des centre de formations dans les gare routières tout en identifiant des professionnels pour une large sensibilisation
• On propose des lois strictes pour le respect du code de la route.
– L’exemple des pays qui ont réussi à réduire les accidents
Il existe plusieurs pays qui ont réussi à réduire significativement leurs accidents de la route grâce à une série de mesures politiques et sociales. Prenons l’exemple de la Suède, qui a instauré une politique de sécurité routière ambitieuse à travers la Vision Zéro, un objectif de zéro mort sur les routes. Ce programme repose sur une approche systémique qui inclut :
• Des infrastructures adaptées : Routes avec des zones de sécurité, des passages piétons bien délimités, des installations pour les cyclistes.
• Des contrôles stricts et une surveillance constante des comportements au volant.
• Des campagnes de sensibilisation à destination de toutes les catégories de la population.
Un autre exemple frappant est celui du Royaume-Uni, qui a mis en place des formations régulières pour les conducteurs, un contrôle strict des normes de sécurité pour les véhicules et une coopération étroite entre les autorités locales et nationales.
Dans le régime socialiste de Cuba, les autorités ont combiné des politiques de transport public efficace, un contrôle strict des permis de conduire et des contrôles rigoureux des véhicules. Résultat : le pays affiche l’un des plus bas taux d’accidents de la route au monde.
– Une gouvernance à plusieurs niveaux
La lutte contre les accidents de la route ne relève pas seulement de la responsabilité du ministère des Transports ou de la Gendarmerie, elle doit impliquer une approche multisectorielle :
• Les autorités locales : Elles doivent jouer un rôle de proximité dans la sensibilisation des citoyens et l’organisation de contrôles.
• Les associations et ONG : Elles peuvent contribuer en apportant une expertise technique et en organisant des ateliers de formation.
• Les entreprises : Les entreprises de transport, par exemple, doivent être responsabilisées quant à la sécurité de leurs chauffeurs et la maintenance de leurs véhicules.
• Les citoyens : Chaque Guinéen doit prendre conscience de sa responsabilité sur la route. Chacun d’entre nous doit adopter un comportement plus respectueux des règles et de la vie d’autrui.
– Les défis spécifiques à la Guinée
Bien que des progrès soient possibles, plusieurs défis spécifiques doivent être surmontés :
• Les infrastructures routières : Beaucoup de nos routes sont mal entretenues et dangereuses. Une partie du réseau routier est défectueuse, ce qui augmente le risque d’accidents. Il est essentiel de mettre en place un plan d’entretien régulier des routes et d’augmenter les investissements dans de nouvelles infrastructures.
• L’informalité du secteur du transport : Une part importante des conducteurs en Guinée n’ont pas de formation appropriée et les contrôles techniques sont insuffisants. Une réforme en profondeur du secteur est indispensable pour garantir la compétence des conducteurs et la sécurité des véhicules.
• Les mentalités : La culture de l’impunité et de la vitesse est enracinée dans de nombreux milieux. Il faudra travailler sur une évolution des mentalités, notamment en incitant au respect de la vie humaine et des lois.
Une action politique nationale urgente
Face à ce constat, il est urgent que la Guinée mette en place une politique de sécurité routière ambitieuse, cohérente et appliquée de manière systématique. L’État doit prendre ses responsabilités, mais il est aussi indispensable que la société civile, les syndicats, les associations, les autorités religieuses, les autorités administratives, les médias, s’engagent pleinement dans cette cause. Chaque vie compte, et il est temps que la Guinée devienne un exemple de sécurité routière en Afrique de l’Ouest.
Cela ne sera possible que si nous unissons nos forces, révisons les normes, et nous inspirons des bonnes pratiques internationales pour inverser cette tragédie qui coûte chaque jour des vies humaines. Une route plus sûre est l’affaire de tous. Ensemble, nous pouvons faire en sorte que les routes de la Guinée ne soient plus des cimetières, mais des voies de prospérité pour le pays.
Apportez votre grain de sel en donnant votre avis cela sauvera des vies et aidera aux autorités concernées de prendre de mesures urgentes pour endiguer à ce fléau qui gangrène douloureusement notre société guinéenne.
Alpha Oumar Baldé
Analyste Politique









